« Les bassins à cupule/L'environnement des bassins » : différence entre les versions
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==== Les sites de bord de mer ====
À la concentration des sites dans une même cité, correspond une répartition des sites selon deux critères principaux non pas administratifs, mais géographiques
Le premier sous-groupe des sites proches de la mer comprend les sites de [[Site de Puits Jouan|Château-d'Oléron]], de [[Site des Minimes|La Rochelle]], et de [[Site du Veillon|Talmont-Saint-Hilaire]]. Les deux derniers sont à moins de 5 hectomètres d'une côte rocheuse, qui n'a pas du beaucoup varier depuis leur implantation, il y a un peu plus de deux mille ans. Les bassins de Puits Jouan, à [[Site de Puits Jouan|Château-d'Oléron]], sont à 200 mètres à peine de la citadelle. La côte est sableuse, voire marécageuse, et a pu varier, comme pour les sites du deuxième sous-groupe. La forteresse et la ville sont cependant sur un éperon rocheux, qui a du constituer un point d'accrochage pour les sables emmenés par les courants littoraux. Il est fort probable que la côte d'Oléron a avancé à cet endroit, plus que reculé.
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Ces sites sont cependant toujours situés dans la vallée du fleuve et dans celles de ses affluents. Si des sites se sont implantés près de ces cours d'eau peu importants, il faut plutôt y voir un effet de la recommandation de Varron, qui conseille de s'établir «" à proximité d'une eau qui coule sans tarir "». La précaution s'impose presque d'elle-même, et Varron reprend certainement une pratique établie. La vallée facilite aussi les communications avec le cours de la Charente. Les sites concernés sont ceux de [[Site de Grands-Champs|Saint-Fraigne]] (vallée de l'[http://fr.wikipedia/wiki/Aune (rivière) Aune]) et de [[Site de Chez-Michaud|Suaux-Brassac]] (sur un coteau dominant la [http://fr.wikipedia/wiki/Bonnieure Bonnieure]).
Les sites du Haut-Poitou sont eux, tous à proximité d'une voie navigable
La tentative de rapprochement d'une rivière navigable est aussi constatable pour le site de [[Site de Nougerède|Salles-Lavalette]], dans la vallée de la Lizonne ou Nizonne.
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==== L'implantation des sites incertains ====
Les sites à bassins aux caractéristiques proches des bassins à cupule se répartissent de manière analogue. Seize sites sont en Charente Maritime ou en Charente, si l'on compte trois sites à Fouras. Étant décrits succinctement comme semblables par un seul auteur, il n'a pas été utile d'établir plusieurs fiches. Quatre seulement sont établis dans les trois départements du Nord. La civitas Pictonum regroupe à peu près la même proportion (20
Ces sites incertains sont également nombreux dans les vallées de la Charente et de ses affluents. En amont, les sites de Mons et des Gours sont proches de l'Aume et de la Couture, près du groupe de sites surs de [[Site de la Touche|Ligné]] et de [[Site de Grands-Champs|Saint-Fraigne]]. Les sites de Fouqueure, Vars, Balzac et Nersac se trouvent eux dans la vallée de la Charente. Ils comblent en quelque sorte l'intervalle entre le groupe de sites amont (dont le plus aval est celui de [[Site de la Touche|Ligné]]) et ceux de la Basse-Charente. Plus en aval, les sites incertains de Cierzac, près de [[Site de Beaulieu|Germignac]], et de Coulonges, près du confluent du Bramert avec la Charente, sont eux aussi très proches de la Charente. Enfin, les trois sites de Fouras sont établis sur la rive droite de l'estuaire du fleuve.
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L'évolution de la capacité totale des bassins entre 20 avant J.-C. et 100 après J.-C. suit celle du nombre de bassins actifs, et augmente très rapidement. La petite pause que l'on observe au milieu du premier siècle est due au rapprochement des dates de référence (de vingt ans en vingt ans), les installations de nouveaux bassins n'étant pas toujours datables avec une telle précision. C'est à cette époque que l'on doit être le plus prudent dans la lecture du graphique, puisque une grande part de cet accroissement est due à un site à datation incertaine, [[Site de Beaulieu|Germignac]]. Il ne remet cependant pas en cause la tendance générale, puisqu'il ne figure dans le graphique qu'à deux dates de référence, 60 et 80. Il faut aussi tenir compte des sites dont nous ne connaissons pas le volume des bassins ; leur nombre passe de un à deux à cette époque. Le nouveau site est celui de Saint-Martial, dont le bassin, qui n'est peut-être pas unique, est l'un des plus grands : 12 m2. Il est donc sur, malgré ces quelques incertitudes quant aux proportions exactes, que les capacités totales des bassins ont très fortement augmenté entre 50 et 100, et de façon moins sensible entre 100 et 140. Ce petit accroissement correspond à la montée en puissance du site de [[Site de Grand-Fief Chagnaud|Port-des-Barques]], et se fait malgré la diminution du nombre de sites actifs pris en compte. La première moitié du II<sup>e</sup> siècle est donc réellement l'apogée de l'activité des bassins à cupule.
La période qui suit est très particulière. Alors que le nombre de sites actifs reste très stable, après une première baisse limitée, la capacité des bassins chute en continu jusqu'au début du III<sup>e</sup> siècle, en diminuant de 40 % dans un premier temps ente 140 et 200, puis de 50 % entre 200 et 260. Pour que leur activité perdure, les sites actifs ont du réduire drastiquement la capacité des bassins. Les propriétaires se sont ainsi adaptés à un changement durable de la conjoncture, sur lequel nous ne pouvons que lancer des conjectures. Une région constituant un débouché particulier s'est-elle fermé progressivement
Toujours est-il que cette adaptation a du réussir, puisque, malgré la disparition de deux sites à volume connu, le nombre de sites actifs redevient stable après 260 et la capacité totale ne baisse que légèrement dans la deuxième moitié du III<sup>e</sup> siècle. Son évolution est ensuite parallèle à celle du nombre de sites actifs, avec deux diminutions importantes vers 300 et vers 400, et dont l'apparente brutalité est due à la difficulté déjà évoquée de la datation des cessations d'activité des sites.
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==== L’implantation des bassins dans les sites ====
La connaissance que nous pouvons avoir de celle-ci commence par un vide, puisqu'aucune installation particulière n’a été relevée autour des bassins les plus anciens, puisqu’elles avaient disparu à [[Site de la Cigogne|Écurat 2]], les sols ayant disparu
D’autre part, le site d’[[Site de la Cigogne|Écurat 2]], comme celui de [[Site des Moûtiers|Rochefort]], présentent une caractéristique commune à la plupart des sites, leur situation à la campagne. Les bassins situés dans une ville ou un vicus sont rares
Les deux bassins d’Écurat et d’[[Site du gué de Sciaux|Antigny]] sont aussi disposés selon les deux variantes qui seront utilisées tout au long de la période, à l’intérieur d’un bâtiment ou à découvert. Le bassin de [[Site de Chez-Michaud|Suaux-Brassac]] est ainsi construit dans une cour. Le fait est aussi possible pour une partie des bassins de Soubise
Parmi tout ces sites, bien peu ont été fouillés entièrement, et nous ne connaissons la pars urbana et la pars rustica que sur deux d’entre eux, les Minimes à [[Site des Minimes|La Rochelle]], et les deux sites de Soubise. Les deux derniers font l’objet de deux fiches séparées car, bien qu’ils ne constituent qu’une seule villa, la localisation de la production a évoluée, et pris seulement du point de vue des bassins à cupule, ils constituent deux sites différents. Du I<sup>er</sup> au III<sup>e</sup> siècle, elle reste dans un bâtiment construit à cet usage, [[Site du Péré Maillard|Soubise 1]] (500 m2 environ), avant de passer dans une aile réservée de la pars urbana à [[Site du Renfermis|Soubise 2]] (l’aile concernée ayant une surface de 280 m2). Cette aile devient alors la pars rustica de la villa. L’ancien bâtiment artisanal est alors abandonné, le matériel postérieur au III<sup>e</sup> siècle est très rare sur cet partie du site. Les auteurs utilisant deux noms différents pour ces deux bâtiments, il est préférable de les suivre.
Sur d’autres sites, seul un bâtiment artisanal plus ou moins vaste a été retrouvé. C’est le même schéma pars urbana dans des bâtiments distincts de la pars rustica que l’on retrouve
====L’environnement direct des bassins====
Tous les espaces reconnus proches des bassins sont clairement aménagés en vue de la manipulation d’une production liquide, et de son acheminement vers les bassins. Malheureusement, ils n’ont que rarement fait l’objet de fouilles et de descriptions, et nous ne disposons que d’un nombre restreint de sites pour établir des comparaisons. L’un des systèmes qui nous est parvenu est celui de l’aire bétonnée et drainée, du type du secteur 15 de [[Site de la Haute-Sarrazine|Cognac]]. Elle a une superficie de 70 à 75 m2 environ, et alimente B5 (volume maximal
Le deuxième mode d’alimentation, qui n’est en fait qu’une variante plus simple du système précédent, est l’aire bétonnée étanche et lisse en contact direct ou presque direct avec le bassin. On pourrait douter dans certains cas de son utilisation dans le but de produire une substance plus ou moins liquide si, à [[Site du Renfermis|Soubise 2]], la plus ancienne de ces aires n’était pas dotée de caractères spéciaux. L’enduit étanche qui recouvrait le sol remontait en effet le long des murs sur une hauteur de 10 cm, et d’une telle qualité que les aires A1, B1 et C1 ont d’abord été prises pour des bassins en élévation. De plus, des conduits étaient aménagés de l’une de ces aires (A1) vers les bassins contemporains A2 et A3, traversant le mur de séparation établi entre elle et le bassin. Ils étaient constitués d’''imbrices'' face concave vers le haut et enduites de la même façon que le sol de ces aires. Les ''imbrices'' n’ont pas été retrouvées entre les autres aires du site et les autres bassins, mais leurs emplacements étaient toujours présents dans les murs.
Des aires étanches ont de façon probable été retrouvées à [[Site du petit moulin de Gadehors|Baignes-Sainte-Radegonde]]
La dernière variante dans l’alimentation des bassins par ces aires est la construction d’un canal émissaire ou répartiteur. Dans le premier cas, on pouvait installer l’aire à distance du bassin, mais aussi, comme cela est le cas à [[Site de la Haute-Sarrazine|Cognac]], n’en utiliser qu’une pour tous les bassins du site. Le système, coûteux à l’installation, permettait néanmoins d’économiser l’entretien de deux aires. L’aire 7 de [[Site de la Haute-Sarrazine|Cognac]] porte la trace d’au moins une reprise du béton, alors que le secteur 15 n’en porte aucune. Ce canal de [[Site de la Haute-Sarrazine|Cognac]] avait une profondeur de 40 cm, et s’achevait par une ''fistulæ'' de 5,5 cm de diamètre intérieur qui traversait un mur.Ce canal a été dédoublé à hauteur du bassin B1, qu’il a pu alimenter, sans qu’on en retrouve le débouché. Son utilité paraît limitée par le double emploi qu’il ferait alors avec les ''fistulæ'' du mur m1. L’[[Site du Haut de Pampin|Houmeau]] présentait lui aussi un canal, mais plus simplement disposé, puisque le canal allait directement de l’aire au bassin, sans traverser de murs, sans virages ni ''fistula''. La couche supérieure de ce qui est interprété comme une aire étanche n’est qu’un cailloutis mêlé de mortier, mais il est posé sur un hérisson stabilisateur aussi puissant que ceux des salles S3 et S13 de [[Site des Minimes|La Rochelle]]. Il est probable que la couche d’usure qui a été renouvelée ailleurs n’a pas subsisté jusqu'à nos jours ici. Même si, là aussi, aucun débouché du canal n’a été retrouvé, ni dans les bassins C3, ni dans C4, il est probable qu’il avait la même destination que ceux de [[Site de la Haute-Sarrazine|Cognac]] et de [[Site de Grand-Fief Chagnaud|Port-des-Barques]], entièrement retrouvé entre l’aire XVII et le bassin G.
Le canal peut être émissaire d’une aire vers un bassin, mais aussi répartiteur entre deux bassins. Il est situé alors horizontalement entre deux bassins, et en contrebas de l’aire étanche, inclinée vers le canal. Il permet le remplissage des deux bassins à la fois. Cet agencement n’est expressément décrit qu’à [[Site de la Moussigère|Puyréaux]], mais il était probablement présent à [[Site de Beaulieu|Germignac]]. À [[Site de la Moussigère|Puyréaux]], le canal, de section carrée, mesure 5,3 m de long
==== Systèmes particuliers ====
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Une autre découverte est aussi rare, celle des pierres évidées et percées de trous. Elles n’ont été découvertes que sur deux sites, dont un qui n’avait pas de cupule dans son bassin. À [[Site de Grand-Fief Chagnaud|Port-des-Barques]], les trois pierres étaient chacune dans un bassin différent, sans autre mobilier proche donnant une indication sur leur usage. Il était probable pour le fouilleur que les petites ouvertures étaient destinées à accueillir des tuyaux, de bois, ce qui expliquerait leur disparition, ou de plomb, qui aurait été remployés. Les pierres de Saint-Félix, décrites moins précisément, étaient reliées par des tuyaux de plomb. Il s’agit probablement du même système. Leur utilisation reste inconnue. Les deux séries de trous sont dans le même axe, donc les pierres ne pouvaient pas servir de coude pour une conduite. Aucun système analogue n’est connu. Des tuyauteries de moins de un cm de diamètre intérieur ne sont pas d’un usage très répandu, surtout pour une installation artisanale. Ceux de [[Site de la Haute-Sarrazine|Cognac]] ont un diamètre intérieur de 5,5 cm. Les Romains fabriquaient leurs tuyaux de plomb en tordant une feuille de plomb autour d’un objet cylindrique, puis en aplatissant l’une sur l’autre les deux extrémités. Les petits tuyaux exigeaient un travail plus précis, donc plus difficile. Le coût de ces pierres à tuyaux devait être élevé, comme celui de la construction des bassins en général.
Enfin, le site de [[Site de la Croche|Civaux]] présente une salle de travail dont la disposition n'est présente qu'une fois. Voici une brève description
==== L’histoire des sites ====
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Le cas le plus étonnant est celui de l’[[Site du Haut de Pampin|Houmeau]]. Le bassin C4, neuf ou presque, a subi d’importantes modifications. Le fait qu’on se rende compte que ce bassin, qui a remplacé les bassins C1 et C2, ne convenait plus à peine construit, pose à lui seul un problème. Les enduits des bassins les plus anciens avaient déjà été repris de nombreuses fois, et bien que leur étanchéité ne semble pas avoir été remise en cause, ils ont été remplacés. Vue la charge d’entretien, les propriétaires devaient y penser depuis longtemps. La construction d’un bassin, qui ne devait pas se décider au hasard, aurait du être dans ce cas-là, sinon encore plus mûrement, du moins plus longuement réfléchie. Ce délai n’a apparemment pas suffi, puisque le bassin C4 a été modifié aussitôt. En résumé, le plus probable est qu’il a été allongé vers le Nord de 2,5 mètres et son mur Nord a été abattu pour permettre cet agrandissement. Puis le nouveau bassin a été réduit par la construction d’un mur au milieu de l’ancien C4, réduisant l’allongement à 1,65 mètre. Le fond de la nouvelle partie étant plus haut, on a aussi surélevé le plus ancien. L’autre moitié de C4 a été abandonnée et comblée. Une autre interprétation des vestiges est que le bassin C4 a d’abord été réduit de moitié, avant d’être agrandi. Le bassin intermédiaire, avec des dimensions L = 1,70 mètre, l = 0,85 mètre et P = 1,35 mètre aurait été difficilement utilisable, en raison de son étroitesse et de sa profondeur. La première version est plus vraisemblable, bien que difficilement compréhensible. Les constructeurs ont du chercher à s’adapter au mieux à leurs approvisionnements en matières premières ou à leurs possibilités d’écoulement de la marchandise. Si l’une de ces deux données a subitement variée, ou si elle a été mal appréciée dans un premier temps, elle peut expliquer ces travaux. Dans le deuxième cas, une incurie expliquerait l’autre, mais l’explication semble un peu trop facile, et surtout trop peu étayée.
Car le cas n’est pas unique, bien qu’exceptionnel. Ainsi, on peut s’interroger sur quelques unes des huit campagnes de construction de [[Site de Grand-Fief Chagnaud|Port-des-Barques]]. Ainsi, pourquoi abandonne-t-on le bassin E lorsque les bassins C et G sont construits
Pour les autres sites, les abandons et les nouvelles constructions peuvent mieux s’expliquer par l’ascension et le déclin des sites, ou par des réorganisations de la production. Les bassins uniques des sites de [[Site de Mourière|Saint-Nazaire]] et d’[[Site des Grandes Pièces|Ingrandes]] ont ainsi subi des travaux beaucoup moins importants, puisqu’un simple mur a été ajouté au milieu du bassin. À Ingrandes, en plus de trois siècles d’occupation, c’est la seule modification. Les deux moitiés du bassin continuent d’ailleurs d’être utilisées, comme une batterie de bassins, et sont dotées des mêmes aménagements. L’utilisation conjointe des deux moitiés du bassin du premier site est moins sure, surtout en considérant l’épaisseur du mur de séparation. Celui-ci était capable de résister à la poussée d’un demi bassin plein. Une moitié a du servir seule, l’autre étant en réserve, puisqu’elle n’a pas été comblée.
Enfin, des travaux moins importants sont relevés assez souvent. Outre le renouvellement des enduits (signalé à l’[[Site du Haut de Pampin|Houmeau]] et à [[Site des Minimes|La
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* [[Les bassins à cupule dans le Centre-Ouest de la Gaule romaine, du Ier siècle avant J.-C. au Ve siècle après J.-C.|Accueil]]
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** L'établissement des parois
** Les aménagements hydrauliques et de récupération
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**L'emplacement géographique des sites à bassins
**L'évolution des sites
**L’organisation de la production
**L’histoire des sites
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**Premières hypothèses
**Un cas exceptionnel : les bassins des Trains d'Écurat
**Les interprétations viticoles
**Des bassins à ''salsamenta'' ?
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