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d’enlever {{Mlle}} de La Cochonnière au nez de monsieur son frère aîné.
d’enlever {{Mlle}} de La Cochonnière au nez de monsieur son frère aîné.


{{Mlle}} de La Cochonnière, élevée dans la crainte de Dieu et des hommes, ne se fit pas prier deux fois. Le chevalier était bien fait et avait des yeux vifs. C’était dans la saison des amoureux. Elle se jeta dans les bras du ravisseur, et sauta avec lui les fossés du château. Mais M. de La Cochonnière veillait : « Où allez-vous, mademoiselle ? — Je ne sais pas, dit-elle en pleurant, toute cachée dans sa coiffe. — Vous ne savez pas! Sachez, mademoiselle, qu’un La Cochonnière ne dit jamais : Je ne sais pas. — Papa, monsieur le chevalier m’avait dit que nous irions en pèlerinage à Sainte-Cunégonde. — A minuit, mademoiselle! Et vous, monsieur, n’avez-vous pas de honte de suborner l’innocence! — Non, monsieur le baron. Mon frère, sous prétexte qu’il est venu au monde un an avant moi, m’a pris ma fortune... — Et vous lui prenez sa femme ! Holà ! mes gens, qu’on arrête ce malfaiteur et qu’on l’emprisonne dans la grande tour.— Mais, papa de La Cochonnière, dit la fille, si ma destinée est d’être à M. le chevalier de Boursoufle... — Mademoiselle, il n’y a qu’un Boursoufle, c’est celui qui a eu l’esprit de venir au monde le premier. »
{{Mlle}} de La Cochonnière, élevée dans la crainte de Dieu et des hommes, ne se fit pas prier deux fois. Le chevalier était bien fait et avait des yeux vifs. C’était dans la saison des amoureux. Elle se jeta dans les bras du ravisseur, et sauta avec lui les fossés du château. Mais M. de La Cochonnière veillait : « Où allez-vous, mademoiselle ? — Je ne sais pas, dit-elle en pleurant, toute cachée dans sa coiffe. — Vous ne savez pas! Sachez, mademoiselle, qu’un La Cochonnière ne dit jamais : Je ne sais pas. — Papa, monsieur le chevalier m’avait dit que nous irions en pèlerinage à Sainte-Cunégonde. — A minuit, mademoiselle! Et vous, monsieur, n’avez-vous pas de honte de suborner l’innocence! — Non, monsieur le baron. Mon frère, sous prétexte qu’il est venu au monde un an avant moi, m’a pris ma fortune... — Et vous lui prenez sa femme ! Holà ! mes gens, qu’on arrête ce malfaiteur et qu’on l’emprisonne dans la grande tour.— Mais, papa de La Cochonnière, dit la fille, si ma destinée est d’être à M. le chevalier de Boursoufle... — Mademoiselle, il n’y a qu’un Boursoufle, c’est celui qui a eu l’esprit de venir au monde le premier. »