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ce qu’il dit de la phonétique et de la flexion tient en quelques pages (79-83 et 114-117). Et dans l’''Avant-propos'' de la traduction française, M. G. Paris le loue d’avoir agi ainsi : « Le glossaire, si précieux pour l’histoire du sens, ne peut dans la plupart des cas inspirer pour la partie phonétique qu’une médiocre confiance, rédigé comme il l’est par un Allemand latiniste, c’est-à-dire dans les plus mauvaises conditions possibles<ref>P. x.</ref>. » Je dois dire que je ne saurais me rallier à cette opinion, exprimée il y a vingt-cinq ans du reste par le maître français. Que le glossaire contienne une masse de mots purement latins : ''homo'', ''caput'', ''index'', ''medius'', ''auricularis'', etc., etc. (voyez Diez, p. x), que d’autres soient parfois affublés à tort et à travers de désinences latines, comme ''timporibus'' (Diez, p. 74), c’est là un fait qu’on ne saurait nier et qui est, si je ne me trompe, admis de tous. Notre auteur, en tant qu’auteur du {{s|viii|e}}, avait reçu une éducation exclusivement latine et la langue parlée était pour lui une corruption, une ''dénaturation'', si je puis dire, du latin. Cette langue vulgaire, triviale presque, il eût été contraire à toutes les règles de l’écrire telle quelle, comme elle était prononcée. Une idée aussi révolutionnaire ne pouvait germer dans la cervelle d’un homme du {{s|viii|e}}. Qu’on veuille bien tenir compte aussi de ses habitudes acquises dans l’École. On observe un phénomène semblable chez les patoisants, qui, absolument étrangers à la linguistique et ayant reçu toute leur instruction par le canal de la langue française, affublent leurs productions dialectales de défroques françaises. Au surplus, ce qui prouve surabondamment cette thèse, c’est que le glossographe, dans les rares cas où l’étymologie lui échappe, écrit parfaitement le mot roman : ''innuolu'', ''talauun'' l. ''taluun'' (le lat. disait <small>TALUS</small>), ''ordigas'', ''figido'' (<small>FICATUM</small>), ''ferrat'', ''auciun'', ''pulcins'', ''bisle'' (<small>PENSILE</small>), ''esilos'', ''mediran'' (*<small>MATERAMEN</small>), ''pis'' (*<small>PICUS</small>), ''devrus'' (<small>TUBRUCOS</small>), ''manneiras'' (<small>MANUARIAS</small>), ''fomeras'' (<small>VOMERIAS</small>), etc.
ce qu’il dit de la phonétique et de la flexion tient en quelques pages (79-83 et 114-117). Et dans l’''Avant-propos'' de la traduction française, M. G. Paris le loue d’avoir agi ainsi : « Le glossaire, si précieux pour l’histoire du sens, ne peut dans la plupart des cas inspirer pour la partie phonétique qu’une médiocre confiance, rédigé comme il l’est par un Allemand latiniste, c’est-à-dire dans les plus mauvaises conditions possibles<ref>P. x.</ref>. » Je dois dire que je ne saurais me rallier à cette opinion, exprimée il y a vingt-cinq ans du reste par le maître français. Que le glossaire contienne une masse de mots purement latins : ''homo'', ''caput'', ''index'', ''medius'', ''auricularis'', etc., etc. (voyez Diez, p. x), que d’autres soient parfois affublés à tort et à travers de désinences latines, comme ''timporibus'' (Diez, p. 74), c’est là un fait qu’on ne saurait nier et qui est, si je ne me trompe, admis de tous. Notre auteur, en tant qu’auteur du {{s|viii|e}}, avait reçu une éducation exclusivement latine et la langue parlée était pour lui une corruption, une ''dénaturation'', si je puis dire, du latin. Cette langue vulgaire, triviale presque, il eût été contraire à toutes les règles de l’écrire telle quelle, comme elle était prononcée. Une idée aussi révolutionnaire ne pouvait germer dans la cervelle d’un homme du {{s|viii|e}}. Qu’on veuille bien tenir compte aussi de ses habitudes acquises dans l’École. On observe un phénomène semblable chez les patoisants, qui, absolument étrangers à la linguistique et ayant reçu toute leur instruction par le canal de la langue française, affublent leurs productions dialectales de défroques françaises. Au surplus, ce qui prouve surabondamment cette thèse, c’est que le glossographe, dans les rares cas où l’étymologie lui échappe, écrit parfaitement le mot roman : ''innuolu'', ''talauun'' l. ''taluun'' (le lat. disait <small>TALUS</small>), ''ordigas'', ''figido'' (<small>FICATUM</small>), ''ferrat'', ''auciun'', ''pulcins'', ''bisle'' (<small>PENSILE</small>), ''esilos'', ''mediran'' (*<small>MATERAMEN</small>), ''pis'' (*<small>PICUS</small>), ''devrus'' (<small>TUBRUCOS</small>), ''manneiras'' (<small>MANUARIAS</small>), ''fomeras'' (<small>VOMERIAS</small>), etc.


J’entends laisser de côté la question de date, mais je ne saurais admettre l’opinion de M. G. Paris et je dis que, étant donnés les progrès considérables qu’a faits depuis trente ans la linguistique romane, étant connue cette tendance de l’auteur à une latinisation excessive du texte, il n’est point impossible que l’on apporte des corrections et des améliorations nombreuses au travail de Diez et qu’à l’aide des mots en nombre respectable écrits en roman, on parvienne à tracer, d’une façon assez exacte, le tableau des principaux caractères phonétiques de la langue des Gloses, ce qui permettra alors de donner du texte une
J’entends laisser de côté la question de date, mais je ne saurais admettre l’opinion de M. G. Paris et je dis que, étant donnés les progrès considérables qu’a faits depuis trente ans la linguistique romane, étant connue cette tendance de l’auteur à une latinisation excessive du texte, il n’est point impossible que l’on apporte des corrections et des améliorations nombreuses au travail de Diez et qu’à l’aide des mots en nombre respectable écrits en roman, on parvienne à tracer, d’une façon assez exacte, le tableau des principaux caractères phonétiques de la langue des Gloses, ce qui permettra alors de donner du texte une