« Page:Sainte-Beuve - Portraits contemporains, t1, 1869.djvu/490 » : différence entre les versions

(Aucune différence)

Version du 13 octobre 2015 à 20:00

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GEORGE SAND.

— Valentine. 1832.—

Ce n’est pas sans quelque sentiment de crainte, et même, l’avouerai-je, sans quelque prévention défavorable, que j’ai ouvert Valentine. Ce roman nous arrivait si vite après le premier ; deux mois à peine d’intervalle ! Il semblait que le succès de son aîné l’eût fait pousser et se produire à la hâte, comme un enfant précoce qui devance l’âge d’être homme, séduit et perdu qu’il est par l’exemple de son grand frère. Les critiques un peu retardataires, comme nous sommes, avaient tout juste achevé d’introduire l’un, que c’était déjà le tour de l’autre. Hélas ! encore un talent, me disais-je, que la rapacité des libraires et du public, que cette impatience d’une époque où rien ne mûrit, où tout se dévore, va mettre au pillage sans doute, et dont les semences précieuses iront chaque matin au vent ; car de nos jours, dans les Lettres autant qu’ailleurs, il semble que tout soit devenu le prix de la vitesse et de l’empressement. Chaque auteur, si jeune, si plein d’avenir qu’il soit, du moment qu’il a levé la tête et que son nom a été prononcé dans la cohue, est