« Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 130.djvu/486 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
Phe: split
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
journaux nous cherchent querelle au sujet de l’arrangement modeste et normal que nous venons enfin, après sept ou huit ans de négociations, de terminer avec la Chine ! On nous permettra de dire que cela passe la plaisanterie. Lord Salisbury a autre chose à faire qu’à suivre les suggestions de la presse anglaise au sujet de nos rapports avec la Chine. Qu’il commence par ordonner l’évacuation de Muong-Sing : nous causerons ensuite plus librement de tout ce qui pourra l’intéresser.
{{tiret|jour|naux}} nous cherchent querelle au sujet de l’arrangement modeste et
normal que nous venons enfin, après sept ou huit ans de négociations,
de terminer avec la Chine ! On nous permettra de dire que cela passe
la plaisanterie. Lord Salisbury a autre chose à faire qu’à suivre les
suggestions de la presse anglaise au sujet de nos rapports avec la
Chine. Qu’il commence par ordonner l’évacuation de Muong-Sing : nous
causerons ensuite plus librement de tout ce qui pourra l’intéresser.


On a beaucoup parlé, depuis quelques jours, de troubles qui se
On a beaucoup parlé, depuis quelques jours, de troubles qui se sont produits en Macédoine. Le caractère de ces incidens n’est pas encore très bien connu ; toutefois, l’importance semble en avoir été exagérée. Des bandes sont parties de Bulgarie et sont entrées en Macédoine, où elles ont causé quelques désordres ; mais elles sont peu nombreuses, et, si elles ne sont pas soutenues du dehors, elles ne tarderont pas à se dissiper. Or, elles ne paraissent pas devoir être soutenues. Aucune des grandes puissances dont les conflits ont trop souvent agité la péninsule des Balkans n’est en ce moment disposée à y fomenter une agitation nouvelle ; du moins, elles s’en défendent toutes, et avec un grand air de sincérité. M. Crispi a bien assuré la Bulgarie de sa protection toute fraternelle, mais il est un peu loin, et il s’est trouvé depuis lors très occupé chez lui, pour son propre compte. L’Autriche est sage et tranquille ; la Russie ne l’est pas moins. On ne voit donc pas d’où pourrait venir le danger ; car, s’il s’agit d’un mouvement spontané, il est facile d’avance d’en mesurer l’évolution et d’en prévoir le terme prochain. Quelques personnes ont cru apercevoir dans ces troubles la main de l’Angleterre. On a dit que l’Angleterre, après avoir essayé de tirer parti des affaires d’Arménie, suscitait des embarras à la Porte sur un autre point afin de l’amener à capituler sur le premier. Ce seraient là des calculs d’un machiavélisme assez rudimentaire : rien n’autorise à les attribuer au gouvernement britannique. S’il y a eu essai d’intimidation sur la Porte, il vient plutôt de la Bulgarie, qui ne rencontre plus, dit-on, à Constantinople les mêmes facilités qu’autrefois pour la nomination et l’investiture d’évêques bulgares en Macédoine, c’est-à-dire pour l’assimilation religieuse du pays. Réduits à ces proportions, les troubles récens perdent de leur gravité : il est probable que dans quelques jours on n’en parlera plus.
sont produits en Macédoine. Le caractère de ces incidens n’est pas
encore très bien connu ; toutefois, l’importance semble en avoir été
exagérée. Des bandes sont parties de Bulgarie et sont entrées en Macédoine,
où elles ont causé quelques désordres ; mais elles sont peu
nombreuses, et, si elles ne sont pas soutenues du dehors, elles ne
tarderont pas à se dissiper. Or, elles ne paraissent pas devoir être
soutenues. Aucune des grandes puissances dont les conflits ont trop
souvent agité la péninsule des Balkans n’est en ce moment disposée
à y fomenter une agitation nouvelle ; du moins, elles s’en défendent
toutes, et avec un grand air de sincérité. M. Crispi a bien assuré la
Bulgarie de sa protection toute fraternelle, mais il est un peu loin,
et il s’est trouvé depuis lors très occupé chez lui, pour son propre
compte. L’Autriche est sage et tranquille ; la Russie ne l’est pas
moins. On ne voit donc pas d’où pourrait venir le danger ; car, s’il
s’agit d’un mouvement spontané, il est facile d’avance d’en mesurer
l’évolution et d’en prévoir le terme prochain. Quelques personnes ont
cru apercevoir dans ces troubles la main de l’Angleterre. On a dit que
l’Angleterre, après avoir essayé de tirer parti des affaires d’Arménie,
suscitait des embarras à la Porte sur un autre point afin de l’amener à
capituler sur le premier. Ce seraient là des calculs d’un machiavélisme
assez rudimentaire : rien n’autorise à les attribuer au gouvernement
britannique. S’il y a eu essai d’intimidation sur la Porte, il vient plutôt
de la Bulgarie, qui ne rencontre plus, dit-on, à Constantinople les
mêmes facilités qu’autrefois pour la nomination et l’investiture
d’évêques bulgares en Macédoine, c’est-à-dire pour l’assimilation religieuse
du pays. Réduits à ces proportions, les troubles récens perdent
de leur gravité : il est probable que dans quelques jours on n’en
parlera plus.


{{DFRANCIS CHARMES.


''Le directeur-gérant'',
FRANCIS CHARMES.


''Le directeur-gérant'', F. BRUNETIERE.
F. BRUNETIERE.|3}}