« Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 130.djvu/475 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
Phe: split
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{c|Chronique de la quinzaine – 13 juillet|fs=140%}}
{{c|Chronique de la quinzaine –|fs=140%}}




{{—}}



Au moment où paraît cette chronique, le Parlement est sans doute en vacances, bien que nous ne puissions pas l’affirmer d’une manière tout à fait certaine au moment où nous l’écrivons. Mais rien n’est plus probable. Pendant ses dernières séances, la Chambre a manifesté un désir presque violent d’expédier à tout prix la besogne courante, et de se répandre à travers nos cantons. ''O rus, quando te aspiciam'' ! La température y est certainement pour quelque chose : elle est torride aux deux extrémités du pont de la Concorde. De plus, les élections aux conseils généraux ont lieu le dimanche 28 juillet, et sur vingt députés une douzaine font partie des assemblées départementales. On sait que celles-ci sont renouvelables par moitié tous les trois ans, de sorte qu’un quart, ou peu s’en faut, de nos députés se trouve aujourd’hui sur la sellette électorale. Il y a donc un double motif pour mettre fin à la session. Le 14 juillet avait été assigné d’avance, dans tous les esprits, comme la date extrême des travaux parlementaires. La session, ouverte constitutionnellement le second mardi de janvier, est close. Que de choses bonnes et utiles on aurait pu faire depuis sept mois si le temps avait été bien employé ! Qu’a-t-on fait ? Rien, ou presque rien. Les socialistes ne manqueront pas de tirer parti de cette stérilité pour accuser le régime parlementaire lui-même : ils se chargent, au préalable, d’en empêcher, d’en obstruer le fonctionnement par les interpellations continuelles qu’ils jettent au milieu des discussions les plus graves, et que la Chambre a la faiblesse de se laisser imposer. On dit que son règlement l’y oblige, et quelques personnes s’imaginent qu’il suffirait de modifier le règlement pour supprimer l’abus. C’est une tendance naturelle aux assemblées et aux gouvernemens qui manquent de caractère de croire que le règlement, ou la Constitution, sont coupables de leur impuissance. Ils aiment mieux réformer en dehors d’eux que se réformer eux-mêmes, ce qui serait pourtant la seule réforme efficace. On ne nous ôtera pas de l’esprit que si la Chambre aidée par le gouvernement, et le gouvernement soutenu par la Chambre, avaient eu une égale volonté d’entamer une œuvre sérieuse et de la conduire à son terme, sans se laisser distraire par les exercices
{{D|13 juillet|3}}

Au moment où paraît cette chronique, le Parlement est sans doute
en vacances, bien que nous ne puissions pas l’affirmer d’une manière
tout à fait certaine au moment où nous l’écrivons. Mais rien n’est plus
probable. Pendant ses dernières séances, la Chambre a manifesté un
désir presque violent d’expédier à tout prix la besogne courante, et de
se répandre à travers nos cantons. ''O rus, quando te aspiciam'' ! La température
y est certainement pour quelque chose : elle est torride aux
deux extrémités du pont de la Concorde. De plus, les élections aux
conseils généraux ont lieu le dimanche 28 juillet, et sur vingt députés
une douzaine font partie des assemblées départementales. On sait
que celles-ci sont renouvelables par moitié tous les trois ans, de sorte
qu’un quart, ou peu s’en faut, de nos députés se trouve aujourd’hui sur la
sellette électorale. Il y a donc un double motif pour mettre fin à la session.
Le 14 juillet avait été assigné d’avance, dans tous les esprits, comme
la date extrême des travaux parlementaires. La session, ouverte constitutionnellement
le second mardi de janvier, est close. Que de choses bonnes
et utiles on aurait pu faire depuis sept mois si le temps avait
été bien employé ! Qu’a-t-on fait ? Rien, ou presque rien. Les socialistes
ne manqueront pas de tirer parti de cette stérilité pour accuser
le régime parlementaire lui-même : ils se chargent, au préalable, d’en
empêcher, d’en obstruer le fonctionnement par les interpellations
continuelles qu’ils jettent au milieu des discussions les plus graves,
et que la Chambre a la faiblesse de se laisser imposer. On dit que son
règlement l’y oblige, et quelques personnes s’imaginent qu’il suffirait
de modifier le règlement pour supprimer l’abus. C’est une tendance
naturelle aux assemblées et aux gouvernemens qui manquent
de caractère de croire que le règlement, ou la Constitution, sont coupables
de leur impuissance. Ils aiment mieux réformer en dehors
d’eux que se réformer eux-mêmes, ce qui serait pourtant la seule
réforme efficace. On ne nous ôtera pas de l’esprit que si la Chambre
aidée par le gouvernement, et le gouvernement soutenu par la Chambre,
avaient eu une égale volonté d’entamer une œuvre sérieuse et
de la conduire à son terme, sans se laisser distraire par les exercices