« Marie Tudor (Victor Hugo) » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Pu,udfs (discussion | contributions)
Pu,udfs (discussion | contributions)
Ligne 2 999 :
La Reine.
Pas encore !
(Elle le regarde fixement d’ und’un air terrible.)
 
Maître Éneas, à part.
Ligne 3 008 :
 
Simon Renard.
Il faut que votre majesté prenne un parti sur-le-champ, madame. Le peuple veut la mort de cet homme. Londres est en feu.
La tour est investie. L’émeute est formidable. Les nobles de ban ont été taillés en pièces au pont de Londres. Les pensionnaires
de votre majesté tiennent encore ; mais votre majesté n’en a pas moins été traquée de rue en rue, depuis la maison de
ville jusqu’à la tour. Les partisans de Madame Élisabeth sont mêlés au peuple. On sent qu’ils sont là, à la malignité de l’émeute.
Tout cela est sombre. Qu’ordonne votre majesté ?
majesté ?
 
Cris Du Peuple.
Ligne 3 023 ⟶ 3 025 :
 
La Reine.
Pardieu, mylords, vous tremblez tous autour de moi, il me semble. Sur mon ameâme, faut-il que ce soit une femme qui vous enseigne votre
métier de gentilshommes ! à cheval, mylords, à cheval. Est-ce que la canaille vous intimide ? Est-ce que les épées ont peur des bâtons ?
 
Simon Renard.
Ne laissez pas les choses aller plus loin. Cédez, madame, pendant qu’il en est temps encore. Vous pouvez encore dire la canaille,
dans une heure vous seriez obligée de dire le peuple.
 
(Les cris redoublent, le bruit se rapproche.)
Ligne 3 034 ⟶ 3 038 :
 
Simon Renard, allant à la galerie et revenant.
Dans un quart d’ heured’heure, madame. Voici que la première enceinte de la tour est forcée. Encore un pas, le peuple est ici.
 
Le Peuple.
Ligne 3 040 ⟶ 3 044 :
 
La Reine.
Qu’on a bien raison de dire que c’est une horrible chose que le peuple ! Fabiano !
chose que le peuple ! Fabiano !
 
Simon Renard.
Ligne 3 053 ⟶ 3 056 :
 
La Reine.
Ah ciel ! Eh bien oui ! Je le dis tout haut, tant pis ! Fabiano est innocent ! Fabiano n’ an’a pas commis le crime pour lequel il
est condamné. C’est moi, et celui-ci, et le ciseleur Gilbert, qui avons tout fait, tout inventé, tout supposé. Pure comédie !
Osez me démentir, monsieur le bailli ! Maintenant, messieurs, le défendrez-vous ? Il est innocent, vous dis-je. Sur ma tête,
sur ma couronne, sur mon dieu, sur l’ame de ma mère, il est innocent du crime ! Cela est aussi vrai qu’il est vrai que vous êtes
crime ! Cela est aussi vrai qu’il est vrai que vous êtes là, lord Clinton ! Défendez-le. Exterminez ceux-ci, comme vous avez exterminé Tom Wyat, mon brave Clinton, mon vieil ami, mon bon
Robert ! Je vous jure qu’ il est faux que Fabiano ait voulu assassiner la reine.
 
Lord Clinton.
Ligne 3 068 ⟶ 3 075 :
 
La Reine.
Quand je pense que c’est un Simon Renard, une créature du cardinal de Granvelle, qui ose me parler ainsi !
Eh bien, ouvrez cette porte ! Ouvrez ce cachot ! Fabiano est là ; je veux le voir, je veux lui parler.
 
Simon Renard, bas.
Ligne 3 105 ⟶ 3 113 :
 
La Reine.
Oh ! être abandonnée de tous ! Avoir tout dit sans rien obtenir ! Qu’est-ce que c’est donc que ces gentilshommes-là ?
Ce peuple est infâme. Je voudrais le broyer sous mes pieds. Il y a donc des cas où une reine ce n’est qu’une femme !
Vous me le paierez tous bien cher, messieurs !
 
Simon Renard.
Ligne 3 132 ⟶ 3 142 :
 
Simon Renard.
Manans ! La reine vous fait savoir ceci : aujourd’ huiaujourd’hui, cette nuit même, une heure après le couvre-feu,
Fabiano Fabiani, comte de Clanbrassil, couvert d’un voile noir de la tête aux pieds, baillonné d’ und’un baillon de fer,
une torche de cire jaune du poids de trois livres à la main, sera mené aux flambeaux de la tour de Londres par Charing-Cross,
au vieux-marché de la cité, pour y être publiquement marri et décapité, en réparation de ses crimes de haute trahison au
premier chef et d’attentat régicide sur la personne impériale de sa majesté.
 
(Un immense battement de mains éclate au-dehors.)
Ligne 3 140 ⟶ 3 154 :
 
Simon Renard, continuant.
Et pour que personne dans cette ville de Londres n’en ignore, voici ce que la reine ordonne : - pendant tout ce trajet que
fera le condamné de la tour de Londres au vieux-marché, la grosse cloche de la tour tintera. Au moment de l’exécution, trois coups
de canon seront tirés. Le premier, quand il montera sur l’échafaud ; le second, quand il se couchera sur le drap noir ; le troisième, quand sa tête tombera.
 
(Applaudissements.)
(Applaudissemens.)
 
Le Peuple.
Ligne 3 149 ⟶ 3 165 :
Simon Renard.
Cette nuit, la tour et la cité de Londres seront illuminées de flammes et flambeaux, en signe de joie. J’ai dit.
(Applaudissements.)
(Applaudissemens.)
Dieu garde la vieille charte d’ Angleterred’Angleterre !
 
Les Deux Hérauts.
Ligne 3 165 ⟶ 3 181 :
La Reine.
Ni par la reine Marie. - laissez-moi, monsieur !
(Elle congédie du geste tous les assistansassistants.(
 
Simon Renard, bas à maître Éneas.