« Marie Tudor (Victor Hugo) » : différence entre les versions
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Une chambre de l’ appartement de la reine.
La Reine, splendidement vêtue, couchée sur un lit de repos ; Fabiano Fabiani, assis sur un pliant à côté ; magnifique costume, la jarretière.
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Ton beau corps se révèle
Sans voile et sans atours… -
Dormez toujours !
Quand tu me dis : je t’aime !
ô ma beauté, je
Je crois que le ciel même
S’ouvre au-dessus de moi !
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Dormir, aimer !
(Il pose la guitare à terre.
Oh ! Je vous aime plus que je ne peux dire, madame ! Mais ce Simon Renard ! Ce Simon Renard, plus puissant que vous-même ici ! Je le hais.
La Reine
Vous savez bien que je n’y puis rien, mylord. Il est ici le légat du prince
Fabiani
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La Reine
Mais
entrer la reine. Fabiani
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Fabiani
Il y a sur votre tête quelque chose qui dit que vous êtes la reine, mais cela est encore bien mieux écrit sur votre front que sur votre couronne. La Reine
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La Reine
Tu m’aimes, n’est-ce pas ? Tu n’aimes que moi ? Redis-le-moi encore comme cela, avec ces yeux-là.
Hélas ! Nous autres pauvres femmes, nous ne savons jamais au juste ce qui se passe dans le coeur d’un homme ; nous sommes obligées d’en croire vos yeux, et les plus beaux, Fabiano, sont quelquefois les plus menteurs. Mais dans les tiens, mylord, il y a tant de loyauté, tant de candeur, tant de bonne foi, qu’ils ne peuvent mentir ceux-là, n’est-ce pas ?
Oui, ton regard est naïf et sincère, mon beau page. Oh ! Prendre des yeux célestes pour tromper, ce serait infernal. Ou tes yeux sont les yeux d’un ange, ou ils sont ceux d’un démon.
Fabiani
La Reine
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La Reine
Écoute, Fabiano, je t’aime aussi, moi. Tu
Enfin, on se lasse d’une reine comme d’une autre. Ne m’interromps pas. Si jamais tu deviens amoureux d’une autre femme, je veux que tu me le dises. Je te pardonnerai peut-être si tu me le dis. Ne m’interromps donc pas. Tu ne sais pas à quel point je t’aime, je ne le sais pas moi-même ! Il y a des mais il y a aussi des d’une méchante femme. Fabiani
Je ne puis être heureux
La Reine
Bien sûr ? Regarde-moi. Bien sûr ? Oh ! Je suis jalouse par instants ! Je me figure, quelle est la femme qui n’a pas de ces idées-là ?
Je me figure quelquefois que tu me trompes. Je voudrais être invisible, et pouvoir te suivre, et toujours savoir ce que tu fais, ce que tu dis, où tu es. Il y a dans les contes Je m’imagine sans cesse que tu vas voir les belles jeunes femmes qu’il y a dans la ville. Oh ! Il ne faudrait pas me tromper, vois-tu !
Fabiani
Mais ôtez-vous donc ces idées-là de l’esprit, madame ! Moi vous tromper, madame, ma reine, ma bonne maîtresse ! Mais il faudrait que
je fusse le plus ingrat et le plus misérable des hommes pour cela ! Mais je ne vous ai donné aucune raison de croire que je fusse le plus ingrat et le plus misérable des hommes ! Mais je t’aime, Marie ! Mais je t’adore ! Mais je ne pourrais seulement pas regarder une autre femme ! Je t’aime, te dis-je ! Mais est-ce que tu ne vois pas cela dans mes yeux ? Oh ! Mon dieu ! Il y a un accent de vérité qui devrait persuader, pourtant. Voyons, regarde-moi bien, est-ce que j’ai l’air d’un homme qui te trahit ? Quand un homme trahit une femme, Marie ? Le moment de ma vie où je t’aime peut-être le plus ! C’est vrai, il me semble que je ne t’ai jamais tant aimée
Je ne parle pas ici à la reine. Pardieu, je me moque bien de la reine. Qu’est-ce qu’elle peut me faire la reine ? Elle peut me faire couper la tête, qu’est-ce que cela ? Toi, Marie, tu peux me briser le cœur ! Ce n’est pas votre majesté que j’aime, c’est toi. C’est ta belle main blanche et douce que je baise et que j’adore, et non votre sceptre, madame ! La Reine
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Ce que vous appelez une heure, vous, je l’appelle un siècle, moi !
(Il sort. Sitôt
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