« Marie Tudor (Victor Hugo) » : différence entre les versions
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Gilbert, un homme enveloppé
(L’homme tient Gilbert par la main.)
Gilbert
Oui, je te reconnais, tu es le mendiant juif qui rôde depuis quelques jours autour de cette maison. Mais que me veux-tu ? Pourquoi
m’as-tu pris la main et m’as-tu ramené ici ? L’homme
C’est que ce que j’ai à vous dire, je ne puis vous le dire qu’ici.
Gilbert
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L’homme
Écoutez, jeune homme.
de papisme et de toute la nuit dans les rues. Cette nuit-là, un tout jeune ouvrier, beaucoup plus occupé de sa besogne que de la guerre, travaillait dans son échoppe. La première échoppe à l’entrée du pont de Londres. Une porte basse à droite. Il y a des restes d’ancienne peinture sur le mur. Il pouvait être deux heures du matin. On se battait par-là. Les balles traversaient la Tamise en sifflant. Tout à coup, on frappa à la pas entra. Cet homme portait dans ses bras un enfant au maillot fort effrayé et qui pleurait.
voici une créature qui n’a plus ni père ni mère. Puis il sortit lentement, et referma la porte sur lui. Gilbert, l’ouvrier, n’avait lui-même ni père ni mère. L’ouvrier accepta l’enfant, l’orphelin adopta l’orpheline. Il la prit, il la veilla, il la vêtit, il la nourrit, il la garda, il l’ éleva, il l’aima. Il se donna tout entier à cette pauvre petite créature que la guerre civile jetait dans son échoppe. Il oublia tout pour elle, sa jeunesse, ses amourettes, son plaisir ; il fit de cet enfant l’objet unique de son travail, de ses affections, de sa vie, et voilà seize ans que cela dure. Gilbert, l’ouvrier, c’était vous ; l’ enfant… Gilbert
C’était Jane. Tout est vrai dans ce que tu dis, mais où veux-tu en venir ?
L’homme
J’ai oublié de dire qu’aux langes de l’enfant il y avait un papier attaché avec une épingle sur lequel on avait écrit ceci :
ayez pitié de Jane. Gilbert
C’était écrit avec du sang. J’ai conservé ce papier, je le porte toujours sur moi. Mais tu me mets à la torture.
Où veux-tu en venir, dis ? L’homme
À ceci.
Gilbert
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L’homme
Plus un mot. N’allez pas à votre travail. Restez dans les environs de cette maison. Veillez. Je ne suis ni votre ami ni
votre ennemi, mais c’est un avis que je vous donne. Maintenant, pour ne pas vous nuire à vous-même, laissez-moi. Allez-vous-en de ce côté, et venez si vous m’entendez appeler main-forte. Gilbert
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