« Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/391 » : différence entre les versions
m Phe: split |
mAucun résumé des modifications |
||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
bouger son pied dans la blancheur des voiles, |
vu bouger son pied dans la blancheur des voiles,et se déranger les plis droits du suaire. |
||
Et puis je me disais : « Est-ce bien Clarimonde ? |
|||
Et puis je me disais : « Est-ce bien Clarimonde ? quelle preuve en ai-je ? Ce page noir ne peut-il être passé au service d’une autre femme ? Je suis bien fou de me désoler et de m’agiter ainsi. » Mais mon cœur me répondit avec un battement : « C’est bien elle, c’est bien elle.» Je me rapprochai du lit, et je regardai avec un redoublement d’attention l’objet de mon incertitude. Vous l’avouerai-je ? cette perfection de formes, quoique purifiée et sanctifiée par l’ombre de la mort, me troublait plus voluptueusement qu’il n’aurait fallu, et ce repos ressemblait tant à un sommeil que l’on s’y serait trompé. J’oubliais que j’étais venu là pour un office funèbre, et je m’imaginais que j’étais un jeune époux entrant dans la chambre de la fiancée qui cache sa figure par pudeur et qui ne se veut point laisser voir. Navré de douleur, éperdu de joie, frissonnant de crainte et de plaisir, je me penchai vers elle et je pris le coin du drap ; je le soulevai lentement en retenant mon souffle de peur de l’éveiller. Mes artères palpitaient avec une telle force, que je les sentais siffler dans mes tempes, et mon front ruisselait de sueur comme si j’eusse remué une dalle de marbre. C’était en effet la Clarimonde telle que je l’avais vue à l’église lors de mon ordination ; elle était aussi charmante, et la mort chez elle semblait une coquetterie de plus. La pâleur de ses joues, le |
|||
quelle preuve en ai-je ? Ce page noir ne peut-il |
|||
être passé au service d’une autre femme ? Je suis |
|||
bien fou de me désoler et de m’agiter ainsi. » |
|||
Mais mon cœur me répondit avec un battement : |
|||
« C’est bien elle, c’est bien elle.» Je me rapprochai |
|||
du lit, et je regardai avec un redoublement |
|||
d’attention l’objet de mon incertitude. Vous l’avouerai-je ? |
|||
cette perfection de formes, quoique |
|||
purifiée et sanctifiée par l’ombre de la mort, me |
|||
troublait plus voluptueusement qu’il n’aurait |
|||
fallu, et ce repos ressemblait tant à un sommeil |
|||
que l’on s’y serait trompé. J’oubliais que j’étais |
|||
venu là pour un office funèbre, et je m’imaginais |
|||
que j’étais un jeune époux entrant dans la chambre |
|||
de la fiancée qui cache sa figure par pudeur |
|||
et qui ne se veut point laisser voir. Navré de douleur, |
|||
éperdu de joie, frissonnant de crainte et de |
|||
plaisir, je me penchai vers elle et je pris le coin du |
|||
drap ; je le soulevai lentement en retenant mon |
|||
souffle de peur de l’éveiller. Mes artères palpitaient |
|||
avec une telle force, que je les sentais siffler |
|||
dans mes tempes, et mon front ruisselait de sueur |
|||
comme si j’eusse remué une dalle de marbre. |
|||
C’était en effet la Clarimonde telle que je l’avais |
|||
vue à l’église lors de mon ordination ; elle était |
|||
aussi charmante, et la mort chez elle semblait |
|||
une coquetterie de plus. La pâleur de ses joues, |