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point résolue par ce dernier débat ; elle reste ce qu’elle était, elle reviendra inévitablement, d’autant plus que la situation telle qu’elle pxiste aujourd’hui n’a précisément rien de bien flatteur, ni de complètement plausible, ni sans doute de définitif. Il y a du moins quelques faits qui se dégagent de cette discussion récente et que M. le ministre de l’intérieur a su habilement résumer en dissipant tous les mirages. Lorsqu’on s’évertue sans cesse à revendiquer pour Paris les conditions de toutes les villes de France, ce qu’on appelle de ce beau nom de droit commun, on croit certainement dire une chose assez naturelle, et c’est en vérité tout ce qu’il y a de plus extraordinaire. On ne s’aperçoit pas que le droit commun a nécessairement ici une application particulière et exceptionnelle par cette raison bien simple, évidente, frappante, que Paris n’est point une cité ordinaire. Paris a eu sans doute autrefois son caractère municipal ; il y a longtemps qu’il s’est métamorphosé pour devenir ce qu’il est désormais, la cité où tout se concentre, — pouvoirs publics, cour supérieure de justice, établissemens scientifiques, institut, puissances financières, marché des capitaux, — en un mot une ville identifiée, pour ainsi dire, avec l’état. On l’a dit avec vérité : beaucoup de villes françaises ont certes leur importance et leur éclat avec leurs intérêts, et elles n’ont rien d’incompatible avec l’idée d’une large organisation municipale ; par sa position, par son rôle, Paris dépasse cette mesure commune à tant d’autres cités. Seul entre toutes les villes de France, Paris exerce en certains momens une véritable prépondérance politique et peut même décider d’une révolution par voie d’insurrection populaire ou de coup d’état. Par la puissance des intérêts économiques, financiers, industriels ou commerciaux qu’il concentre en lui-même, il peut avoir une influence décisive sur le mouvement du travail et de la production du pays tout entier. Est-ce qu’on peut imaginer sérieusement tout cet ensemble de forces et d’intérêts régi par un simple pouvoir local, de quelque nom qu’on vefuille le nommer ? Ce pouvoir n’est qu’un mot, ou il devient fatalement exorbitant. En réalité, cette autonomie communale qu’on propose, c’est une république parisienne dans la république française. Ce maire central qu’on demande, c’est un chef qui ressemblerait à un président ayant ses ministres, son conseil, sa police et presque son armée, disposant de plus de vingt mille employés, puisant dans un budget de plus de 200 millions, représentant une force executive, avec lequel tout gouvernement aurait à compter. Ce qu’on appelle le droit commun, ce serait un état dans l’état, un organisme absolument excep^ tionnel et déuiesuré.

Il faut en prendre son parti : Paris a les avantages d’une des plus grandes capitales du monde, il en a aussi les charges, et il subit les conditions de la position que l’histoire, que les événemens lui ont créée. Une de ces conditions pour Paris est d’être nécessairement sou-