« Essai sur l’origine des langues » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
ThomasBot (discussion | contributions)
m liens vers l'espace auteur
Aucun résumé des modifications
Ligne 1 :
 
{{Titre|Essai sur l'origine des langues|[[Auteur:Jean-Jacques Rousseau|Jean-Jacques Rousseau]]|Chapitre II}}
 
 
{{c|Chapitre Premier}}
<div class="text">
 
{{Centré|''Des divers moyens de communiquer nos pensées.''}}
 
La parole distingue l'homme entre les animaux : le langage distingue les nations entr'elles ; on ne connoît d'où est un homme qu'après qu'il a parlé. L'usage & le besoin font apprendre à chacun la langue de son pays, mais qu'est-ce qui fait que cette langue est celle de son pays & non pas d'un autre ? Il faut bien remonter pour le dire, à quelque raison qui tienne au local, & qui soit antérieure aux mœurs mêmes : la parole étant la premiere institution sociale ne doit sa forme qu'à des causes naturelles.
 
Si-tôt qu'un homme fut reconnu par un autre pour un Etre sentant, pensant & semblable à lui, le desir ou le besoin de lui communiquer ses sentimens & ses pensées lui en fit chercher les moyens. Ces moyens ne peuvent se tirer que des sens, les seuls instrumens par lesquels un homme puisse agir sur un autre. Voilà donc l'institution des signes sensibles
 
{{c|Chapitre II}}
 
« Cela dut être. On ne commença pas par raisonner, mais par sentir. On prétend que les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins; cette opinion me paraît insoutenable. L'effet naturel des premiers besoins fut d'écarter les hommes et non de les rapprocher. Il le fallait ainsi pour que l'espèce vînt à s'étendre et que la terre se peuplât promptement, sans quoi le genre humain se fût entassé dans un coin du monde, et tout le reste fût demeuré désert.