« Ubu roi (1896) » : différence entre les versions
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Ligne 604 :
{{réplique|LE ROI}}
Monsieur Bougrelas, vous avez été ce matin fort impertinent avec M. Ubu, chevalier de mes ordres et comte de Sandomir.
{{réplique|LA REINE}}
Cependant, Venceslas, vous
{{réplique|LE ROI}}
Madame, je ne reviens jamais sur ce que
{{réplique|LE JEUNE BOUGRELAS}}
Ligne 616 :
{{réplique|LA REINE}}
Enfin, sire, êtes-vous toujours décidé à aller à cette revue ?
{{réplique|LE ROI}}
Pourquoi non, madame ?
{{réplique|LA REINE}}
Mais, encore une fois, ne
{{réplique|LE ROI}}
{{réplique|LA REINE}}
Ligne 660 :
CAPITAINE BORDURE ET SES HOMMES, GIRON, PILE, COTICE.
Ligne 667 :
Noble Père Ubu, venez près de moi avec votre suite pour inspecter les troupes.
{{réplique|PÈRE UBU}} {{didascalie|aux siens.}}
Attention, vous autres. {{didascalie|Au roi}} On y va, monsieur, on y va.
{{didascalie|Les hommes
{{réplique|LE ROI}}
Ah ! voici le régiment des gardes à cheval de Dantzick. Ils sont fort beaux, ma foi.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Vous trouvez ? Ils me paraissent misérables. Regardez celui-ci. {{didascalie|Au soldat.}} Depuis combien de temps ne
{{réplique|LE ROI}}
Mais ce soldat est fort propre.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Voilà !
{{didascalie|Il lui écrase le pied.}}
{{réplique|LE ROI}}
Misérable !
{{réplique|PÈRE UBU}}
MERDRE.
{{réplique|CAPITAINE BORDURE}}
Hurrah ! en avant !
{{réplique|TOUS}} frappent le roi, un Palotin explose.
{{réplique|LE ROI}}
Oh ! au secours ! Sainte Vierge, je suis mort.
{{réplique|BOLESLAS}} {{didascalie|à Ladislas.}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah !
{{réplique|CAPITAINE BORDURE}}
Sus aux traîtres ! ! !
{{didascalie|Les fils du roi
Ligne 722 :
{{réplique|BOUGRELAS}}
Vous
{{didascalie|Une effroyable clameur se fait entendre au-dehors.}}
{{réplique|BOUGRELAS}}
Ah ! que vois-je ? Mes deux frères poursuivis par le Père Ubu et ses hommes.
{{réplique|LA REINE}}
O mon Dieu ! Sainte Vierge, ils perdent, ils perdent du terrain !
{{réplique|BOUGRELAS}}
Toute
{{réplique|LA REINE}}
Voilà Boleslas mort ! Il a reçu une balle.
{{réplique|BOUGRELAS}}
Eh ! {{didascalie|Ladislas se retourne.}} Défends-toi ! Hurrah, Ladislas.
{{réplique|LA REINE}}
Oh ! Il est entouré.
{{réplique|BOUGRELAS}}
{{réplique|LA REINE}}
Ah ! Hélas ! Ces furieux pénètrent dans le palais, ils montent
{{didascalie|La clameur augmente.}}
Ligne 756 :
{{réplique|BOUGRELAS}}
Oh ! ce Père Ubu ! le coquin, le misérable, si je le tenais...
Ligne 767 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh ! Bougrelas, que me veux-tu faire ?
{{réplique|BOUGRELAS}}
Vive Dieu ! je défendrai ma mère
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! Bordure,
{{réplique|UN SOLDAT}} avance.
Rends-toi, Bougrelas !
{{réplique|LE JEUNE BOUGRELAS}}
Tiens, voyou ! voilà ton compte !
{{didascalie|Il lui fend le crâne.}}
{{réplique|LA REINE}}
Tiens bon, Bougrelas, tiens bon !
{{réplique|PLUSIEURS}} avancent.
Ligne 790 :
{{réplique|BOUGRELAS}}
Chenapans, sacs à vin, sagouins payés !
{{didascalie|Il fait le moulinet avec son épée et en fait un massacre.}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! je vais bien en venir à bout tout de même !
{{réplique|BOUGRELAS}}
Mère, sauve-toi par
{{réplique|LA REINE}}
Et toi, mon fils, et toi ?
{{réplique|BOUGRELAS}}
Ligne 807 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Tâchez
{{didascalie|Il
{{réplique|BOUGRELAS}}
Ah ! vive Dieu ! voilà ma vengeance !
{{didascalie|Il lui découd la boudouille
Mère, je te suis !
{{didascalie|Il disparaît par
=== ACTE II, SCÈNE V ===
Ligne 833 :
{{réplique|LA REINE}}
Oui, je le crois ! Bougrelas, soutiens-moi !
{{didascalie|Elle tombe sur la neige.}}
{{réplique|BOUGRELAS}}
Ha !
{{réplique|LA REINE}}
Je suis bien malade, crois-moi, Bougrelas. Je
{{réplique|BOUGRELAS}}
Quoi ! le froid
{{réplique|LA REINE}}
Comment veux-tu que je résiste à tant de coups ? Le roi massacré, notre famille détruite, et toi, représentant de la plus noble race qui ait jamais porté
{{réplique|BOUGRELAS}}
Et par qui, grand Dieu ! par qui ? Un vulgaire Père Ubu, aventurier sorti on ne sait
{{réplique|LA REINE}}
O Bougrelas ! Quand je me rappelle combien nous étions heureux avant
{{réplique|BOUGRELAS}}
Que veux-tu ? Attendons avec espérance et ne renonçons jamais à nos droits.
{{réplique|LA REINE}}
Ligne 862 :
{{réplique|BOUGRELAS}}
Eh !
{{didascalie|Il tombe en proie au plus violent désespoir. Pendant ce temps, les Ames de Venceslas, de Boleslas, de Ladislas, de Rosemonde entrent dans la grotte, leurs Ancêtres les accompagnent et remplissent la grotte. Le plus vieux
{{réplique|BOUGRELAS}}
Eh ! que vois-je ? toute ma famille, mes ancêtres... Par quel prodige ?
{{réplique|
Apprends, Bougrelas, que
{{didascalie|Tous disparaissent, et Bougrelas reste seul dans
Ligne 885 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Non, je ne veux pas, moi ! Voulez-vous me ruiner pour ces bouffres ?
{{réplique|CAPITAINE BORDURE}}
Mais enfin, Père Ubu, ne voyez-vous pas que le peuple attend le don de joyeux avènement ?
{{réplique|MÈRE UBU}}
Si tu ne fait pas distribuer des viandes et de
{{réplique|PÈRE UBU}}
Des viandes, oui ! de
{{réplique|MÈRE UBU}}
Sagouin toi même ! Qui
{{réplique|PÈRE UBU}}
Encore une fois, je veux
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 906 :
{{réplique|CAPITAINE BORDURE}}
Oui, je sais
{{réplique|PÈRE UBU}}
Misérable, si tu fais ça !
{{réplique|CAPITAINE BORDURE}}
Ligne 915 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Est-ce bien vrai ?
{{réplique|MÈRE UBU}}
Oui, oui !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh, alors je consens à tout. Réunissez trois millions, cuisez cent cinquante bœufs et moutons,
{{didascalie|Ils sortent.}}
Ligne 936 :
{{réplique|PEUPLE}}
Voilà le roi ! Vive le roi ! hurrah !
{{réplique|PÈRE UBU}} {{didascalie|jetant de
Tenez, voilà pour vous. Ca ne
{{réplique|TOUS}}
Oui, oui !
{{réplique|CAPITAINE BORDURE}}
Voyez, Mère Ubu,
{{réplique|MÈRE UBU}}
Il est vrai que
{{réplique|PÈRE UBU}}
Quel beau spectacle ! Amenez
{{réplique|CAPITAINE BORDURE}}
Ligne 957 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oui,
{{didascalie|Au peuple.}}
Mes amis, vous voyez cette caisse
{{réplique|TOUS}}
Oui ! Vive le Père Ubu ! Quel bon roi ! On
{{réplique|PÈRE UBU}}, à la Mère Ubu, avec joie.
Ecoute-les !
{{didascalie|Tout le peuple va se ranger au bout de la cour.}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Une, deux, trois ! Y êtes-vous ?
{{réplique|TOUS}}
Oui ! oui !
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Partez !
{{didascalie|Ils partent en se culbutant. Cris et tumulte.}}
{{réplique|CAPITAINE BORDURE}}:
Ils approchent ! ils approchent !
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Eh ! le premier perd du terrain.
{{réplique|MÈRE UBU}}:
Ligne 992 :
{{réplique|CAPITAINE BORDURE}}:
Oh ! Il perd, il perd ! fini !
{{didascalie|Celui qui était deuxième arrive le premier.}}
{{réplique|TOUS}}:
Vive Michel Fédérovitch ! Vive Michel Fédérovitch !
{{réplique|MICHEL FEDEROVITCH:}}
Ligne 1 003 :
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Oh ! mon cher ami, ce
{{réplique|TOUS}}:
Vive Michel Fédérovitch ! Vive le Père Ubu !
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Et vous, mes amis, venez dîner ! Je vous ouvre
{{réplique|PEUPLE}}:
Entrons ! Entrons ! Vive le Père Ubu !
{{didascalie|Ils entrent dans le palais. On entend le bruit de
Ligne 1 031 :
{{réplique|PÈRE UBU}}:
De par ma chandelle verte, me voici roi dans ce pays. Je me suis déjà flanqué une indigestion et on va
{{réplique|MÈRE UBU}}:
En quoi est-elle, Père Ubu ? car nous avons beau être rois il faut être économes.
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Ligne 1 040 :
{{réplique|MÈRE UBU}}:
Voilà qui est beau, mais il est encore plus beau
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Ligne 1 049 :
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Qui donc ?
{{réplique|MÈRE UBU}}:
Eh ! le CAPITAINE BORDURE.
{{réplique|PÈRE UBU}}:
De grâce, Mère Ubu, ne me parle pas de ce bouffre. Maintenant que je
{{réplique|MÈRE UBU}}:
Ligne 1 061 :
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Oh ! je le plains bien, ce petit homme, je
{{réplique|MÈRE UBU}}:
Eh ! crois-tu en avoir fini avec Bougrelas ?
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Sabre à finances, évidemment ! que veux-tu
{{réplique|MÈRE UBU}}:
Père Ubu, fais attention à ce que je te dis. Crois-moi, tâche de
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Encore de
{{réplique|MÈRE UBU}}:
Fais à ta tête, Père Ubu, il
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Ligne 1 082 :
{{réplique|MÈRE UBU}}:
Ecoute, encore une fois, je suis sûre que le jeune Bougrelas
{{réplique|PÈRE UBU}}:
Ah ! saleté ! le mauvais droit ne vaut-il pas le bon ? Ah ! tu
{{didascalie|La Mère Ubu se sauve, poursuivie par Ubu.}}
Ligne 1 102 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Apportez la caisse à Nobles et le crochet à Nobles et le couteau à Nobles et le bouquin à Nobles ! ensuite, faites avancer les Nobles.
{{didascalie|On pousse brutalement les Nobles.}}
Ligne 1 110 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
{{réplique|NOBLES}}
Horreur ! à nous, peuple et soldats !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Amenez le premier Noble et passez-moi le crochet à Nobles. Ceux qui seront condamnés à mort, je les passerai dans la trappe, ils tomberont dans les sous-sols du Pince-Porc et de la Chambre-à-Sous, où on les décervèlera. {{didascalie|Au Noble.}} Qui es-tu, bouffre ?
{{réplique|LE NOBLE}}
Ligne 1 122 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
De combien sont tes revenus ?
{{réplique|LE NOBLE}}
Ligne 1 128 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Condamné !
{{didascalie|Il le prend avec le crochet et le passe dans le trou.}}
{{réplique|MÈRE UBU}}
Quelle basse férocité !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Second Noble, qui es-tu ? {{didascalie|Le Noble ne répond rien.}} Répondras-tu, bouffre ?
{{réplique|LE NOBLE}}
Ligne 1 142 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Excellent ! excellent ! Je
{{réplique|LE NOBLE}}
Ligne 1 148 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Très bien ! très bien ! Tu
{{réplique|LE NOBLE}}
Ligne 1 154 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Dans la trappe, alors. Quatrième Noble, qui es-tu ?
{{réplique|LE NOBLE}}
Ligne 1 160 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Quels sont tes revenus ?
{{réplique|LE NOBLE}}
Ligne 1 166 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Pour cette mauvaise parole, passe dans la trappe. Cinquième Noble, qui es-tu ?
{{réplique|LE NOBLE}}
Ligne 1 172 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ca
{{réplique|LE NOBLE}}
Ligne 1 178 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh bien ! mieux vaut peu que rien. Dans la trappe.
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 1 184 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh ! je
{{réplique|LE GREFFIER}}
Ligne 1 190 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Commence par les principautés, stupide bougre !
{{réplique|LE GREFFIER}}
Ligne 1 196 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Et puis après ?
{{réplique|LE GREFFIER}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Comment,
{{didascalie|On empile les Nobles dans la trappe.}}
Ligne 1 212 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Je vais
{{réplique|PLUSIEURS MAGISTRATS}}
Ligne 1 218 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Merdre.
{{réplique|MAGISTRATS}}
Et de quoi vivrons-nous ? Nous sommes pauvres.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ligne 1 242 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
{{didascalie|Ils se débattent en vain.}}
{{réplique|MÈRE UBU}}
Eh ! que fais-tu, Père Ubu ? Qui rendra maintenant la justice ?
{{réplique|PÈRE UBU}}
Tiens ! moi. Tu verras comme ça marchera bien.
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 1 259 :
{{réplique|FINANCIERS}}
Il
{{réplique|PÈRE UBU}}
Comment, je veux tout changer, moi.
{{réplique|FINANCIERS}}
Ligne 1 268 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Messieurs, nous établirons un impôt de dix pour cent sur la propriété, un autre sur le commerce et
{{réplique|PREMIER FINANCIER}}
Mais
{{réplique|DEUXIÈME FINANCIER}}
{{réplique|TROISIÈME FINANCIER}}
Ca
{{réplique|PÈRE UBU}}
Vous vous fichez de moi ! Dans la trappe, les financiers !
{{didascalie|On enfourne les financiers.}}
Ligne 1 288 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh merdre !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 1 294 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ne crains rien, ma douce enfant,
=== ACTE III, SCÈNE III ===
Ligne 1 303 :
{{réplique|UN PAYSAN}} {{didascalie|entrant.}}
Apprenez la grande nouvelle. Le roi est mort, les ducs aussi et le jeune Bougrelas
{{réplique|UN AUTRE}}
{{réplique|TOUS}}
Grand Dieu !
{{réplique|UN PAYSAN}}
Mais, écoutez: ne dirait-on pas
{{réplique|UNE VOIX}} {{didascalie|au-dehors.}}
Cornegidouille ! Ouvrez, de par ma merdre, par saint Jean, saint Pierre et saint Nicolas ! ouvrez, sabre à finances, corne finances, je viens chercher les impôts !
{{didascalie|La porte est défoncée, Ubu pénètre suivi
Ligne 1 325 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Qui de vous est le plus vieux ? {{didascalie|Un paysan
{{réplique|LE PAYSAN}}
Ligne 1 331 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh bien, cornegidouille, écoute-moi bien, sinon ces messieurs te couperont les oneilles. Mais, vas-tu
{{réplique|STANISLAS}}
Mais Votre Excellence
{{réplique|PÈRE UBU}}
Comment, je parle depuis une heure. Crois-tu que je vienne ici pour prêcher dans le désert ?
{{réplique|STANISLAS}}
Ligne 1 343 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Je viens donc te dire,
{{didascalie|On apporte le voiturin.}}
Ligne 1 351 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
{{réplique|PAYSANS}}
Ligne 1 357 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Je
{{réplique|PAYSANS}}
Ligne 1 363 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Payez ! ou ji vous mets dans ma poche avec supplice et décollation du cou et de la tête ! Cornegidouille, je suis le roi peut-être !
{{réplique|TOUS}}
Ah,
{{réplique|PÈRE UBU}}
En avant, messieurs des Finances, faites votre devoir.
{{didascalie|Une lutte
Ligne 1 384 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! citoyen, voilà ce que
{{réplique|BORDURE}}
Prenez garde, Père Ubu. Depuis cinq jours que vous êtes roi, vous avez commis plus de meurtres
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh ! mon bel ami, vous avez la langue fort bien pendue. Je ne doute pas que si vous vous échappiez il en pourrait résulter des complications, mais je ne crois pas que les casemates de Thorn aient jamais lâché
{{didascalie|Il sort. Les Larbins viennent verrouiller toutes les portes.}}
Ligne 1 401 :
{{réplique|LE CZAR ALEXIS}}
{{réplique|BORDURE}}
Sire, pardonnez-moi,
{{réplique|ALEXIS}}
Oh !
{{réplique|BORDURE}}
Le Père Ubu
{{réplique|ALEXIS}}
Que
{{réplique|BORDURE}}
Mon épée
{{réplique|ALEXIS}}
Je prends
{{réplique|BORDURE}}
Ligne 1 429 :
{{réplique|ALEXIS}}
Quel grade avais-tu dans
{{réplique|BORDURE}}
Ligne 1 435 :
{{réplique|ALEXIS}}
{{réplique|BORDURE}}
Ce
{{réplique|ALEXIS}}
{{didascalie|Il sort.}}
Ligne 1 449 :
La salle du conseil
Ligne 1 457 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Messieurs, la séance est ouverte et tâchez de bien écouter et de vous tenir tranquilles.
{{réplique|UN CONSEILLER}}
Ligne 1 469 :
{{réplique|LE CONSEILLER}}
Et les nouveaux impôts, monsieur Ubu, vont-ils bien ?
{{réplique|MÈRE UBU}}
Point du tout.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Sabre à finances, corne de ma gidouille, madame la financière,
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ah ! le voilà dehors, mais il y a une lettre.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Lis-la. Je crois que je perds
{{réplique|MÈRE UBU}}
Tout justement. Il dit que le czar
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ho ! ho !
{{didascalie|Il pleure et sanglote.}}
{{réplique|MÈRE UBU}}
Il
{{réplique|PÈRE UBU}}
Lequel, mon amour ?
{{réplique|MÈRE UBU}}
La guerre ! !
{{réplique|TOUS}}
Vive Dieu ! Voilà qui est noble !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ligne 1 507 :
{{réplique|PREMIER CONSEILLER}}
Courons, courons organiser
{{réplique|DEUXIÈME}}
Ligne 1 513 :
{{réplique|TROISIÈME}}
Et préparer
{{réplique|QUATRIÈME}}
Et prendre
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! non, par exemple ! Je vais te tuer, toi, je ne veux pas donner
En voilà
{{réplique|TOUS}}
Vive la guerre !
Ligne 1 535 :
{{réplique|SOLDATS ET PALOTINS}}
Vive la Pologne ! Vive le Père Ubu !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! Mère Ubu, donne-moi ma cuirasse et mon petit bout de bois. Je vais être bientôt tellement chargé que je ne saurais marcher si
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 1 544 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! voilà le sabre à merdre qui se sauve et le croc à finances qui ne tient pas ! ! ! Je
{{réplique|UN SOLDAT}}
Ligne 1 556 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! maintenant, je vais monter à cheval.
Amenez, messieurs, le cheval à phynances.
{{réplique|MÈRE UBU}}
Père Ubu, ton cheval ne saurait plus te porter, il
{{réplique|PÈRE UBU}}
Elle est bonne celle-là ! On me fait payer 12 sous par jour pour cette rosse et elle ne me peut porter. Vous vous fichez, corne
{{didascalie|On amène un énorme cheval.}}
Ligne 1 571 :
Je vais monter dessus.
Oh ! assis plutôt ! car je vais tomber. {{didascalie|Le cheval part.}} Ah ! arrêtez ma bête, Grand Dieu, je vais tomber et être mort ! ! !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Il est vraiment imbécile. Ah ! le voilà relevé. Mais il est tombé par terre.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Corne physique, je suis à moitié mort ! Mais
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 1 583 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 1 591 :
Pour sûr. Torsion du nez et des dents, extraction de la langue et enfoncement du petit bout de bois dans les oneilles.
{{didascalie|
{{réplique|MÈRE UBU}}, seule.
Ligne 1 609 :
{{réplique|MÈRE UBU}}
Où donc est ce trésor ? Aucune dalle ne sonne creux.
{{réplique|UNE VOIX}} {{didascalie|sortant du tombeau de Jean Sigismond.}}
Jamais, Mère Ubu !
Ligne 1 626 :
{{réplique|BOUGRELAS}}
En avant, mes amis ! Vive Venceslas et la Pologne ! le vieux gredin de Père Ubu est parti, il ne reste plus que la sorcière de Mère Ubu avec son Palotin. Je
{{réplique|TOUS}}
Vive Bougrelas !
{{réplique|BOUGRELAS}}
Et nous supprimerons tous les impôts établis par
{{réplique|TOUS}}
Hurrah ! en avant ! Courons au palais et massacrons cette engeance.
{{réplique|BOUGRELAS}}
Eh ! Voilà la Mère Ubu qui sort avec ses gardes sur le perron !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Que voulez-vous, messieurs ? Ah !
{{didascalie|La foule lance des pierres.}}
Ligne 1 658 :
{{réplique|LE PALOTIN GIRON}}
Hon !
{{didascalie|Il dégaine et se précipite, faisant un carnage épouvantable.}}
{{réplique|BOUGRELAS}}
{{didascalie|Ils se battent.}}
{{réplique|GIRON}}
Je suis mort !
{{réplique|BOUGRELAS}}
Victoire, mes amis ! Sus à la Mère Ubu !
{{didascalie|On entend des trompettes.}}
{{réplique|BOUGRELAS}}
Ah ! voilà les Nobles qui arrivent. Courons, attrapons la mauvaise harpie !
{{réplique|TOUS}}
En attendant que nous étranglions le vieux bandit !
{{didascalie|La Mère Ubu se sauve poursuivie par tous les Polonais. Coups de fusil et grêle de pierres.}}
Ligne 1 686 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Cornebleu, jambedieu, tête de vache ! nous allons périr, car nous mourons de soif et sommes fatigué. Sire Soldat, ayez
{{didascalie|Les soldats obéissent.}}
{{réplique|PILE}}
Hon ! Monsieuye ! Il est étonnant que les Russes
{{réplique|PÈRE UBU}}
Il est regrettable que
{{réplique|COTICE}}
Ligne 1 704 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Et
{{réplique|RENSKY}}
Ligne 1 710 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oiseau de nuit, bête de malheur, hibou à guêtres ! Où as-tu pêché ces sornettes ? En voilà
{{réplique|RENSKY}}
Ligne 1 716 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Garçon de ma merdre, si je
{{réplique|LE GENERAL LASCY}}
Père Ubu, ne voyez-vous pas dans la plaine les Russes ?
{{réplique|PÈRE UBU}}
{{réplique|
Les Russes !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Allons, messieurs, prenons nos dispositions pour la bataille. Nous allons rester sur la colline et ne commettrons point la sottise de descendre en bas. Je me tiendrai au milieu comme une citadelle vivante et vous autres graviterez autour de moi.
{{réplique|OFFICIERS}}
Ligne 1 734 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh ! cela va bien, nous serons vainqueurs. Quelle heure est-il ?
{{réplique|LE GENERAL LASCY}}
Ligne 1 740 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Alors, nous allons dîner, car les Russes
{{didascalie|Lascy
{{réplique|SOLDATS ET PALOTINS}}
Vive le Père Ubu, notre grand Financier ! Ting, ting, ting; ting, ting, ting; ting, ting, tating !
{{réplique|PÈRE UBU}}
O les braves gens, je les adore. {{didascalie|Un boulet russe arrive et casse
Ligne 1 755 :
LES MEMES, UN CAPITAINE
PUIS
{{réplique|UN CAPITAINE}} {{didascalie|arrivant.}}
Sire Ubu, les Russes attaquent.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh bien, après, que veux-tu que
{{réplique|LE GENERAL LASCY}}
Un second boulet !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! je
{{didascalie|Tous descendent au pas de course. La bataille vient de
{{réplique|UN RUSSE}} {{didascalie|frappant.}}
Pour Dieu et le Czar !
{{réplique|RENSKY}}
Ah ! je suis mort.
{{réplique|PÈRE UBU}}
En avant ! Ah, toi, Monsieur, que je
{{réplique|LE RUSSE}}
Ah ! voyez-vous ça !
{{didascalie|Il lui tire un coup de revolver.}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! Oh ! Je suis blessé, je suis troué, je suis perforé, je suis administré, je suis enterré. Oh, mais tout de même ! Ah ! je le tiens. {{didascalie|Il le déchire.}} Tiens ! recommenceras-tu, maintenant !
{{réplique|LE GENERAL LASCY}}
Ligne 1 793 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Tu crois ?
{{réplique|CAVALIERS RUSSES}}
Hurrah ! Place au Czar !
{{didascalie|Le Czar arrive, accompagné de Bordure, déguisé.}}
{{réplique|UN POLONAIS}}
Ah ! Seigneur ! Sauve qui peut, voilà le Czar !
{{réplique|UN AUTRE}}
Ah ! mon Dieu ! il passe le fossé.
{{réplique|UN AUTRE}}
Pif ! Paf ! en voilà quatre
{{réplique|BORDURE}}
Ah ! vous
{{didascalie|Il fait un massacre de Polonais.}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
En avant, mes amis. Attrapez ce bélître ! En compote les Moscovites ! La victoire est à nous. Vive
{{réplique|TOUS}}
En avant ! Hurrah ! Jambedieu ! Attrapez le grand bougre.
{{réplique|BORDURE}}
Par saint Georges, je suis tombé.
{{réplique|PÈRE UBU}} {{didascalie|le reconnaissant.}}
Ah !
{{réplique|BORDURE}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! tu te moques de moi ! Encore !
{{didascalie|Il se rue sur lui et le déchire.}}
Ligne 1 838 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Je le vois bien, je
{{réplique|LE GENERAL LASCY}}
Ligne 1 844 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh !
{{didascalie|Il se rue sur le Czar.}}
{{réplique|UN OFFICIER RUSSE}}
En garde, Majesté !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Tiens, toi ! Oh ! aïe ! Ah ! mais tout de même. Ah ! monsieur, pardon, laissez-moi tranquille. Oh ! mais, je
{{didascalie|Il se sauve, le Czar le poursuit.}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Sainte Vierge, cet enragé me poursuit !
{{didascalie|Il saute le fossé. Le Czar y tombe.}}
{{réplique|LE CZAR}}
Bon, je suis dedans !
{{réplique|POLONAIS}}
Hurrah ! le Czar est à bas !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah !
{{didascalie|Les dragons russes font une charge et délivrent le Czar.}}
{{réplique|LE GENERAL LASCY}}
Cette fois,
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! voici
{{réplique|POLONAIS}}
Sauve qui peut !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Allons ! en route. Quel tas de gens, quelle fuite, quelle multitude, comment me tirer de ce gâchis ? {{didascalie|Il est bousculé}} Ah ! mais toi ! fais attention, ou tu vas expérimenter la bouillante valeur du Maître des Finances. Ah ! il est parti, sauvons-nous et vivement pendant que Lascy ne nous voit pas.
{{didascalie|Il sort, ensuite on voit passer le Czar et
Ligne 1 898 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! le chien de temps, il gèle à pierre à fendre et la personne du Maître des Finances
{{réplique|PILE}}
Hon ! Monsieuye Ubu, êtes-vous remis de votre terreur et de votre fuite ?
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oui ! Je
{{réplique|COTICE}} {{didascalie|à part.}}
Quel pourceau.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh ! sire Cotice, votre oneille, comment va-t-elle ?
{{réplique|COTICE}}
Aussi bien, Monsieuye,
{{réplique|PÈRE UBU}}
Tiens,
{{réplique|COTICE}}
Savez-vous, Pile, ce
{{réplique|PILE}}
Ligne 1 925 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ainsi que le coquelicot et le pissenlit à la fleur de leur âge sont fauchés par
{{réplique|PILE ET COTICE}}
Hon ! Monsieuye !
{{réplique|UN ECHO}}
Hhrron !
{{réplique|PILE}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! non ! par exemple, encore des Russes, je parie !
Ligne 1 950 :
{{réplique|COTICE}}
Hon, Monsieuye des Finances !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! tiens, regardez donc le petit toutou. Il est gentil, ma foi.
{{réplique|PILE}}
Prenez garde ! Ah ! quel énorme ours: mes cartouches !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Un ours ! Ah !
{{didascalie|
{{réplique|COTICE}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Bernique ! Débrouille-toi, mon ami; pour le moment, nous faisons notre Pater Noster. Chacun son tour
{{réplique|PILE}}
Je
{{réplique|COTICE}}
Ligne 1 979 :
{{réplique|COTICE}}
Lâche bougre !
{{réplique|PILE}}
Ah ! il me mord ! O Seigneur, sauvez-nous, je suis mort.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Fiat voluntas tua !
{{réplique|COTICE}}
Ah !
{{réplique|PILE}}
Hurrah ! il perd son sang.
{{didascalie|Au milieu des cris des Palotins,
{{réplique|COTICE}}
Tiens-le ferme, que
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ligne 2 002 :
{{réplique|PILE}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ligne 2 009 :
{{réplique|COTICE}}
Ah ! je
{{didascalie|Une explosion retentit et
{{réplique|PILE ET COTICE}}
Victoire !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Sed libera nos a malo. Amen. Enfin, est-il bien mort ?
Puis-je descendre de mon rocher ?
{{réplique|PILE}} {{didascalie|avec mépris.}}
Tant que vous voudrez.
{{réplique|PÈRE UBU}} {{didascalie|descendant.}}
Vous pouvez vous flatter que si vous êtes encore vivants et si vous foulez encore la neige de Lithuanie, vous le devez à la vertu magnanime du Maître des Finances, qui
{{réplique|PILE}}
Ligne 2 030 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Voici une grosse bête. Grâce à moi, vous avez de quoi souper. Quel ventre, messieurs ! Les Grecs y auraient été plus à
{{réplique|PILE}}
Je meurs de faim. Que manger ?
{{réplique|COTICE}}
L’ours !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh ! pauvres gens, allez-vous le manger tout cru ? Nous
{{réplique|PILE}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Tiens,
{{didascalie|Cotice
{{réplique|PILE}}
Et maintenant, Sire Ubu, allez dépecer
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh non ! Il
{{didascalie|Pile commence à dépecer
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! prends garde ! il a bougé.
{{réplique|PILE}}
Ligne 2 064 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
{{réplique|PILE}} {{didascalie|à part}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Non, je ne veux rien faire, moi ! Je suis fatigué, bien sûr !
{{réplique|COTICE}} {{didascalie|rentrant.}}
Quelle neige, mes amis, on se dirait en Castille ou au pôle Nord. La nuit commence à tomber. Dans une heure il fera noir. Hâtons-nous pour voir encore clair.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oui, entends-tu, Pile ? hâte-toi. Hâtez-vous tous les deux ! Embrochez la bête, cuisez la bête,
{{réplique|PILE}}
Ah !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! ça
{{réplique|COTICE}}
Que voulez-vous, Pile ? Faisons le dîner tout seuls. Il
{{réplique|PILE}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh !
{{didascalie|Il tombe endormi.}}
{{réplique|COTICE}}
Je voudrais savoir si ce que disait Rensky est vrai, si la Mère Ubu est vraiment détrônée. Ca
{{réplique|PILE}}
Ligne 2 102 :
{{réplique|COTICE}}
Non, nous avons à parler de choses plus importantes. Je pense
{{réplique|PILE}}
{{réplique|COTICE}}
La nuit porte conseil. Dormons, nous verrons demain ce
{{réplique|PILE}}
Ligne 2 122 :
{{réplique|UBU}} {{didascalie|parle en dormant.}}
Ah ! Sire Dragon russe, faites attention, ne tirez pas par ici, il y a du monde. Ah ! voilà Bordure,
{{didascalie|Il se tait et dort.}}
Ligne 2 135 :
Il fait nuit. Le PÈRE UBU dort.
Entre la MÈRE UBU sans le voir.
{{réplique|MÈRE UBU}}
Enfin, me voilà à
{{réplique|PÈRE UBU}} {{didascalie|commençant à ce réveiller.}}
Attrapez la Mère Ubu, coupez les oneilles !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ah ! Dieu ! Où suis-je ? Je perds la tête. Ah ! non, Seigneur !
Grâce au Ciel
Monsieur le Père Ubu qui dort auprès de moi.
Faisons la gentille. Eh bien, mon gros bonhomme, as-tu bien dormi ?
{{réplique|PÈRE UBU}}
Fort mal ! Il était bien dur cet ours ! Combat des voraces contre les coriaces, mais les voraces ont complètement mangé et dévoré les coriaces, comme vous le verrez quand il fera jour; entendez-vous, nobles Palotins !
{{réplique|MÈRE UBU}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Cotice, Pile, répondez-moi, sac à merdre ! Où êtes-vous ? Ah !
{{réplique|MÈRE UBU}} {{didascalie|à part.}}
Profitons de la situation et de la nuit, simulons une apparition surnaturelle et faisons-lui promettre de nous pardonner nos larcins.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Mais, par saint Antoine ! on parle. Jambedieu ! Je veux être pendu !
{{réplique|MÈRE UBU}} {{didascalie|grossissant sa voix.}}
Oui, monsieur Ubu, on parle, en effet, et la trompette de
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! ça, en effet !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ne
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! ma gidouille ! Je me tais, je ne dis plus mot. Continuez, madame
{{réplique|MÈRE UBU}}
Nous disions, monsieur Ubu, que vous étiez un gros bonhomme !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ligne 2 184 :
{{réplique|MÈRE UBU}}
Taisez vous, de par Dieu !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! les anges ne jurent pas !
{{réplique|MÈRE UBU}} {{didascalie|à part.}}
Merdre ! {{didascalie|continuant.}} Vous êtes marié, monsieur Ubu.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Parfaitement, à la dernière des chipies !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Vous voulez dire que
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ligne 2 202 :
{{réplique|MÈRE UBU}}
Il faut la prendre par la douceur, sire Ubu, et si vous la prenez ainsi vous verrez
{{réplique|PÈRE UBU}}
Qui dites-vous qui a des poux ?
{{réplique|MÈRE UBU}}
Vous
{{réplique|PÈRE UBU}}
Vous vous trompez, il
{{réplique|MÈRE UBU}}
Silence donc ! Votre femme ne vous fait pas
{{réplique|PÈRE UBU}}
Je voudrais bien voir qui pourrait être amoureux
{{réplique|MÈRE UBU}}
Elle ne boit pas !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Depuis que
{{réplique|MÈRE UBU}}
Sot personnage ! - Votre femme ne vous prend pas votre or.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Non,
{{réplique|MÈRE UBU}}
Elle ne détourne pas un sou !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Témoin monsieur notre noble et infortuné cheval à Phynances, qui,
{{réplique|MÈRE UBU}}
Tout ceci sont des mensonges, votre femme est un modèle et vous quel monstre vous faites !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Tout ceci sont des vérités. Ma femme est une coquine et vous quelle andouille vous faites !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 2 247 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 2 253 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ce
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 2 259 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Tant pis pour eux ! Ils voulaient me taper !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Vous
{{réplique|PÈRE UBU}}
{{réplique|MÈRE UBU}}
Vous
{{réplique|PÈRE UBU}}
Laquelle ? Je suis tout disposé à devenir un saint homme, je veux être évêque et voir mon nom sur le calendrier.
{{réplique|MÈRE UBU}}
Il faut pardonner à la Mère Ubu
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh bien, voilà ! Je lui pardonnerai quand elle
{{réplique|MÈRE UBU}}
Il en est toqué de son cheval ! Ah ! je suis perdue, le jour se lève.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Mais enfin je suis content de savoir maintenant assurément que ma chère épouse me volait. Je le sais maintenant de source sûre. Omnis a Deo scientia, ce qui veux dire: Omnis, toute; a Deo, science; scientia, vient de Dieu. Voilà
{{réplique|MÈRE UBU}} {{didascalie|effrontément.}}
Ca
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! charogne !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 2 295 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Giron est mort et les Polonais
{{réplique|PÈRE UBU}}
Et moi, ce sont les Russes qui
{{réplique|MÈRE UBU}}
Dis donc
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! eh bien, il va rencontrer un palmipède maintenant.
{{didascalie|Il lui jette
{{réplique|MÈRE UBU}}, tombant accablée sous le poids de
Ah ! grand Dieu ! Quelle horreur ! Ah ! je meurs !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Il est mort ! grotesque. Oh ! mais, au fait, peut-être que non ! Ah ! Seigneur ! non, il
{{réplique|MÈRE UBU}} {{didascalie|se débarrassant.}}
Tiens ! où est-il ?
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! Seigneur ! la voilà encore ! Sotte créature, il
{{réplique|MÈRE UBU}}
Eh oui, sotte bourrique, il est déjà tout froid. Comment est-il venu ici ?
{{réplique|PÈRE UBU}} {{didascalie|confus.}}
Je ne sais pas. Ah ! si, je sais ! Il a voulu manger Pile et Cotice et moi je
{{réplique|MÈRE UBU}}
Pile, Cotice, Pater Noster.
{{réplique|PÈRE UBU}}
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 2 339 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! dame, non !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Comment, même les Polonais ?
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ils criaient: Vive Venceslas et Bougrelas.
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ca
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ca
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ca
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! mais tout de même, arrive ici, charogne ! Mets-toi à genoux devant ton maître {{didascalie|il
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ho, ho, monsieur Ubu !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! oh ! oh ! après, as-tu fini ? Moi je commence: torsion du nez, arrachement des cheveux, pénétration du petit bout de bois dans les oneilles, extraction de la cervelle par les talons, lacération du postérieur, suppression partielle ou même totale de la moelle épinière (si au moins ça pouvait lui ôter les épines du caractère), sans oublier
{{didascalie|Il la déchire.}}
{{réplique|MÈRE UBU}}
Grâce, monsieur Ubu !
Grand bruit à
Ligne 2 383 :
{{réplique|BOUGRELAS}}
En avant, mes amis ! Vive la Pologne !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! oh ! attends un peu, monsieur le Polognard. Attends que
{{réplique|BOUGRELAS}} {{didascalie|le frappant.}}
Tiens, lâche, gueux, sacripant, mécréant, musulman !
{{réplique|PÈRE UBU}} {{didascalie|ripostant.}}
Tiens ! Polognard, soûlard, bâtard, hussard, tartare, calard, cafard, mouchard, savoyard, communard !
{{réplique|MÈRE UBU}} {{didascalie|le battant aussi}}
Tiens, capon, cochon, félon, histrion, fripon, souillon, polochon !
Les Soldats se ruent sur les Ubus qui se défendent de leur mieux.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Dieu ! quels renfoncements !
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 2 406 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
De par ma chandelle verte, ça va-t-il finir, à la fin de la fin ? Encore un ! Ah ! si
{{réplique|BOUGRELAS}}
Tapez, tapez toujours !
{{réplique|VOIX AU DEHORS}}
Vive le Père Ubu, notre grand financier !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! les voilà. Hurrah ! Voilà les Pères Ubus. En avant, arrivez, on a besoin de vous, messieurs des Finances !
{{didascalie|Entrent les Palotins, qui se jettent dans la mêlée.}}
{{réplique|COTICE}}
{{réplique|PILE}}
Hon ! nous nous revoyons, Monsieuye des Finances. En avant, poussez vigoureusement, gagnez la porte, une fois dehors il
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! ça,
{{réplique|BOUGRELAS}}
Dieu ! je suis blessé.
{{réplique|STANISLAS LECZINSKI}}
Ce
{{réplique|BOUGRELAS}}
Ligne 2 444 :
{{réplique|PILE}}
Courage, sire Ubu !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah !
{{réplique|COTICE}}
Il
{{réplique|PÈRE UBU}} {{didascalie|les assommant à coups
Et
=== ACTE V, SCÈNE III ===
Ligne 2 463 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! je crois
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ligne 2 479 :
Le pont
Sur le pont le {{réplique|PÈRE UBU}} et toute sa bande.
{{réplique|LE COMMANDANT}}
Ah ! quelle belle brise.
{{réplique|PÈRE UBU}}
Il est de fait que nous filons avec une rapidité qui tient du prodige. Nous devons faire au moins un million de nœuds à
{{réplique|PILE}}
Ligne 2 495 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! Ah ! Dieu ! nous voilà chavirés. Mais il va tout de travers, il va tomber, ton bateau.
{{réplique|LE COMMANDANT}}
Tout le monde sous le vent, bordez la misaine !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! mais non, par exemple ! Ne vous mettez pas tous du même côté !
{{réplique|LE COMMANDANT}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Si ! Si ! Arrivez. Je suis pressé, moi ! Arrivez, entendez-vous !
{{didascalie|Tous se tordent, la brise fraîchit.}}
Ligne 2 515 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ceci
{{didascalie|Plusieurs agonisent de rire. Une lame embarque.}}
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! quel déluge ! Ceci est un effet des manœuvres que nous avons ordonnées.
{{réplique|MÈRE UBU ET PILE}}
Délicieuse chose que la navigation !
{{didascalie|Deuxième lame embarque.}}
{{réplique|PILE}} {{didascalie|inondé.}}
Méfiez-vous de Satan et de ses pompes.
Ligne 2 533 :
Sire garçon, apportez-nous à boire.
Tous
{{réplique|MÈRE UBU}}
Ah ! quel délice de revoir bientôt la douce France, nos vieux amis et notre château de Mondragon !
{{réplique|PÈRE UBU}}
Eh ! nous y serons bientôt. Nous arrivons à
{{réplique|PILE}}
Je me sens ragaillardi à
{{réplique|COTICE}}
Ligne 2 548 :
{{réplique|PÈRE UBU}}
Oh ! ça évidemment ! Et moi je me ferai nommer Maître des Finances à Paris.
{{réplique|MÈRE UBU}}
{{réplique|COTICE}}
Ce
{{réplique|PILE}}
Et maintenant notre noble navire
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ligne 2 563 :
{{réplique|MÈRE UBU}}
Voilà ce que
{{réplique|PÈRE UBU}}
Ah ! messieurs ! si beau
</div>
[[Catégorie:Théâtre]]
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