« Le Blason d’après les sceaux du Moyen-Âge » : différence entre les versions

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L’imagerie des sceaux nous a transmis un nombre considérable d’armoiries, et ces armoiries se recommandent non-seulement par une authenticité incontestable, mais encore par leur grande ancienneté. De tous les monuments qui pourraient nous éclairer sur l’origine du blason, il ne reste, ou du moins l’on ne connaît que les sceaux. Il était donc tout naturel et indispensable à la fois de les prendre pour base de ce travail. Je dois ajouter que les sceaux dont je vais invoquer le témoignage appartiennent presque tous aux grands feudataires ou aux seigneurs les plus marquants de notre pays. La question des blasons étrangers se trouve ainsi réservée.
{{pagination|4}}<div style="text-align:center;">{{pagination|4}}''Origine des armoiries.''</div>
Les origines des armoiries tendent à se dégager chaque jour davantage des fables qui les obscurcissaient. Les témoignages fournis par les sceaux servent de base aux nouvelles théories<ref>Voy. A. de Barthélémy. ''Essai sur l'origine des armoiries féodales.'' (Extrait des mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1872.)</ref>.
 
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C’est ainsi qu’en étudiant d’âge en âge les sceaux des comtes de Flandre, on rencontre le ''lion'' pour la première fois dans le type de Philippe d’Alsace, en 1170. Le sceau de 1164 du même compte n’en fait pas mention. On le chercherait en vain sur les sceaux des prédécesseurs de Philippe.
On constate par la même méthode que le plus ancien blason des Montmorency, la ''croix cantonnée de quatre alérions'', date de 1177 et se trouve sur l’écu de Mathieu II, tandis que le sceau de {{pagination|5}}Mathieu I{{er}}, avant 1160, n’offre aucun emblème héraldique. — L’écu de Conon, comte de Soissons, porte, de 1178 à 1180, le ''lion passant'' ; on ne voit pas d’armes apparentes sur le type de ce même Conon en 1172. ― Dès 1189, Mathieu III, comte de Beaumont-sur-Oise, tient un bouclier chargé d’un ''lion rampant'', le sceau du même comte ne possède pas d’armoiries en 1177 ; celui de Mathieu II, son prédécesseur, n’en possède pas davantage en 1173. ― Les Coucy présentent en 1190 leur ''fascé de vair et de gueules de six pièces'' ; ce blason n’existe pas sur un sceau de 1150. ― Le ''lion'' des Garlande apparaît en 1192 et ne figure pas sur un sceau de Gui de Garlande en 1170. — Gérard de Saint-Aubert porte en 1194 une bouclier ''chevronné à la bordure'' ; ce seigneur n’a pas encore d’armoiries en 1185. — Les anciennes armes du Hainaut, un ''chevronné de six pièces'', sont reproduites en 1195 sur un sceau de Baudouin le Courageux, tandis que le type de ce même personnage à la date de 1182 en est dépourvu. — Avant 1197, Henri II, comte de Champagne, porte la ''bande coticée'' ; mais dans un type précédent de l’année 1180, on n’aperçoit sur le bouclier qu’un umbo accompagné de son armature de fer; le bouclier de Henri I{{er}}, en 1168, se trouve dans la même condition. — À la date de 1197, Geoffroi, comte du Perche, porte ''trois chevrons'' ; l’écu de son père Rotrou III ne contient pas d’armoiries en 1190. — Gautier d'Avesnes, 1199, se couvre d’un écu {{pagination|6}}''bandé de six pièces'' ; Jacques d'Avesnes, en 1186, n’a pas d’armes distinctes. — On remarque sur le sceau de Guillaume, comte de Clermont en Auvergne, 1199, un écu à ''deux lions passant'' que ne donnent pas les types de ses devanciers. — Enguerran de Picquigny, vidame d’Amiens, porte, en 1199, un ''échiqueté sous un chef de vair'' qui ne se trouve pas chez Gérard de Picquigny, en 1190.
 
D’après les exemples que je viens de citer, le blason fait son apparition dans les dernières années du XII{{e}} siècle, brusquement, sans transition. mais il est d’autres types plus anciens où les pièces des armoiries existent, s’annonçant pour ainsi dire avant de passer dans l’écu. Le sceau d’Enguerran, comte de Saint-Pol, antérieur à l’année 1150, est de ce nombre. Il offre déjà plusieurs ''gerbes'' dispersées dans le champ.
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[[Image:Demay p6.jpg|thumb|Enguerran, comte de Saint-Pol.|200px|center]]
 
{{pagination|7}}Ces gerbes deviendront héraldiques plus tard et formeront, au nombre de cinq, le blason de la famille des Candavène à laquelle appartenait Enguerran. — La fleur de lys de France, dont je reparlerai tout à l’heure, fait partie de cette catégorie. Les sceaux des premiers rois de la troisième race, Henri I{{er}}, Philippe I{{er}}, Louis VI, la contiennent en germe, à l’état d’un fleuron, ornant le sceptre, et la couronne ; un fleuron se voit également à la main du souverain.
 
[[Image:Demay p7a.jpg|thumb|Fleurons : depuis Robert jusqu'à Philippe-Auguste.|200px|center]]
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{{pagination|8}}— On remarque sur le sceau d’Hellin de Wavrin, 1177, une aigle empiétant un lion ; cette aigle est passée en 1193, dans l’écu de Robert de Wavrin, sénéchal de Flandre. — Le sceau de Roger de Meulan, 1195, porte dans le champ un lion passant ; en 1197, ce lion, devenu rampant, figure dans l’écu de Jean de Meulan ; Roger de Meulan tient également un bouclier au lion rampant sur un sceau de 1204. — Julienne, dame de Rosoy, se fait représenter, en 1195, accompagnée de deux roses ; ces roses deviennent bientôt héraldiques. L’écu de Roger de Rosoy, en 1201, en porte trois.
 
Je reviens à la fleur de lys. Jamais question d’origine n’a été plus controversée. Des conjectures probables et des suppositions étranges ont vu le jour à son occasion. Les sceaux interviennent dans le débat et montrent la fleur de lys apparaissant pour la première fois avec un caractère héraldique dans le type de Philippe-Auguste après l’avoir annoncée par le fleuron dès les premiers Capétiens.
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Quel est ce fleuron ? d’où vient-il ? Serait-ce la fleur primitive dont le dessin et la plastique appartiennent à toutes les époques, qui a été connue et employée comme motif d’ornementation chez les peuples les plus anciens et les plus divers, dont se servent encore les modernes ? C’est l’opinion d’Adalbert de Beaumont et son auteur la fait valoir avec autant d’esprit que de verve.
 
{{pagination|9}}D’un autre côté, la sigillographie semble nous entraîner dans une voie toute différente. Si dans les plus anciens types qui représentent la Vierge, on compare les fleurons de la couronne, celui que la Vierge tient à la main, avec les fleurons figurés sur les sceaux de nos rois, on est frappé de leur analogie ; on dirait le dessin du même ornement, du même attribut. Sur un sceau du chapitre de Notre-Dame de Paris, à la date de 1146, les fleurons de la couronne de la Vierge, celui qu’elle porte, le fleuron sur lequel ses pieds reposent, annoncent la future fleur de lys héraldique mieux que ne l’indiquent les sceaux royaux de la même époque.
 
[[Image:Demay p9.jpg|thumb|Chapitre de Notre-Dame de Paris.|200px|center]]
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{{pagination|}10}—Si l’on interroge le type de l’abbaye de Bonne-Espérance (dioc. de Cambrai) en 1155, on remarquera dans les mains de la Vierge un sceptre terminé par un fleuron des plus caractérisés. — En 1197, la Vierge figurée sur le sceau de l’abbaye de Faremoutiers porte un sceptre dont le fleuron est identique au fleuron que saint Louis tiendra quarante ans plus tard à la main ; la couronne de la Vierge est également fleurdelysée.
 
Cette étude comparative offre déjà plus qu’un parallélisme. Elle tend à établir que la fleur de lys des types de la Vierge a devancé la fleur de lys de nos souverains. Les rois de France auraient-ils emprunté l’attribut de la reine du ciel ? L’examen des monnaies a conduit M. Anatole de Barthélémy à se poser la même question et à la résoudre affirmativement. L’autorité de notre savant confrère donne un grand poids à cette nouvelle hypothèse.
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Je viens d’exposer deux des opinions les plus vraisemblables sur l’origine de la fleur de lys. Toutes les deux ont le mérite d’être tirées de l’imagerie.
 
En examinant la première, celle du fleuron primitif, on est conduit à se demander : à quelle époque le fleuron a-t-il pris le nom de fleur de lys ? La plus ancienne mention écrite de la fleur de lys que l’on connaisse, se trouve dans une ordonnance de Louis VII, relative au sacre de son fils. Le mot a-t-il été employé à cette occasion pour {{pagination|11}}la première fois ? ou si cette appellation a été appliquée plus anciennement, jusqu’où remonte-t-elle ? Pourquoi dans un acte bien plus rapproché de nous, dans l’inventaire de Charles V, se sert-on indistinctement pour la description de la couronne tantôt du mot fleuron, tantôt du mot fleur de lys, comme de deux expressions synonymes ?
 
Dans la seconde hypothèse, si le lys a été emprunté à la Vierge, les preuves par les textes sont moins urgentes. La symbolique chrétienne a consacré le lys dès les premiers siècles comme un emblème de virginité. Il s’agit de rechercher vers quelle date le symbole devient un attribut ; la conclusion se trouve subordonnée à l’étude des représentations de la Vierge antérieures à celles qui viennent d’être citées.
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Il m’a paru intéressant de feuilleter les manuscrits à miniatures de la période carlovingienne et de consigner ici le résultat de leur dépouillement.
 
Dans le livre de prières de Charles le Chauve, 842-869 (bibl. nat., latin n°&nbsp;1152), l’empereur est figuré le front ceint d’une couronne à fleurons, {{pagination|12}}tenant un sceptre fleuronné. Le dossier du trône sur lequel le monarque repose est surmonté d’un fleuron à chacun de ses angles. L’agrafe même du manteau rappelle le même ornement.
 
[[Image:Demay p12a.jpg|thumb|Charles le Chauve|200px|center]]
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[[Image:Demay p12b.jpg|thumb|...|200px|center]]
 
{{pagination|13}}Viennent ensuite de nombreuses pages où les bordures sont décorées de motifs dont le fleuron est l’élément principal, d’arabesques dans lesquelles le fleuron seul a été utilisé. Des bandes remplies d’un semé de fleurons diversement colorés enrichissent plusieurs feuillets,
 
[[Image:Demay p13a.jpg|thumb|...|200px|center]]
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[[Image:Demay p13b.jpg|thumb|...|200px|center]]
 
{{pagination|14}}Ce rapprochement nous conduit à une autre hypothèse, bien répandue, celle de la fleur de lys provenant du lys des jardins.
 
Voilà donc l’existence du fleuron attribut reconnue chez nos rois et dans les livres écrits pour eux aux premiers temps carlovingiens.
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Que conclure de ces dernières recherches ? Sinon que le fleuron attribut ornant la couronne et le sceptre de nos souverains remonte à la date des plus anciens manuscrits illustrés, 842-869, et que la Vierge, à partir du XI{{e}} siècle, ne portant plus de fleuron ne saurait l’avoir transmis à nos rois.
 
Les blasons du XII{{e}} siècle sont rares et peu connus. On ne trouvera peut-être pas mauvais que {{pagination|15}}j’ajoute encore quelques noms aux exemples déjà cités.
 
 
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1193, Jean, châtelain de Noyon, un ''parti d'une fasce et d'un palé de vair sous un chef vivré'' ; — Robert de Chartres, ''deux fasces''.<br />
1195, Gilles de Trazegnies, un ''coticé à la bordure denchée'' ; — Robert, comte de Leicester, un ''échiqueté'' ; — Simon de Montfort, ''un lion'' ; — Pierre de Gamaches, ''un lion léopardé passant'' ; — Rasse de Gavre, ''un double trécheur fleuronné'' ; — Richard de Vernon, ''un sautoir''.<br />
{{pagination|16}}1196, Richard de Banthelu, ''une fasce accompagnée de six oiseaux en orle''.<br />
1197, Pierre du Maisnil, ''un franc-canton'' ; — Hugues d'Auchy, un ''échiqueté à la fasce brochant''.<br />
1198, Gui de Moimont, ''trois bandes sous un chef'' ; — Eudes III, duc de Bourgogne, un ''bandé à la bordure'' ; — Jean de Villers-guislain, un ''losangé''.<br />
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Dans les pages qui précèdent, j’ai montré les vraies armoiries, les armoiries héréditaires prenant naissance au dernier quart du XII{{e}} siècle dans plusieurs familles et plusieurs États à la fois. Je vais indiquer à présent comment elles sont figurées sur les sceaux.
 
Les blasons commencent à se produire dans les types équestres. Ils se posent d’abord sur le bouclier que le personnage tient à la main, en langage de chevalerie, sur l’écu. Sans attendre que l’umbo ait disparu, les pièces héraldiques se rangent comme elles peuvent dans son voisinage. Je citerai comme exemples les sceaux de Philippe d’Alsace, 1170, — d’Eudes de Ham, 1177, — de Richard de Vernon et de Richard Cœur-de-{{pagination|17}}Lion, 1195. Les armoiries occupent ensuite le bouclier en cœur de la fin du XII{{e}} siècle. Les divers écus qui succèdent à ce dernier continuent à les recevoir et finissent même, au XIV{{e}} siècle, par ne plus avoir d’autre destination.
 
Mais l’écu du chevalier ne jouit pas longtemps seul du privilège des emblèmes féodaux. Le blason, en vogue depuis peu d’années, envahit bientôt la selle, se posant sur le poitrail en 1215 (sc. de Robert de Braine), sur l’arçonnière de derrière en 1224 (sceau de Mathieu II de Montmorency). À peine la cotte d’armes est-elle entrée dans le vêtement chevaleresque, la housse dans la défense du cheval, 1225, qu’elles se couvrent d’armoiries (voy. le type de Savari de Mauléon). Avant 1230, la lance quitte le gonfanon à banderoles pour prendre une bannière rectangulaire, aux armes. L’ailette, la pièce qui défendait l’épaule, devient dès son origine, 1294, une des pièces honorables portant les armoiries du personnage (sc. de Pierre de Chambly). Le heaume de Philippe d’Alsace est marqué du ''lion de Flandre'' ; celui d’Amauri, sénéchal d’Anjou, 1223, présente sur son pourtour le ''losangé des Craon'' ; un Flamand, Jean d’Axel, coiffe, en 1336, un heaume armorié d’''un chevron''.
 
Avant d’aller plus loin, je placera une observation. Elle découle de ce qui a été exposé jusqu’à présent. L’armature du bouclier engendra, dit-on, les premières pièces de blason. Il suffira, pour {{pagination|18}}réduire à sa juste valeur cette opinion trop généralisée, de citer le lion de Flandre, 1170, — les croissants de la maison de Ham, 1177, — les tourteaux des comptes de Boulogne, 1181, — et ceux des Courtenai, 1184, — les merlettes des Mello, 1185, — les gerbes des Bouteiller de Senlis, 1186, — le dextrochère des Mortagne, 1191, — le lion des Montfort, 1195, etc. Tous ces emblèmes empruntés aux plus anciennes armoiries n’offrent rien de commun avec la ferrure symétrique d’un écu.
 
J’ajouterai que la nécessité de placer des armoiries sur l’écu compte pour bien peu dans les modifications qu’il a subies. Ses changements de forme, je crois l’avoir démontré dans l’étude sur le type chevaleresque, tiennent par un lien étroit au progrès de l’habillement défensif. D’ailleurs les boucliers de tous les temps n’ont-ils pas été décorés de signes distinctifs ?
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<div style="text-align:center;">{{pagination|19}}''Écus droits.''</div>
 
Le type héraldique apparaît vers 1193. L’écu, à cette date, figure debout et seul dans le champ du sceau dont il occupe la plus grande surface et presque toute la hauteur. Il a la forme dite en cœur. À ce modèle appartiennent les sceaux de Robert de Chartres, 1193, — de Henri d’Estouteville et de Henri de Ferrières, 1205, — d’Eudes des Barres, 1210, — de Nicolas d’Estrées, 1215, — de Thibaud de Berville, 1218, — d’Ansel de Gournay, 1221, — de Jean de Beaumont-sur-Oise, 1237.
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{{pagination|20}}[[Image:Demay p20a.jpg|thumb|Guillaume de Garlande.|200px|center]]
 
En 1227, l’écu est devenu triangulaire, presque aussi large que haut, à angles émoussés. Voyez les types de Gautier de Chateron, 1227, de Pierre de Canly, 1231.
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Puis de 1254 à 1291, le triangle s’allonge ; son bord supérieur devient tout-à-fait droit et même un peu concave, à angles adjacents franchement accusés. Quelquefois ses bords latéraux sont presque droits comme sur le sceau de Nicolas de Pomponne, 1254, ou tout-à-fait droits comme au type de Sebran Chabot, 1269.
 
{{pagination|21}}[[Image:Demay p21a.jpg|thumb|Sebran Chabot.|200px|center]]
 
Mais leur forme ordinaire sera légèrement convexe (voy. les types de Raoul Bouteiller de Senlis, 1266, de Simon du Châtel, 1291) et ils conserveront cette courbure par la suite.
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[[Image:Demay p21b.jpg|thumb|Raoul Bouteiller de Senlis.|200px|center]]
 
Pendant cette dernière période, le goût des accessoires ornés commence à se faire sentir. On inscrit quelquefois l’écu dans une rosace à lobes garnis de rinceaux. Les types de Maurice de Craon, sénéchal d’Anjou, 1271, et de la sénéchaussée de Saintonge à la Rochelle, 1273, offrent les {{pagination|22}}plus beaux spécimens de cette sorte d’ornementation.
 
[[Image:Demay p22.jpg|thumb|Sénéchaussée de Saintonge à la Rochelle.|200px|center]]
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On entoure ensuite l’écu de motifs tirés de l’architecture de l’époque et dont l’ogive forme l’élément principal. Ce sont des trilobes ou des quadrilobes, tantôt simples, tantôt combinés avec un système de petits arcs ou d’angles sortants, décorés à l’intérieur de festons, de feuillages, d’animaux, de figures emblématiques telles que celles des quatre évangélistes.
 
De plus, l’écu est accompagné, vers 1344, de personnages naturels ou fantastiques, d’animaux, {{pagination|23}}d’oiseaux qui le soutiennent d’ordinaire, l’un à droite, l’autre à gauche.
 
 
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[[Image:Demay p23.jpg|thumb|Humbert II.|200px|center]]
 
Toutefois la composition du sceau n’exige pas toujours un encadrement architectural. Perronnelle, vicomtesse de Thouars, en 1378, fait supporter son écu par deux lions au manteau échiqueté sur l’épaule et le suspend par la guiche, c’est-à-dire la courroie, au cou d’une aigle, sans avoir recours à des ornements accessoires. dans le type de Charles d’Artois, 1413, l’écu posé sur {{pagination|24}}un fond de rinceaux, sans encadrement, est supporté par deux béliers et surmonté d’un troisième.
 
[[Image:Demay p24.jpg|thumb|Perronnelle, vicomtesse de Thouars.|200px|center]]
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Les écus dont il a été parlé jusqu’à présent sont droits, debout sur la pointe dans le champ du sceau. Vers le milieu du {{s|XIV}}, la mode vint de les placer de biais, de les pencher et de poser sur leur angle le plus élevé un heaume surmonté d’un cimier, en termes de blason de les timbrer. On leur donna des supports, comme il vient d’être dit pour les sceaux droits, d’ordinaire au nombre de deux, l’un à droite, l’autre à gauche. D’autres fois la disposition n’en comporte qu’un seul, tandis que dans certains cas on a eu recours à des supports multiples.
 
Dès le déclin du {{s|XIII}}, on a songé à soutenir l’écu, mais les vrais supports héraldiques commencent, ainsi que je l’ai déjà dit, vers 1344. On a demandé, pour remplir cet objet, des motifsmo-{{pagination|25}}tifs à tous les règnes de la nature, au ciel, à la mythologie. Le ciel a donné les anges qui tiennent l’écu de France et ceux de beaucoup de dames. La fable a prêté les centaures, les cerfs ailés, les licornes, le phénix, les griffons, les sirènes et les tritons.
 
À la terre on a pris l’homme dans ses différents états, depuis l’homme d’armes jusqu’à l’homme sauvage, et parmi les animaux : le bélier, la biche, le cheval, les chiens de diverses espèces, le léopard, le lion que l’on a quelquefois coiffé d’un heaume ou recouvert d’un manteau armorié, des loups, des ours, des rats, des sangliers. Les arbres même ont fourni leurs branches, ou estocs. Dans le domaine des oiseaux, on a choisi l’aigle, le cygne, le héron ; les aigles portent aussi quelquefois le manteau armorié, et les cygnes le heaume. On ne pouvait manquer d’emprunter à la mer le dauphin.
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Je donnerai quelques exemples de support unique, de supports doubles et de supports plus compliqués, en commençant par le support unique, plus ancien de quelques années que le composé.
 
<div style="text-align:center;">{{pagination|26}}''Support unique.''</div>
 
Une ''aigle'' porte à son cou l’écu de Louis I{{er}}, duc d’Anjou, 1370.<br />
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Les ''hommes d'armes'' en pied, à mi-corps, en buste, ont été très-employés. L’écu de Florent de Hainaut, 1283, est supporté par un guerrier debout.
 
{{pagination|27}}[[Image:Demay p27a.jpg|thumb|Florent de Hainaut.|200px|center]]
 
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de Jean IV, comte d’Alençon, 1408, — de Guillaume de Dommartin, 1425.
 
{{pagination|28}}Dans le type de Marguerite de Pommiers, vicomtesse de Fronsac, en 1394, un ''oiseau'' à la tête humaine soutient deux écus.
 
<div style="text-align:center;">''Deux supports.''</div>
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Deux ''chevaux''. Jean II, comte de Tancarville, 1366.<br />
Deux ''chiens''. Jean de la Ferté, 1391. — Charles d’Artois, comte d’Eu, 1468, emploie deux dogues ; — Guillaume, vicomte de Melun, 1397, et Sacquet de Blaru, chambellan du roi, 1415, deux lévriers.<br />
Deux ''cygnes''. Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, {{pagination|29}}1445. Ils sont montés chacun sur un ours dans le type de Jean, duc de Berri, 1386.
 
[[Image:Demay p29.jpg|thumb|Jean d'Orléans.|200px|center]]
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Deux ''griffons''. Olivier de Clisson, 1387 ; — Philippe de Habarcq, Jacques de Luxembourg, tous deux chambellans du roi, 1482.<br />
Deux ''hérons''. Gilles d’Eclaibes, 1428.<br />
{{pagination|30}}Deux ''hommes sauvages''. Jean, vicomte de Melun, chambellan de France, 1340 ; — Bouchard VII, comte de Vendôme, 1368 ; — Jean VI, comte d’Harcourt, 1376 ; — Jean de Bourbon, comte de la Marche, 1384 ; — deux hommes sauvages à cheval sur deux lions, au sceau de Gérard de Harchies, 1476.<br />
Deux ''sarrazins''. Jean I{{er}}, comte d’Armagnac, 1343-60 ; — Louis II, comte d’Etampes, 1381.<br />
Deux ''léopards'' mantelés. Perronnelle, vicomtesse de Thouars, 1378.<br />
Deux ''licornes''. Bertrand II, comte de Boulogne, 1473.<br />
Deux ''lions''. Jean, comte de Dreux et de la Braine, 1287 ; — Charles, comte de la Marche, qui fut Charles le Bel, 1317 ; — Jean de Boulogne, comte de Montfort, 1351 ; — Charles, duc de Normandie, plus tard Charles V, 1360 ; — Guillaume de Penhoët, 1381 ; — Jean sans Peur, 1403 ; —Bureau de Dicy, échanson du roi, 1404 ; — Louis de Chalon, prince d’Orange, 1432 ; — Louis de Laval, chambellan du roi, 1465 ; — François II, duc de Bretagne, 1475. — Deux lions au manteau armorié et chargé d’une devise. Hugues de Gramont, 1341. — Deux lions assis, coiffés d’un heaume cimé d’une tête humaine à oreilles d’âne. Arnaud-Amanieu d’Albret, 1368.<br />
{{pagination|31}}Deux ''loups''. Amanieu de Pommiers, 1374.<br />
Deux ''oiseaux'' (deux colombes ?). Jean Bétas, chambellan du roi, 1401.<br />
Deux ''ours''. Louis de bourbon, comte de Montpensier, dauphin d’Auvergne, 1450.<br />
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Un ''chien'' lévrier et un ''lion''. Édouard de Bar, 1407.<br />
Une ''damoiselle'' et un ''lévrier''. Girard de Cousance, 1398.<br />
{{pagination|32}}Une ''damoiselle'' et un ''griffon''. L'amiral Louis de Graville, 1514.<br />
Une ''damoiselle'' et un ''homme sauvage''. Guillaume de Naillac, chambellan du roi, 1386.<br />
Un ''estoc'' et un ''lévrier''. Jeanne de Bourbon, comtesse d'Auvergne et de Boulogne, 1502.<br />