« Les Femmes savantes » : différence entre les versions

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[[Catégorie:XVIIe siècle|Femmes savantes]]
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{{personnages|
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{{Personnage|Chrysale}}, bon Bourgeois.
{{Personnage|Philaminte}}, femme de Chrysale.
{{Personnage|Armande}}, {{personnagePersonnage|Henriette}}, filles de Chrysale et de Philaminte.
{{Personnage|Ariste}}, frère de Chrysale.
{{Personnage|Bélise}}, sœur de Chrysale.
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{{Personnage|Henriette}}<br>{{NumVers|20}}Et qu’est-ce qu’à mon âge on a de mieux à faire,<br>Que d’attacher à soi, par le titre d’époux,<br>Un homme qui vous aime, et soit aimé de vous ;<br>Et de cette union de tendresse suivie,<br>Se faire les douceurs d’une innocente vie ?<br>{{NumVers|25}} Ce nœud bien assorti n’a-t-il pas des appas ?
{{Personnage|Armande}} Mon Dieu, que votre esprit est d’un étage bas !<br>Que vous jouez au monde un petit personnage,<br>De vous claquemurer aux choses du ménage,<br>Et de n’entrevoir point de plaisirs plus touchants,<br>{{NumVers|30}}Qu’un idole d’époux, et des marmots d’enfants !<br>Laissez aux gens grossiers, aux personnes vulgaires,<br>Les bas amusements de ces sortes d’affaires.<br>À de plus hauts objets élevez vos désirs,<br>Songez à prendre un goût des plus nobles plaisirs,<br>{{NumVers|35}}Et traitant de mépris les sens et la matière,<br>À l’esprit comme nous donnez-vous toute entière :<br>Vous avez notre mère en exemple à vos yeux,<br>Que du nom de savante on honore en tous lieux,<br>Tâchez ainsi que moi de vous montrer sa fille,<br>{{NumVers|40}}Aspirez aux clartés qui sont dans la famille,<br>Et vous rendez sensible aux charmantes douceurs<br>Que l’amour de l’étude épanche dans les cœurs :<br>Loin d’être aux lois d’un homme en esclave asservie ;<br>Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie,<br>{{NumVers|45}} Qui nous monte au-dessus de tout le genre humain,<br>Et donne à la raison l’empire souverain,<br>Soumettant à ses lois la partie animale<br>Dont l’appétit grossier aux bêtes nous ravale.<br>Ce sont là les beaux feux, les doux attachements,<br>{{NumVers|50}}Qui doivent de la vie occuper les moments ;<br>Et les soins où je vois tant de femmes sensibles,<br>Me paraissent aux yeux des pauvretés horribles.
{{Personnage|Henriette}} Le Ciel, dont nous voyons que l’ordre est tout-puissant,<br>Pour différents emplois nous fabrique en naissant ;<br>Et tout esprit n’est pas composé d’une étoffe<br>{{NumVers|55}}Qui se trouve taillée à faire un philosophe.<br>Si le vôtre est né propre aux élévations<br>Où montent des savants les spéculations,<br>Le mien est fait, ma sœur, pour aller terre à terre,<br>{{NumVers|60}} Et dans les petits soins son faible se resserre.<br>Ne troublons point du Ciel les justes règlements,<br>Et de nos deux instincts suivons les mouvements ;<br>Habitez par l’essor d’un grand et beau génie,<br>Les hautes régions de la philosophie,<br>{{NumVers|65}}Tandis que mon esprit se tenant ici-bas,<br>Goûtera de l’hymen les terrestres appas.<br>Ainsi dans nos desseins l’une à l’autre contraire,<br>Nous saurons toutes deux imiter notre mère ;<br>Vous, du côté de l’âme et des nobles désirs,<br>{{NumVers|70}} Moi, du côté des sens et des grossiers plaisirs ;<br>Vous, aux productions d’esprit et de lumière,<br>Moi, dans celles, ma sœur, qui sont de la matière.
{{Personnage|Armande}} Quand sur une personne on prétend se régler,<br>C’est par les beaux côtés qu’il lui faut ressembler ;<br>{{NumVers|75}}Et ce n’est point du tout la prendre pour modèle,<br>Ma sœur, que de tousser et de cracher comme elle.
{{Personnage|Henriette}} Mais vous ne seriez pas ce dont vous vous vantez,<br>Si ma mère n’eût eu que de ces beaux côtés ;<br> Et bien vous prend, ma sœur, que son noble génie<br>{{NumVers|80}}N’ait pas vaqué toujours à la philosophie.<br>De grâce souffrez-moi par un peu de bonté<br>Des bassesses à qui vous devez la clarté ;<br>Et ne supprimez point, voulant qu’on vous seconde,<br>Quelque petit savant qui veut venir au monde.
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{{sc|Martine}}, {{sc|Chrysale}}.
 
{{Personnage|Martine}} Me voilà bien chanceuse ! Hélas l’an dit bien vrai [[Les Femmes savantes - Notes#note25|*]] : Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage,<br>{{NumVers|420}}Et service d’autrui n’est pas un héritage[[Les Femmes savantes - Notes#note26|*]].
{{Personnage|Chrysale}} Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous, Martine ?
{{Personnage|Martine}} Ce que j’ai ?
{{Personnage|Chrysale}} Oui ?
{{Personnage|Martine}} J’ai que l’an me donne [[Les Femmes savantes - Notes#note27|*]] aujourd’hui mon congé,<br>Monsieur.
Votre congé !
{{Personnage|Martine}} Oui, Madame me chasse.
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{{Personnage|Philaminte}} {{NumVers|440}}Je ne veux point d’obstacle aux désirs que je montre.
{{Personnage|Chrysale}} D’accord.
{{Personnage|Philaminte}} Et vous devez en raisonnable époux,<br>Être pour moi contre elle et prendre mon courroux [[Les Femmes savantes - Notes#note28|*]].
{{Personnage|Chrysale}} Aussi fais-je. Oui, ma femme avec raison vous chasse,<br>Coquine, et votre crime est indigne de grâce.
{{Personnage|Martine}} Qu’est-ce donc que j’ai fait ?