« Les Fleurs du mal (1861)/Le Rêve d’un curieux » : différence entre les versions
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Version du 21 janvier 2006 à 11:31
CXXV. - Le rêve d’un curieux
A. F. N.
Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse,
Et de toi fais-tu dire : "Oh! l’homme singulier!"
- J’allais mourir. C’était dans mon âme amoureuse,
Désir mêlé d’horreur, un mal particulier;
Angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse.
Plus allait se vidant le fatal sablier,
Plus ma torture était âpre et délicieuse;
Tout mon coeur s’arrachait au monde familier.
J’étais comme l’enfant avide du spectacle,
Haïssant le rideau comme on hait un obstacle...
Enfin la vérité froide se révéla:
J’étais mort sans surprise, et la terrible aurore
M’enveloppait. - Eh quoi! n’est-ce donc que cela?
La toile était levée et j’attendais encore.