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cordée ; tout était prêt mais on a hésité on a réfléchi, on a craint, et personne n’est parti. Tel est encore l’empire de la superstition et de l’ignorance. Nous voyons tous les jours dans le monde physique les ténèbres de la nuit se retirer, à l’heure marquée, devant la lumière du soleil. Il n’en est pas de même dans les sociétés humaines, où il n’y a point, d’heure marquée pour l’arrivée du jour, où la nuit des préjugés replie lentement ses voiles, et ne se dissipe qu’a force d’épreuves, de secousses et de malheurs.

Que résultera-t-il de ces contradictions, de ces incertitudes qu’on remarque dans les sentimens et le caractère d’un peuple qui veut tout à la fois être nouveau et ancien ? On pourrait croire quelquefois que les Turcs s’éloignent de la barbarie ; mais s’approchent-ils de la civilisation ? le temps nous l’apprendra. Je me rappelle avoir vu dans le Paradis perdu de Milton un tableau des premiers momens de la création, qui ressemble assez à l’état actuel des Ottomans. Le poète nous montre les êtres sortant par degré du néant, la terre s’essayant à produire des plantes inconnues, des animaux à moitié formés. C’est ainsi qu’on trouve partout chez les Turcs les images imparfaites d’une création commencée. Un monde nouveau semble apparaître mais le chaos est encore là, toujours prêt à ressaisir son empire. Voilà bien des comparaisons, mon cher ami, pour vous dire la même chose ; mais