« De la Terre à la Lune/Chapitre 2 » : différence entre les versions

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A la place d’honneur, on voyait, abrité par une splendide vitrine, un morceau de culasse, brisé et tordu sous l’effort de la poudre, précieux débris du canon de J.-T. Maston.
 
A l’extrémité de la salle, le président, assisté de quatre secrétaires, occupait une large esplanade. Son siège, élevé sur un affût sculpté, affectait dans son ensemble les formes puissantes d’un mortier de trente-deux pouces ; il était braquebraqué sous un angle de quatre-vingt-dix degrés et suspendu à des tourillons, de telle sorte que le président pouvait lui imprimer, comme aux « rocking-chairs »<ref>Chaises à bascule en usage aux États-Unis.</ref>, un balancement fort agréable par les grandes chaleurs. Sur le bureau, vaste plaque de tôle supportée par six caronades, on voyait un encrier d’un goût exquis, fait d’un biscaïen délicieusement ciselé, et un timbre à détonation qui éclatait, à l’occasion, comme un revolver. Pendant les discussions véhémentes, cette sonnette d’un nouveau genre suffisait à peine à couvrir la voix de cette légion d’artilleurs surexcités.
 
Devant le bureau, des banquettes disposées en zigzags, comme les circonvallations d’un retranchement, formaient une succession de bastions et de courtines où prenaient place tous les membres du Gun-Club, et ce soir-là, on peut le dire, « il y avait du monde sur les remparts ». On connaissait assez le président pour savoir qu’il n’eût pas dérangé ses collègues sans un motif de la plus haute gravité.