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ce qui est assez rare dans ce pays, et j’y ai trouvé un grand feu allumé ; la lueur du foyer ne m’a montré dans ma chambre à coucher que les quatre murailles. Point de tapis, point de divan ; on avait étendu par terre une natte grossière ; j’ai compris que ce devait être la mon lit : comme je n’avais rien pour reposer ma tête, j’ai recommandé à Antoine de m’apporter la plus grosse pierre qu’il pourrait trouver dans la cour. Méhémet, envoyant qu’on m’apportait ce dur oreiller, a pris pitié de moi, et m’a envoyé un vieux coussin tiré du harem. À peine avais-je pris ainsi mes arrangemens, que le prêtre arménien est venu partager ma natte et s’étendre à mes côtés ; il n’a pas tardé à ronfler, d’une telle force, que j’entendais à peine la tramontane qui ébranlait les toits du tchiflik. Pour comble de disgrâce, la multitude de petits animaux que mon camarade de lit avait apportés d’Égypte, et qui, pendant le jour, avaient coutume de se retrancher dans ses haillons, ont profité des ténèbres de la nuit pour faire de nombreuses excursions dans le voisinage. Il est sorti aussi un bon nombre de ces petits animaux des flancs poudreux du coussin que Méhémet m’avait fait donner : je n’ai pu fermer l’œil ni trouver un moment de, repos. C’est ainsi que j’ai passé la nuit du 8 août i83o. Vous voyez, mon cher ami, que j’en reviens toujours a des choses personnelles, mais au moins ces choses-là n’irriteront pas l’envie. Pardonnez à la misère
ce qui est assez rare dans ce pays, et j’y ai trouvé un grand feu allumé ; la lueur du foyer ne m’a montré dans ma chambre à coucher que les quatre murailles. Point de tapis, point de divan ; on avait étendu par terre une natte grossière ; j’ai compris que ce devait être la mon lit : comme je n’avais rien pour reposer ma tête, j’ai recommandé à Antoine de m’apporter la plus grosse pierre qu’il pourrait trouver dans la cour. Méhémet, envoyant qu’on m’apportait ce dur oreiller, a pris pitié de moi, et m’a envoyé un vieux coussin tiré du harem. À peine avais-je pris ainsi mes arrangemens, que le prêtre arménien est venu partager ma natte et s’étendre à mes côtés ; il n’a pas tardé à ronfler, d’une telle force, que j’entendais à peine la tramontane qui ébranlait les toits du tchiflik. Pour comble de disgrâce, la multitude de petits animaux que mon camarade de lit avait apportés d’Égypte, et qui, pendant le jour, avaient coutume de se retrancher dans ses haillons, ont profité des ténèbres de la nuit pour faire de nombreuses excursions dans le voisinage. Il est sorti aussi un bon nombre de ces petits animaux des flancs poudreux du coussin que Méhémet m’avait fait donner : je n’ai pu fermer l’œil ni trouver un moment de, repos. C’est ainsi que j’ai passé la nuit du 8 août 1830. Vous voyez, mon cher ami, que j’en reviens toujours a des choses personnelles, mais au moins ces choses-là n’irriteront pas l’envie. Pardonnez à la misère