« Les Fleurs du mal (1861)/Bénédiction » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m retrait des prefixes |
m ThomasV : split |
||
Ligne 1 :
Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,<br>▼
Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,<br>▼
▲Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes<br>▼
▲Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,
▲Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
▲Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :
-
Plutôt que de nourrir cette dérision
Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères<br>
Où mon ventre a conçu mon expiation
Pour être le dégoût de mon triste mari,<br>
Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,<br>
Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,
Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,<br>
Et je tordrai si bien cet arbre misérable,<br>
Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés
Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,<br>
Et, ne comprenant pas les desseins éternels,<br>
Elle-même prépare au fond de la Géhenne<br>
Les bûchers consacrés aux crimes maternels.
Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,<br>
L'Enfant déshérité s'enivre de soleil,<br>
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange<br>
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.
Il joue avec le vent, cause avec le nuage,<br>
Et s'enivre en chantant du chemin de la croix
Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage<br>
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.
Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,<br>
Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,<br>
Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,<br>
Et font sur lui l'essai de leur férocité.
Dans le pain et le vin destinés à sa bouche<br>
Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats
Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,<br>
Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.
Sa femme va criant sur les places publiques
Je ferai le métier des idoles antiques,<br>
Et comme elles je veux me faire redorer
De génuflexions, de viandes et de vins,<br>
Pour savoir si je puis dans un
Usurper en riant les hommages divins
Je poserai sur lui ma frêle et forte main
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,<br>
Sauront jusqu'à son
J'arracherai ce
Et, pour rassasier ma bête favorite,<br>
Je le lui jetterai par terre avec dédain
Vers le Ciel, où son
Le Poète serein lève ses bras pieux,<br>
Et les vastes éclairs de son esprit lucide<br>
Lui dérobent l'aspect des peuples furieux
-
Comme un divin remède à nos impuretés<br>
Et comme la meilleure et la plus pure essence<br>
Qui prépare les forts aux saintes voluptés
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,<br>
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête<br>
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,<br>
Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique<br>
Imposer tous les temps et tous les univers.
Les métaux inconnus, les perles de la mer,<br>
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire<br>
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,<br>
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,<br>
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs
|