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disposés pour Napoléon, qui était encore l’unique idole de ses pensées.
■2^0 REVUE UES DEUX MONDES.
Lorsque je lui dis que l’Empereur avait en Angleterre un grand nombre
disposés pour Napoléon, qui était encore l'unique idole de ses pensées.
d’admirateurs qui rendaient pleine justice à son génie, elle pressa doucement
Lorsque je lui dis que l'Empereur avait en Angleterre un grand nombre
ma main, et je vis une larme briller dans ses yeux. « Pourquoi donc
d'admirateurs qui rendaient pleine justice à son génie , elle pressa douce-
alors, me répondit-elle, avez-vous laissé mourir mon fils sur un rocher ?
ment ma main, et je vis une hrme briller dans ses yeux. « Pourquoi donc
ne lui pouviez-vous trouver une prison moins cruelle ? Mais excusez les
alors, me répondit-elle , avez-vous laissé mourir mon fils sur un rocher?
regrets d’une mère que l’on a privée d’un pareil enfant, ajouta-t-elle, ce
ne lui pouviez-vous trouver une prison moins cruelle? Mais excusez les
ne fut pas d’ailleurs la faute de votre nation, et je lui suis bien reconnaissante
regrets d'une mère que l'on a privée d'un pareil enfant, ajouta-t-elle , ce
de sa sympathie pour Napoléon. » Jérôme détourna bientôt la
ne fut pas d'ailleurs la faute de votre nation , et je lui suis bien recon-
conversation de ce triste sujet ; mais madame Bonaparte ne se mêla plus
naissante de sa sympathie pour Napoléon, o Jérôme détourna bientôt la
guère à notre entretien que par quelques monosyllabes, quoique ses manières
conversation de ce triste sujet; mais madame Bonaparte ne se mêla plus
continuassent d’être aussi bienveillantes et aussi gracieuses, et qu’elle
guère à notre entretien que par quelques monosyllabes , quoique ses ma-
nières continuassent d'être aussi bienveillanteset aussi gracieuses, et qu'elle
conservât avec nous ce ton affectueux qui distingue les dames italiennes
conservât avec nous ce ton affectueux qui distingue les dames italiennes
de haut rang, surtout lorsqu'elles sont avancées en âge. Lorsque nous
de haut rang, surtout lorsqu’elles sont avancées en âge. Lorsque nous
eûmes fait le tour du jardin en marchant très-lentement pour ne pas la
eûmes fait le tour du jardin en marchant très-lentement pour ne pas la
fatiguer, elle monta dans sa voiture , aidée de Jérôme et de mon mari.
fatiguer, elle monta dans sa voiture, aidée de Jérôme et de mon mari.
Jérôme et sa femme lui baisèrent la main , la princesse avec autant d'hu-
Jérôme et sa femme lui baisèrent la main, la princesse avec autant d’humilité
milité que si Létilia eût eu sur la tête une couronne, et que si elle-même
que si Létitia eût eu sur la tête une couronne, et que si elle-même
n'en eût jamais porté. Madame Bonaparte nous engagea à la venir visiter.
n’en eût jamais porté. Madame Bonaparte nous engagea à la venir visiter.
En partant , elle m'embrassa sur le front et prit la main de mon mari , en
En partant, elle m’embrassa sur le front et prit la main de mon mari, en
nous disant à tousdeux des paroles pleines d'affabilité. Tous les hommes
nous disant à tous deux des paroles pleines d’affabilité. Tous les hommes
qui étaient présens , y compris Jérôme , restèrent découverts jusqu'à ce
qui étaient présens, y compris Jérôme, restèrent découverts jusqu’à ce
que la voiture de la princesse fût partie; alors ils montèrent dans la leur
que la voiture de la princesse fût partie ; alors ils montèrent dans la leur
et s'éloignèrent aussi.
et s’éloignèrent aussi.

» Il y avait en vérité quelque chose de bien touchant dans cette entre-
» Il y avait en vérité quelque chose de bien touchant dans cette entrevue
vue que nous venions d'avoir avec cette femme célèbre! C'était la mère
que nous venions d’avoir avec cette femme célèbre ! C’était la mère
de César marchant au milieu des ruines du palais des Césars , et pleu-
de César marchant au milieu des ruines du palais des Césars, et pleurant
rant un fils dont la renommée avait rempli le monde! C'était la mère de
un fils dont la renommée avait rempli le monde ! C’était la mère de
Napoléon soutenue par un autre fils dont le front avait ceint aussi le
Napoléon soutenue par un autre fils dont le front avait ceint aussi le
diadème, et qui , maintenant dépouillé de ses grandeurs, rappelait cette
diadème, et qui, maintenant dépouillé de ses grandeurs, rappelait cette
belle peinture du souverain détrôné , de l'un de nos poètes :
belle peinture du souverain détrôné, de l’un de nos poètes :

« He who has worn a crown ,
<poem>{{tab}}{{tab}}« He who has worn a crown,
When less than lings, is less than other men.
When less than lings, is less than other men.
A fallen star extinguished , leaving blank
A fallen star extinguished, leaving blank
Ist place in heaven. »
Ist place in heaven. »</poem>

Puia une autre femme était là, soutenant aussi madame Bonaparte ;
Puis une autre femme était là, soutenant aussi madame Bonaparte ;
c'était la fille des rois des vieilles souches, la fille des rois légitimes,
c’était la fille des rois des vieilles souches, la fille des rois légitimes,
alliée avec la moitié des têtes couronnées du jour , qui , résistant aux
alliée avec la moitié des têtes couronnées du jour, qui, résistant aux
brillantes offres de sa famille, avait noblement suivi son mari dans
brillantes offres de sa famille, avait noblement suivi son mari dans sa