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embryons de famille et de société. L’être humain n’est seul nulle part ; il n’est seul que par exception ; des individus peuvent s’isoler : ils n’appartiennent plus à l’humanité géographique ; ce sont les hasards des naufrages ou les rêves mystiques ou idéalistes qui l’ont les « Robinson » ou les « Stylite ; » ce sont les systèmes abstraits des philosophes ou des législateurs qui peuvent parler de l’homme en soi comme d’un être isolé. C’est par une abstraction que nous disons « l’homme u comme terme générique embrassant l’humanité ; le fait positif et réel ce sont les êtres humains vivant partout en groupes sur la terre. Telle est encore une des observations essentielles qui doit gouverner la géographie humaine, et qui détermine une troisième et très riche série de faits.

Les faits les plus simples résultant de cette pluralité des êtres humains en tous les points de la terre sont les échanges. De rechange, nous devons dire ce que nous disions des faits d’exploitation de la terre : presque dès son origine et au moins chez l’un des deux agens, l’échange représente un effort et un plan, — une prévision du lendemain ; et le fait de l’échange nous importe surtout, dès qu’il se traduit par cette expressive réalité géographique, le marché.

Mais les hommes ne se trouvent pas seulement dans la nécessité de distribuer entre eux les produits de la terre ; ils sont obligés de régler entre eux — d’une façon plus ou moins nette et consciente — les conditions de la production, la distribution du travail, et par-dessus tout la division du sol.

D’une manière générale et quasi universelle, l’homme qui cultive la terre ne la cultive pas pour lui seul mais pour un groupe familial ou social ; l’homme qui élève un troupeau fait partie d’une collectivité ; les deux hommes qui échangent ne sont pas des êtres respectivement isolés, mais appartiennent l’un et l’autre à des groupes. Tous les faits d’exploitation de la terre sont multipliés et perfectionnés en vue de cette fin sociale. Etres trop jeunes dont les ascendans doivent entretenir la vie, êtres trop vieux qui ne peuvent plus s’assurer par eux-mêmes les ressources vitales, dépendent pour leur vie même — nourriture, abri, vêtement — du travail des adultes. De là des faits d’organisation plus ou moins complexes qui sont dans une certaine mesure en rapport avec les conditions du travail et qui dans une certaine mesure réagissent sur ces conditions elles-mêmes.