« Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t1.djvu/17 » : différence entre les versions

ThomasBot (discussion | contributions)
m Maltaper: split
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
ne sont pas toutes bien fondées : par exemple, condamner tous les hiatus est excessif ; interdire qu’un mot au singulier rime avec un mot au pluriel, exiger que les rimes féminines alternent avec les masculines, sont des prohibitions et des prescriptions arbitraires et partant abusives, puisqu’elles ne sont pas dictées par l’oreille. Ces rigueurs injustifiables sont très fâcheuses ; elles ont inutilement accru les difficultés de la technique. Mais, s’il convient de les abolir, il s’en faut de beaucoup que les autres réformes proposées soient admissibles. Elles intéressent, en effet, l’essence du vers. Il est regrettable que, avant de toucher à sa structure consacrée, les réformateurs ne se soient pas sentis obligés de le définir. Ils n’y ont pas songé, car les artistes ne sont pas tenus d’analyser leurs aptitudes pour les exercer. Mais il est étonnant qu’ils n’aient pas été avertis de leur témérité par le
ne sont pas toutes bien fondées : par exemple,
seul témoignage de leur oreille, qui n’est sans doute pas organisée autrement que la nôtre. En quoi donc le vers se distingue-t-il de la prose ? Quelles en sont les qualités caractéristiques ?
condamner tous les hiatus est excessif ; interdire qu’un mot au singulier rime avec un mot
au pluriel, exiger que les rimes féminines alternent avec les masculines, sont des prohibitions
et des prescriptions arbitraires et partant abusives, puisqu’elles ne sont pas dictées par l’oreille. Ces rigueurs injustifiables sont très fâcheuses ; elles ont inutilement accru les difficultés
de la technique. Mais, s’il convient de les abolir,
il s’en faut de beaucoup que les autres réformes
proposées soient admissibles. Elles intéressent,
en effet, l’essence du vers. Il est regrettable
que, avant de toucher à sa structure consacrée,
les réformateurs ne se soient pas sentis obligés
de le définir. Ils n’y ont pas songé, car les artistes ne sont pas tenus d’analyser leurs aptitudes
pour les exercer. Mais il est étonnant qu’ils
n’aient pas été avertis de leur témérité par le
seul témoignage de leur oreille, qui n’est sans
doute pas organisée autrement que la nôtre. En
quoi donc le vers se distingue-t-il de la prose ?
Quelles en sont les qualités caractéristiques ?


Le débat que je viens de rappeler, et auquel j’ai été mêlé, m’a mis en demeure d’étudier de près ce qui constitue le vers. J’ai eu plusieurs fois déjà l’occasion d’exposer par fragments mes idées sur ce point dans divers écrits. Je vais les résumer très succinctement, dans l’espoir que, si je ne me suis pas trompé, le lecteur de cette anthologie, l’étranger surtout, pourra établir
Le débat que je viens de rappeler, et auquel
ses appréciations non sur des préjugés sans contrôle, mais sur des principes déduits de la
j’ai été mêlé, m’a mis en demeure d’étudier de
près ce qui constitue le vers. J’ai eu plusieurs
fois déjà l’occasion d’exposer par fragments mes
idées sur ce point dans divers écrits. Je vais les
résumer très succinctement, dans l’espoir que,
si je ne me suis pas trompé, le lecteur de cette
anthologie, l’étranger surtout, pourra établir
ses appréciations non sur des préjugés sans
contrôle, mais sur des principes déduits de la