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l’entendre. Je me dis alors : Si je gagne aujourd’hui plus de trois florins, j’en emploierai un à acheter demain un billet pour le concert. J’eus le bonheur de recevoir trois florins et demi, et je satisfis ma curiosité. — Ce scherzo vous est donc resté dans la mémoire ? — J’en sais la première moitié et les dernières mesures seulement, je n’ai jamais pu me rappeler le reste. — Quel effet vous a-t-il produit quand vous l’avez entendu ? dites-moi la vérité. — Oh ! un singulier, très-singulier effet ! Il m’a fait rire, mais rire tout de bon et sans pouvoir m’en empêcher. Je n’avais jamais pensé que les instruments connus pussent produire des sons pareils, ni qu’un orchestre de cent musiciens pût se livrer à de si amusantes petites cabrioles. Mon agitation était extrême, et je riais toujours. Aux dernières mesures du morceau, à cette phrase rapide où les violons partent en montant comme une flèche, je fis même un si grand éclat de rire, qu’un de mes voisins voulut me faire mettre à la porte, pensant que je me moquais de vous. En vérité pourtant je ne me moquais pas, au contraire ; mais c’était plus fort que moi. — Parbleu, vous avez une manière originale de sentir la musique, je suis curieux de savoir comment vous l’avez apprise. Puisque vous parlez si bien le français et que le train de Prague ne part que dans deux heures, vous devriez en déjeunant avec moi me conter cela. — C’est une histoire très-simple, monsieur, et peu digne de votre attention ; mais si vous voulez bien l’écouter, je suis à vos ordres.
l’entendre. Je me dis alors : Si je gagne aujourd’hui plus de trois florins, j’en emploierai un à acheter demain un billet pour le concert. J’eus le bonheur de recevoir trois florins et demi, et je satisfis ma curiosité. — Ce scherzo vous est donc resté dans la mémoire ? — J’en sais la première moitié et les dernières mesures seulement, je n’ai jamais pu me rappeler le reste. — Quel effet vous a-t-il produit quand vous l’avez entendu ? dites-moi la vérité. — Oh ! un singulier, très-singulier effet ! Il m’a fait rire, mais rire tout de bon et sans pouvoir m’en empêcher. Je n’avais jamais pensé que les instruments connus pussent produire des sons pareils, ni qu’un orchestre de cent musiciens pût se livrer à de si amusantes petites cabrioles. Mon agitation était extrême, et je riais toujours. Aux dernières mesures du morceau, à cette phrase rapide où les violons partent en montant comme une flèche, je fis même un si grand éclat de rire, qu’un de mes voisins voulut me faire mettre à la porte, pensant que je me moquais de vous. En vérité pourtant je ne me moquais pas, au contraire ; mais c’était plus fort que moi. — Parbleu, vous avez une manière originale de sentir la musique, je suis curieux de savoir comment vous l’avez apprise. Puisque vous parlez si bien le français, et que le train de Prague ne part que dans deux heures, vous devriez en déjeunant avec moi me conter cela. — C’est une histoire très-simple, monsieur, et peu digne de votre attention ; mais si vous voulez bien l’écouter, je suis à vos ordres.


Nous nous mîmes à table, on apporta l’inévitable vin du Rhin, nous bûmes quelques rasades, et voici, à peu d’expressions près, en quels termes mon convive me fit l’histoire de son éducation musicale, ou plutôt le récit des événements de sa vie.
Nous nous mîmes à table, on apporta l’inévitable vin du Rhin, nous bûmes quelques rasades, et voici, à peu d’expressions près, en quels termes mon convive me fit l’histoire de son éducation musicale, ou plutôt le récit des événements de sa vie.
HISTOIRE DU HARPISTE AMBULANT



Je suis né en Styrie : mon père était musicien ambulant, comme je suis aujourd’hui. Après avoir parcouru pendant dix ans la France et y avoir amassé un petit pécule, il revint
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Je suis né en Styrie : mon père était musicien ambulant, comme je le suis aujourd’hui. Après avoir parcouru pendant dix ans la France, et y avoir amassé un petit pécule, il revint