« Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 120.djvu/302 » : différence entre les versions

Aucun résumé des modifications
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
de Kaït-Bcy, entourée d’une sorte de village et dont l’unique mi-
de Kaït-Bcy, entourée d’une sorte de village et dont l’unique minaret est réputé le chef-d’œuvre du genre. Citons à ce propos une
naret est réputé le chef-d’œuvre du genre. Citons à ce propos une
fine page d’esthétique architecturale : « C’est l’encorbellement
fine page d’esthétique architecturale : « C’est l’encorbellement
qui donne cette grâce spéciale aux minarets du Caire. Cette tour
qui donne cette grâce spéciale aux minarets du Caire. Cette tour
Ligne 6 : Ligne 5 :
est le clocher des églises mahométanes. Si maintenant vous la
est le clocher des églises mahométanes. Si maintenant vous la
supposez brodée d’ornemens tissés dans la pierre ou dans le stuc,
supposez brodée d’ornemens tissés dans la pierre ou dans le stuc,
gaufrée de sculptures à peine saillantes qui sembleront chample-
gaufrée de sculptures à peine saillantes qui sembleront champlevées au burin ; si tel étage enveloppé d’un réseau de figures géométriques, tel autre composé d’une colonnade à pans ou percé
vées au burin ; si tel étage enveloppé d’un réseau de figures géo-
métriques, tel autre composé d’une colonnade à pans ou percé
de folies-fenêtres ou d’une porte pour donner au muezzin accès
de folies-fenêtres ou d’une porte pour donner au muezzin accès
sur le balcon ; si les encorbellemens ont des profils divers et des
sur le balcon ; si les encorbellemens ont des profils divers et des
saillies inégales ; si les balustrades sont variées dans leurs entre-
saillies inégales ; si les balustrades sont variées dans leurs entrelacs ou leurs découpures, vous aurez un type accompli des minarets du Caire, dont celui de Kaït-Bey est le plus parfait » <ref>''L’Art égyptien et arabe'', par Washington Abate ; le Caire, 1891. M. Abate,
lacs ou leurs découpures, vous aurez un type accompli des mina-
rets du Caire, dont celui de Kaït-Bey est le plus parfait » <ref>''L’Art égyptien et arabe'', par Washington Abate ; le Caire, 1891. M. Abate,
d’origine sicilienne et d’éducation française, habite le Caire. Il nous promet un livre
d’origine sicilienne et d’éducation française, habite le Caire. Il nous promet un livre
sur le Caire monumental. </ref>.
sur le Caire monumental. </ref>.
Ligne 19 : Ligne 14 :
En route de nouveau, par-dessus les sables mouvans, sur l’âne
En route de nouveau, par-dessus les sables mouvans, sur l’âne
docile et infatigable! Les tombeaux des khalifes fuient derrière
docile et infatigable! Les tombeaux des khalifes fuient derrière
moi. Ces mosquées du désert s’éclipsent une à une à demi ense-
moi. Ces mosquées du désert s’éclipsent une à une à demi ensevelies sous les fauves collines. Déjà elles ne sont plus qu’un rêve.
velies sous les fauves collines. Déjà elles ne sont plus qu’un rêve.
Mais le soleil incliné qui chauffe encore leurs dômes bulboïdes
Mais le soleil incliné qui chauffe encore leurs dômes bulboïdes
les trempe de la couleur des bananes et des oranges. Ces ravis-
les trempe de la couleur des bananes et des oranges. Ces ravissantes coupoles, dont chacune recouvre un ciel de fraîcheur et de
délice, sont-elles les cités fabuleuses du plaisir, les mirages trompeurs du rêve humain, ou les créations exquises des génies de
santes coupoles, dont chacune recouvre un ciel de fraîcheur et de
délice, sont-elles les cités fabuleuses du plaisir, les mirages trom-
peurs du rêve humain, ou les créations exquises des génies de
l’air ? Maintenant qu’elles vont disparaître avec leurs minarets, on
l’air ? Maintenant qu’elles vont disparaître avec leurs minarets, on
dirait les capsules fermées de grandes fleurs de pierres et des pis-
dirait les capsules fermées de grandes fleurs de pierres et des pistils à trois rangs d’étamines qui boivent les flammes du couchant. On descend, on remonte pour redescendre encore, foulant
tils à trois rangs d’étamines qui boivent les flammes du cou-
chant. On descend, on remonte pour redescendre encore, foulant
toujours les sables et côtoyant les tombes. Car les nécropoles
toujours les sables et côtoyant les tombes. Car les nécropoles
anciennes et nouvelles se suivent, se confondent et se prolongent
anciennes et nouvelles se suivent, se confondent et se prolongent
au pied de la colline des Moulins-à-vent, jusqu’au delà du Mo-
au pied de la colline des Moulins-à-vent, jusqu’au delà du Mokattam et de la citadelle, dont le massif imposant, couronné par
la mosquée de Méhémet-Ali, se découpe sur l’horizon. Ces cimetières immenses, sans murs et sans palissades, ouverts à tous les
kattam et de la citadelle, dont le massif imposant, couronné par
vents, qui s’avancent en plein désert, sont d’une majesté incomparable. Tous ces édicules, ces petits temples à quatre colonnes,
la mosquée de Méhémet-Ali, se découpe sur l’horizon. Ces cime-
ces coupoles basses et hautes, ces mosquées croulantes, ces mausolées illustres et ces tombes sans nom, toute cette armée de
tières immenses, sans murs et sans palissades, ouverts à tous les
vents, qui s’avancent en plein désert, sont d’une majesté incom-
parable. Tous ces édicules, ces petits temples à quatre colonnes,
ces coupoles basses et hautes, ces mosquées croulantes, ces mau-
solées illustres et ces tombes sans nom, toute cette armée de
pierre qui monte sur les collines a l’air de s’offrir à la destruction
pierre qui monte sur les collines a l’air de s’offrir à la destruction
avec une indifférence superbe — et d’attendre.
avec une indifférence superbe — et d’attendre.