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HKVUE MUSICALE. 223

Partout enfin, ou presque partout, il donne l’impression de la pléni-
tude sans encombrement et de la transparence unie à la profondeur.
Partout enfin, ou presque partout, il donne l’impression de la plénitude sans encombrement et de la transparence unie à la profondeur.

Rien n’est moins au goût et peut-être à la portée de l’école con-
temporaine que l’invention mélodique. Dans une œuvre même comme
Rien n’est moins au goût et peut-être à la portée de l’école contemporaine que l’invention mélodique. Dans une œuvre même comme
celle-ci, la matière première, la substance musicale pourrait avoir plus
celle-ci, la matière première, la substance musicale pourrait avoir plus
d’abondance et d’originalité. Quelques thèmes néanmoins ont leur
d’abondance et d’originalité. Quelques thèmes néanmoins ont leur
prix. Le motif d’amour, arpège éclatant qui monte et s’élance, est un
prix. Le motif d’amour, arpège éclatant qui monte et s’élance, est un
beau mouvement de passion, de jeunesse et de joie. Avec le cri
beau mouvement de passion, de jeunesse et de joie. Avec le cri
populaire : Voilà V Plaisir, Mesdames! il domine toute la partition. Je
populaire : ''Voilà l’Plaisir, Mesdames !'' il domine toute la partition. Je
trouve beaucoup de convenance et de vérité dramatique, un r peu moins
trouve beaucoup de convenance et de vérité dramatique, un peu moins
de nouveauté musicale dans l’épisode symphonique qui accompagne,
de nouveauté musicale dans l’épisode symphonique qui accompagne,
au premier acte, la rentrée du père et le repas commun. Au dernier
au premier acte, la rentrée du père et le repas commun. Au dernier
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farouche, lorsque soupire tout bas, mêlée à des harmonies câlines,
farouche, lorsque soupire tout bas, mêlée à des harmonies câlines,
enveloppée de sonorités qui fondent le cœur, la vieille chanson des
enveloppée de sonorités qui fondent le cœur, la vieille chanson des
berceaux, qui de nous a pu l’entendre sans un vague désir de larmes!
berceaux, qui de nous a pu l’entendre sans un vague désir de larmes !
Ailleurs, la mélodie ou l’idée semble un peu brève; elle brille un instant
Ailleurs, la mélodie ou l’idée semble un peu brève ; elle brille un instant
et disparaît. Mais c’est le style du jour. Nous préférons maintenant aux
et disparaît. Mais c’est le style du jour. Nous préférons maintenant aux
grandes lignes et aux larges touches les hachures, presque les points.
grandes lignes et aux larges touches les hachures, presque les points.
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et la généralisation d’autrefois. La musique suit l’action, le discours,
et la généralisation d’autrefois. La musique suit l’action, le discours,
et dans Louise, le discours n’est pas seulement difficile à suivre : il est
et dans Louise, le discours n’est pas seulement difficile à suivre : il est
parfois désagréable. Si le récitatif est la moins bonne partie de l’ou-
parfois désagréable. Si le récitatif est la moins bonne partie de l’ouvrage, il en faut accuser la parole, dont la musique ne peut trop souvent que souligner la platitude et la vulgarité.

vrage, il en faut accuser la parole, dont la musique ne peut trop sou-
Inutile d’ajouter que pour le musicien de Louise, le travail du leitmotiv est un jeu ; rarement un jeu de patience, car il ne trahit presque
vent que souligner la platitude et la vulgarité.
Inutile d’ajouter que pour le musicien de Louise, le travail du leit-
motiv est un jeu; rarement un jeu de patience, car il ne trahit presque
jamais l’effort ou seulement la recherche ; plus souvent un jeu d’esprit,
jamais l’effort ou seulement la recherche ; plus souvent un jeu d’esprit,
quelquefois même un jeu de mots : soit que la voix alanguie des
quelquefois même un jeu de mots : soit que la voix alanguie des
ouvrières, soit que la voix étranglée du père chassant Louise, donne
ouvrières, soit que la voix étranglée du père chassant Louise, donne
au thème ramené de Voilà V Plaisir, Mesdames! l’expression du désir et
au thème ramené de ''Voilà l’Plaisir, Mesdames !'' l’expression du désir et
du rêve, ou celle de l’ironie, de l’insulte et de la malédiction. Les cris
du rêve, ou celle de l’ironie, de l’insulte et de la malédiction. Les cris
de Paris ! Le musicien de Paris par excellence n’y pouvait être indiffé-
de Paris ! Le musicien de Paris par excellence n’y pouvait être indifférent. Il a suivi le conseil de Rameau : il a écouté « les gens qui chantent ce qu’ils crient dans les rues. » Et ces cris ou ces chants ont fourni
rent. Il a suivi le conseil de Rameau : il a écouté « les gens qui chan-
tent ce qu’ils crient dans les rues. » Et ces cris ou ces chants ont fourni
d’eux-mêmes à M. Charpentier çà et là un effet touchant ou pathétique,
d’eux-mêmes à M. Charpentier çà et là un effet touchant ou pathétique,
partout le décor ou le « milieu a de son drame. D’eux-mêmes? non
partout le décor ou le « milieu a de son drame. D’eux-mêmes ? non
pas, et l’artiste, si j’ose ainsi parler, y a mis beaucoup du sien. Si dans
pas, et l’artiste, si j’ose ainsi parler, y a mis beaucoup du sien. Si dans
L’introduction du second acte [Paris qui s’éveille) il les présente un peu
L’introduction du second acte (''Paris qui s’éveille'') il les présente un peu
’op comme sur une carte d’échantillons, ailleurs il les développe, les
’op comme sur une carte d’échantillons, ailleurs il les développe, les