« Page:Le Rouge et le Noir.djvu/137 » : différence entre les versions

ThomasBot (discussion | contributions)
m Somerset: split
 
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<br/>
<br/>


— Vous parlez là comme une sotte que vous êtes, s’écria M. de Rênal d’une voix terrible, quel bon sens peut-on espérer d’une femme ? Jamais vous ne prêtez attention à ce qui est raisonnable ; comment sauriez-vous quelque chose ? votre nonchalance, votre paresse ne vous donnent d’activité que pour la chasse aux papillons, êtres faibles, et que nous sommes malheureux d’avoir dans nos familles... <br>
— Vous parlez là comme une sotte que vous êtes, s’écria M. de Rênal d’une voix terrible, quel bon sens peut-on espérer d’une femme ? Jamais vous ne prêtez attention à ce qui est raisonnable ; comment sauriez-vous quelque chose ? votre nonchalance, votre paresse, ne vous donnent d’activité que pour la chasse aux papillons, êtres faibles, et que nous sommes malheureux d’avoir dans nos familles!.. <br>


Mme de Rênal le laissait dire, et il dit longtemps ; ''il passait sa colère'', c’est le mot du pays.<br>
Madame de Rênal le laissait dire, et il dit longtemps ; ''il passait sa colère'', c’est le mot du pays.<br>


— Monsieur, lui répondit-elle enfin, je parle comme une femme outragée dans son honneur, c’est-à-dire, dans ce qu’elle a de plus précieux. <br>
— Monsieur, lui répondit-elle enfin, je parle comme une femme outragée dans son honneur, c’est-à-dire dans ce qu’elle a de plus précieux.<br>


Mme de Rênal eut un sang-froid inaltérable pendant toute cette pénible conversation, de laquelle dépendait la possibilité de vivre encore sous le même toit avec Julien. Elle cherchait les idées qu’elle croyait les plus propres à guider la colère aveugle de son mari. Elle avait été insensible à toutes les réflexions injurieuses qu’il lui avait adressées, elle ne les écoutait pas, elle songeait alors à Julien. Sera-t-il content de moi ?<br>
Mme de Rênal eut un sang-froid inaltérable pendant toute cette pénible conversation, de laquelle dépendait la possibilité de vivre encore sous le même toit avec Julien. Elle cherchait les idées qu’elle croyait les plus propres à guider la colère aveugle de son mari. Elle avait été insensible à toutes les réflexions injurieuses qu’il lui avait adressées, elle ne les écoutait pas, elle songeait alors à Julien. Sera-t-il content de moi ?<br>


— Ce petit paysan que nous avons comblé de prévenances et même de cadeaux, peut être innocent, dit-elle enfin, mais il n’en est pas moins l’occasion du premier affront que je reçois... Monsieur ! quand j’ai lu ce papier abominable, je me suis promis que lui ou moi sortirions de votre maison.<br>
— Ce petit paysan que nous avons comblé de prévenances et même de cadeaux, peut être innocent, lui dit-elle enfin, mais il n’en est pas moins l’occasion du premier affront que je reçois... Monsieur ! quand j’ai lu ce papier abominable, je me suis promis que lui ou moi sortirions de votre maison.<br>


— Voulez-vous faire un esclandre pour me déshonorer et vous aussi ? vous faites bouillir du lait à bien des gens dans Verrières.<br>
— Voulez-vous faire une esclandre pour me déshonorer et vous aussi ? Vous faites bouillir du lait à bien des gens dans Verrières.<br>


— Il est vrai, on envie généralement l’état de prospérité où la sagesse de votre administration a su placer vous, votre famille et la ville... Eh bien ! je vais engager Julien à vous demander un congé pour aller passer un mois chez ce marchand de bois de la montagne, digne ami de ce petit ouvrier.<br>
— Il est vrai, on envie généralement l’état de prospérité où la sagesse de votre administration a su placer vous, votre famille et la ville... Eh bien ! je vais engager Julien à vous demander un congé pour aller passer un mois chez ce marchand de bois de la montagne, digne ami de ce petit ouvrier.<br>
Ligne 17 : Ligne 17 :
— Gardez-vous d’agir, reprit M. de Rênal avec assez de tranquillité. Ce que j’exige avant tout, c’est que vous ne lui parliez pas. Vous y mettriez de la colère, et me brouilleriez avec lui, vous savez combien ce petit monsieur est sur l’œil.<br>
— Gardez-vous d’agir, reprit M. de Rênal avec assez de tranquillité. Ce que j’exige avant tout, c’est que vous ne lui parliez pas. Vous y mettriez de la colère, et me brouilleriez avec lui, vous savez combien ce petit monsieur est sur l’œil.<br>


— Ce jeune homme n’a point de tact, reprit Mme de Rênal,
— Ce jeune homme n’a point de tact, reprit madame de Rênal,