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Je suis fort affligé qu’il y ait des hérétiques dans votre vaisseau ; mais enfin Dieu est le maître… Évitez les disputes et les invectives avec eux, afin de les gagner par votre patience et votre débonnaireté.

Et puis s’adressant spécialement au chirurgien, il ajoute :

Dans les services que vous rendrez à Dieu sur le vaisseau, ne faites pas acception de personne, et ne mettez pas de différence entre catholiques et huguenots, afin que ceux-ci connaissent que vous les aimez en Dieu ! (Déc, 1659.)

Neuf mois après cet admirable testament, le grand apôtre de la charité mourait.

Les cinq Lazaristes au sujet desquels saint Vincent avait écrit cette lettre ne parvinrent pas tous à destination ; une tempête les arrêta au cap de Bonne-Espérance, et la flotte hollandaise en ramena plusieurs. L’entreprise missionnaire fut dirigée par le P. Aimeras avec plus d’esprit de suite que les ministres de Louis XIV n’en montrèrent dans leur politique coloniale. Les archives de Saint-Lazare ont conservé les noms de MM. Roguet, Etienne et Montmasson, prêtres ; des frères P. Pollion, Guille Callot, J. Bourgoin, Gérard Minser et Patté, comme ayant été les derniers pionniers de cette œuvre de Madagascar.

Douze ans après (1670), Louis XIV laissait tomber cette colonie, et, oubliant ses devoirs de roi très chrétien envers les Lazaristes, interdisait à ses vaisseaux de faire même relâche à l’île Saint-Laurent. Le départ des derniers officiers français donna le signal d’une réaction violente de la part des Malgaches païens ; deux lazaristes : Etienne, prêtre, et le frère Patte, furent emprisonnés, et puis, comme ils ne mouraient pas assez vite, assommés à coups de bâton. Les autres purent se réfugier à l’île Bourbon, d’où ils revinrent en France.


V

La mission des Lazaristes à Madagascar n’avait duré que seize années environ ; mais elle ne fut pas stérile et laissa des semences précieuses. Après un long intervalle, des missionnaires, catholiques et protestans sont allés cultiver le même champ et ils ont récolté avec allégresse, là où les fils de saint Vincent de Paul avaient semé avec larmes. Quant à leur œuvre en Algérie, elle se poursuivit pendant deux siècles sans autre interruption qu’à l’époque de la Révolution française, et c’est à eux que les chrétiens exploités ou asservis par les Barbaresques durent secours et