« Tite et Bérénice » : différence entre les versions
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{{Titre|[[Tite et Bérénice]]|[[Auteur:Pierre Corneille|Pierre Corneille]]|1670}}
[[Catégorie:Théâtre de Corneille]]
{{ThéâtreDébut}}
{{personnages|
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'''Domitian''', frère de Tite, et amant de Domitie.
'''Bérénice''', reine
'''Domitie''', fille de Corbulon.
'''Plautine'''
'''Flavian'''
'''Albin''', confident de Domitian.
''' Philon''', ministre
}}
<poem>
{{acte|I}}
{{scène|I}}
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{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Laisse-moi mon chagrin, tout injuste
Je le chasse, il revient ; je
Et plus nous approchons de ce grand hyménée,
Plus en dépit de moi je
Il fait toute ma gloire, il fait tous mes désirs :
Ne devrait-il pas faire aussi tous mes plaisirs ?
Depuis plus de six mois la pompe
Rome
Et tandis
Mon coeur dans tout
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
Que trouvez-vous, madame, ou
À voir
Et quand dans quatre jours vous devez y monter,
Quel importun chagrin pouvez-vous écouter ?
Si vous
Du moins à
Le dangereux soupçon de
Peut le rendre à
Avant
Et
À présent il est maître, et son père au tombeau
Ne peut plus le forcer
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Qui trouble les douceurs de toute ma fortune :
Dont
Ce pompeux appareil, où sans cesse il ajoute,
Recule chaque jour un noeud qui le dégoûte.
Il souffre chaque jour que le gouvernement
Vole ce
Et ce
Qui ne
Souvent même, au milieu des offres de sa foi,
Il semble tout à coup
Son feu de sa raison est
Il
Et
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
À cet effort pour vous qui pourrait le contraindre ?
Maître de
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Que le choix
Mon père, avant le sien élu pour cet empire,
Mais pour le coeur, te dis-je, il
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
La chose est bien égale, il
Et comme sa raison vous donne tous ses voeux,
Votre ardeur pour son rang fait pour lui tous vos feux.
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ne dis point
Un divorce avec moi
Sans avilir son sort, il me renvoie au mien ;
Et du rang qui lui reste, il ne me reste rien.
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
Que ce que vous avez
Pardonnez-moi ce mot, vous fait un dur supplice !
Le coeur rempli
Sans en avoir pour lui, sans
Aimez pour être aimée, et montrez-lui vous-même,
En
Et si vous vous aimez, gagnez sur vous ce point
De vous donner entière, ou ne vous donnez point.
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Si
Il souffre rarement
Et quand
Elle en fait son esclave, et ne
Mais un si fier esclave, ennemi de sa chaîne,
La secoue à toute heure, et la porte avec gêne,
Et maître de nos sens,
Il échappe souvent, et murmure toujours.
Veux-tu que je te fasse un aveu tout sincère ?
Je ne puis aimer Tite, ou
Et malgré cet amour, je ne puis
Laisse-moi retracer ma vie en ta mémoire :
Tu me connais assez pour en savoir
Mais tu
De mon illustre orgueil quel fut le sentiment.
En naissant, je trouvai
Néron
Et le bruit
Autant que ma naissance enfla mon jeune coeur.
De
Je vis
Et Néron, des mortels et
Après tant de forfaits et de morts entassées,
Les troupes du levant,
Pour César en sa place élurent Corbulon.
Son austère vertu rejeta ce grand nom :
Un lâche assassinat en fut le prompt salaire.
Mais mon orgueil, sensible à ces honneurs
Prit de tout autre rang une assez forte horreur
Pour me traiter dans
Néron périt enfin. Trois empereurs de suite
Virent de leur fortune une assez prompte fuite.
Le ciel
Par Tite, son aîné, fit assiéger Solyme ;
Et tandis
Domitian ici vint dispenser ses lois.
Je le vis et
Rien de plus grand que lui
Je ne voyais point Tite, un hymen me
Mille soupirs aidaient au rang qui me flattait.
Pour remplir tous nos voeux nous
Il vint, mais
Que quoi
Ce
On
Qui tous à notre amour également déplurent.
De Bérénice à Rome admirer les attraits.
Pour elle avec Martie il avait fait divorce ;
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Que pour montrer à tous sa flamme, et hautement,
Il lui fit au palais prendre un appartement.
Concevrait tout
Sembla voir cet amour
Et laisser un cours libre aux flots de ce torrent.
Mais sous les vains dehors de cette complaisance,
On ménagea ce prince avec tant de prudence,
Il
À peine je le vis sans maîtresse et sans femme,
Que mon orgueil vers lui tourna toute mon âme ;
Et
Son frère commença de me plaire un peu moins :
Non
Mais je la regardais ainsi
Comme un honteux effet
Qui me volait un rang que je me croyais dû.
Tite à peine sur moi jetait alors la vue :
Cent fois avec douleur je
Mais ce qui consolait ce juste et long ennui,
Je commençais pourtant à
Quand je vis en ses yeux quelque chose de tendre ;
Il me rendit visite, et fit tout ce
Alors
Je veux bien
Mais qui ne pencherait à
Lorsque, ce père mort, il songe à
Toi qui vois tout mon coeur, juge de son martyre :
Quand je crois
Je veux régner, et tremble à quitter ce que
Et ne me saurais voir
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
Ah ! Si Domitian devenait empereur,
Que vous auriez bientôt calmé tout ce grand coeur !
Que
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Hélas ! Plus je le vois, moins je sais que lui dire.
Je
Je me veux mal des maux que je lui fais souffrir.
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Faut-il mourir, madame ? Et si proche du terme,
Votre illustre inconstance est-elle encor si ferme,
Que les restes
Puissent dans quatre jours se promettre ma mort ?
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ce
Et ce
Que de faire une perte aisée à réparer.
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Aisée à réparer ! Un choix qui
Et qui ne plaît pas moins à
Charme-t-il
Que vous sachiez leur prix, et le mettiez si bas ?
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Quoi
Ne
Mais
Si
Telle que je puis être, obtenez-moi
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Hélas ! Si je
Si même je ne puis vous obtenir de vous,
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Et moi, résisterai-je à sa toute-puissance,
Quand vous
Moi qui
Que puis-je contre lui, quand vous
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Je ne puis rien sans vous, et pourrais tout, madame,
Si je pouvais encor
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Pouvez-vous en douter, après deux ans de pleurs
Durant un déplaisir si long et si sensible
De voir toujours un père à nos voeux inflexible,
Ai-je écouté
Qui
Quel que fût leur amour, quel que fût leur
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Oui, vous
Mais de ces soupirants qui vous offraient leur foi
Aucun ne vous eût mise alors si haut que moi ;
Votre âme ambitieuse à mon rang attachée
Ainsi de ces rivaux aucun
Mais les temps sont changés, madame, et vous aussi.
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Non, seigneur : je vous aime, et garde au fond de
Tout ce que
Mais enfin
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Ah ! Si vous
Venez, venez, madame, autoriser ma plainte.
Quand je lui porterai vos voeux avec les miens.
Dites que vous
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Seigneur ; et le respect qui
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
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Ne la déguisez plus, montrez-la toute entière,
Cette âme que le trône a su rendre si fière,
Cette âme dont
Cette
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
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Je ne veux point, seigneur, vous le dissimuler,
Mon coeur va tout à vous quand je le laisse aller ;
Mais sans dissimuler
Ce
Et je
Du ridicule honneur de savoir bien aimer.
La passion du trône est seule toujours belle,
Seule à qui
Quand elle
Comme elle est la première, elle est la dominante.
Non
Mais il est juste enfin que des soupirs secrets
Me punissent
Daignez donc voir, seigneur, quelle route il faut prendre,
Pour ne point
Tout mon coeur vous préfère à cet heureux rival ;
Pour
Vous dites
Si je ne vois sur vous un rayon de sa gloire.
On vous a vus tous deux sortir
Ayez mêmes honneurs ainsi que même sang.
Dites-lui que le droit
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Madame ; et le devoir qui
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
À mes vives douleurs daignez donc compatir,
Seigneur :
Sans
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Eh bien ! Dans cet hymen, qui
Je dirai que le ciel doit à votre
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Non, seigneur ; faites mieux, et quittez qui vous quitte ;
Rome a mille beautés dignes de votre coeur ;
Mais dans toute la terre il
Si mon père avait eu les sentiments du vôtre,
Je vous aurais donné ce que
Et ma flamme en vos mains eût mis sans balancer
Le sceptre
Laissez à son défaut suppléer la fortune,
Et
Pour
Ce que trop de vertu me fit perdre par lui.
Pour peu que vous
Il
Voilà toute mon âme. Après cela, seigneur,
Laissez-moi
Un plus long entretien ne pourrait rien produire
Qui ne pût malgré moi vous déplaire ou me nuire.
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{{Personnage|Albin|c|Red}}
Elle se défend bien, seigneur ; et dans la
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Aucun
Son adresse à défendre une mauvaise cause ;
Et si pour
Tant
Si sa flamme au secours appliquait cette adresse,
{{Personnage|Albin|c|Red}}
Cependant
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Et trouve peu de jour à croire
Quand elle ne regarde et
{{Personnage|Albin|c|Red}}
Seigneur,
Dans toute la nature aime-t-on autrement ?
Lui seul allume, éteint, ou change nos désirs :
Les objets de nos voeux le sont de nos plaisirs.
Vous-même, qui brûlez
Aimez-vous Domitie, ou vos plaisirs en elle ?
Et quand vous aspirez à des liens si doux,
Est-ce pour
De sa possession
Tient vos sens enchantés et votre âme obsédée ;
Mais si vous conceviez quelques destins meilleurs,
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Sa conquête est pour vous le comble des délices ;
Vous ne vous figurez ailleurs que des supplices :
Et vous
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
En
Cherchons-en le remède, au lieu de raisonner
Sur
{{Personnage|Albin|c|Red}}
Oui, seigneur, il en est. Rappelons Bérénice ;
Sous le nom de césar pratiquons son retour,
Qui retarde
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
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Si de ces grands apprêts pour la cérémonie,
Que depuis si longtemps on dresse à si grand bruit,
Elle
Mais il faut que le ciel lui-même la renvoie,
Cette belle rivale ; et tout notre discours
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{{Personnage|Albin|c|Red}}
Dans
Retraçons à ses yeux
Et profitons par là du coeur embarrassé.
Tâter
Si vous ne
Je me trompe, ou son âme y penche
Dites
Une âme toute à vous à se donner à lui.
De tant
Pour lui donner le temps de venir au secours,
Nous aurons quatre mois au lieu de quatre jours.
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Mais
Ne me condamne point, Albin, à la trahir,
À joindre à ses mépris le droit de me haïr :
En vain je veux contre elle écouter ma colère ;
Toute ingrate
{{Personnage|Albin|c|Red}}
Seigneur, quelle mesure avez-vous à garder ?
Quand on voit tout perdu, craint-on de hasarder ?
Et si
Que vous peut importer son amour ou sa haine ?
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
À qui peut avoir
Mais celle
Il ne voit, il
Du plus puissant remède il se fait un poison,
Et la raison pour lui
{{Personnage|Albin|c|Red}}
Et si je vous disais que déjà Bérénice
Est dans Rome, inconnue, et par mon artifice ?
Pour de ce grand hymen renverser les apprêts ?
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{{Personnage|Albin|c|Red}}
La nouvelle vous flatte :
Peut-être est-elle fausse ; attendez
Surtout à
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Va : je lui parlerai comme
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Quoi ? Des ambassadeurs que Bérénice envoie
Viennent ici, dis-tu, me témoigner sa joie,
Sur ce comble de gloire où je viens de monter ?
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
En attendant votre ordre, ils sont au port
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ainsi, grâces aux dieux, sa flamme est amortie ;
Et de pareils devoirs sont pour moi des froideurs,
Et recevais les yeux de ses propres sujets
Pour envieux témoins du vol que je lui fais ;
Car mon coeur fut son bien à cette belle reine,
Et pourrait
Si ce divin objet, qui fut tout mon désir,
Par quelque doux regard
Mais du haut de son trône elle aime mieux me rendre
Ces froideurs que pour elle on me força de prendre.
Peut-être, en ce moment que toute ma raison
Ne saurait sans désordre entendre son beau nom,
Entre les bras
Elle suit mon exemple, et se plaît à le suivre :
Et ne
Que pour braver
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Ligne 516 ⟶ 515 :
Ferait de Domitie encor la sûreté ;
Mais mon coeur aurait peu de cette dureté.
Dis-moi que Polémon règne dans son esprit,
Mais
Car enfin elle est belle, et digne de ma foi ;
Elle aurait tout mon coeur,
La noblesse du sang, la grandeur de courage,
Font avec son mérite un illustre assemblage :
Mais tout mon coeur renonce à lui faire justice,
Dès que mon souvenir lui rend sa Bérénice.
Ligne 533 ⟶ 532 :
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Si de tels souvenirs vous sont encor si doux,
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ligne 539 ⟶ 538 :
Serait-il potentat plus heureux sur la terre ?
Mon nom par la victoire est si bien affermi,
Mon réveil incertain du monde fait
Mon repos en tous lieux jette
Et tandis
Ménagent
Pour envoyer
Je
Que de félicité, si mes voeux imprudents
Maître de
Je suis le seul rebelle à ce pouvoir suprême :
Et
En vain de mon hymen Rome presse la pompe :
Et
De préparer toujours et
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Si ce dégoût, seigneur, va
Domitie aura peine à souffrir cette injure :
Ce jeune esprit,
Et le choix
Et
Si de votre parole un manque surprenant
La jette entre les bras
Pour servir son orgueil et seconder sa haine,
Un vif ressentiment lui fera tout oser :
En un mot, il vous faut la perdre, ou
{{Personnage|Tite|c|Red}}
A presque fait
Réduit au triste choix dont tu viens de parler,
Et ne puis démentir cette horreur magnanime
Moi qui seul des Césars me vois en ce haut rang
Sans
Moi que du genre humain on nomme les délices,
Moi qui ne puis souffrir les plus justes supplices,
Ligne 586 ⟶ 585 :
Non : malgré les attraits de sa belle rivale,
Malgré les voeux flottants de mon âme inégale,
Je veux
Pouvait me consoler de ce que
Elle seule en ses yeux porte de quoi contraindre
Mes feux à
De quoi flatter mon âme, et forcer mes douleurs
À souhaiter du moins de
Mais je ne vois pas bien que
Dès que ma flamme expire, un mot la fait renaître,
Et mon coeur malgré moi rappelle un souvenir
Que je
Ma raison
Tout me ramène ici, tout
Et même je ne sais par quel pressentiment
Je
Mais depuis cet adieu, si cruel et si tendre,
Il est demeuré vide, et semble encor
Va, fais porter mon ordre à ses ambassadeurs :
Il est temps de chercher qui
Et le ciel à propos envoie ici mon frère.
Ligne 611 ⟶ 610 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Non ; il peut
Sur ce déluge ardent qui nous a fait trembler,
Et pourvoir sous mon ordre aux affreuses ruines
Ligne 623 ⟶ 622 :
Puis-je parler, seigneur, et de votre amitié
Espérer une grâce à force de pitié ?
Je me suis
Pour augmenter encor mes maux par mon silence.
Ce que je vais vous dire est digne du trépas ;
Mais aussi
Apprenez donc mon crime, et voyez
Justice
Et je
Vous
Vous vous faisiez effort,
Et comme aux lois
Je feignais
Le ciel, qui dans vos mains met sa toute-puissance,
Ne met-il point de borne à cette obéissance ?
La faut-il à son ombre, et que ce même effort
Vous déchire encor
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ligne 644 ⟶ 643 :
Il fut grand, et de ceux que tout le coeur refuse :
Pour en sauver le mien, je fis ce que je pus ;
Mais ce qui fut effort à présent ne
Sachez-en la raison. Sous
Je murmurai toujours
Et cherchai les moyens de tirer en longueur
Cet hymen qui vous gêne et
Son trépas a changé toutes choses de face :
Je
Et me dis après lui tout ce
Je vois en Domitie un tout autre mérite,
Et
Si dans les premiers jours que vous
Votre feu mal éteint avait voulu paraître,
Mais si près
Quand Domitie a droit de
Que le jour en est pris, la fête préparée,
Je
Rome entière et ma foi
Voyez mieux de quel oeil on
Ce
Et combien Rome entière aurait pour moi
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Elle
Faire autant que pour elle il vous a plu de faire.
Seigneur, à vos bontés laissez un libre cours ;
Qui se vainc une fois peut se vaincre toujours :
Ce
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Qui se vainc une fois sait bien ce
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Ah ! Si votre grande âme à peine
La mienne, qui
Réduite au même effort, seigneur, que fera-t-elle ?
Ligne 691 ⟶ 690 :
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Hélas !
Ce qui vous fut aisé, seigneur, ne me
Quand vous avez changé, voyiez vous Bérénice ?
De votre changement son départ fut complice ;
Vous
Je vois
Jugez de ma douleur par
Si vous voyiez la reine entre les bras
Contre un rival heureux épargneriez-vous rien,
À moins que
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Vengez-vous,
Je prends votre maîtresse ; allez, prenez la mienne.
Épousez Bérénice,
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Vous
Seigneur : ne pourriez-vous aimer
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Oui, si je ne craignais pour vous
Que Rome concevrait pour
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Dites, dites, seigneur,
De céder ce
Ne vous contraignez plus, ne gênez plus votre âme,
Satisfaites en maître une si belle flamme ;
Quand vous aurez su dire une fois : " je le veux, "
Bérénice est toujours digne de votre couche,
Et Domitie enfin vous parle par ma bouche ;
Car je ne saurais plus vous le taire ; oui, seigneur,
Vous en voulez la main, et
Elle
Et ce don fut
De cet ordre du ciel qui verse en nos esprits
Les principes secrets de prendre et
Je vous dirais, seigneur, quelle en est la puissance,
Si vous ne le saviez par votre expérience.
Ne rompez pas des noeuds et si forts et si doux :
Rien ne les peut briser que le trépas, ou vous ;
Et
Que
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ligne 745 ⟶ 744 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Parlez, parlez, madame, et daignez nous apprendre
Où porte votre coeur, ce
Qui le possède entier de mon frère ou de moi ?
Ligne 752 ⟶ 751 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
On dit que cette foi ne vous donne pas toute,
Que ce coeur reste ailleurs. Parlez en liberté,
Et
Ce digne orgueil du sang que mon rang sollicite :
De tout ce que je suis ne regardez que Tite ;
Ligne 762 ⟶ 761 :
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Que dans votre âme
Vous laissez vivre encor notre première flamme ;
Et
Ce
Mais il y va de vous, il y va de ma vie ;
Et qui se voit si près de perdre tout son bien,
Ligne 777 ⟶ 776 :
Je ne sais de vous deux, seigneur, à ne rien feindre,
Duquel je dois le plus me louer ou me plaindre.
Au choix de mes désirs le succès de vos voeux ;
Et cette liberté par tous les deux offerte
Ligne 783 ⟶ 782 :
Et que tout leur amour est prêt à consentir
Que mon coeur ou ma foi veuille se démentir.
Je me plains de tous deux, et vous plains
Si pour voir tout ce coeur vous
Le prince
Tout ce
Mais ce que fait
Vous, seigneur, je croyais que vous
Pour
Et laisser pour couleur à mon peu de constance
La gloire
Vous
De ce
Si le prince en mon coeur garde encor même place,
Et si mon choix pour vous
Ainsi des deux côtés tout sert à me confondre.
Et ne voulant déplaire à pas un de vous deux,
Je veux, ainsi que vous, douter où vont mes voeux.
Ce qui le plus
Qui veut du coeur entier une entière assurance,
Et que de vos pareils les hautes destinées
Ne le consultent point sur ces grands hyménées.
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Si le vôtre, madame, était de moindre
Mais que veut Flavian ?
Ligne 820 ⟶ 819 :
Vous en serez surpris,
Seigneur, je vous apporte une grande nouvelle :
La reine
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Eh bien ! Est infidèle ?
Et son esprit, charmé par un plus doux
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Ligne 841 ⟶ 840 :
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Pardonnez-le, seigneur, à mon impatience.
Vous la donniez trop tard à mes ambassadeurs ;
Je
Et quoique par vous-même autrefois exilée,
Sans ordre et sans aveu je me suis rappelée,
Pour être la première à mettre à vos genoux
Le sceptre
Et prendre sur les rois cet illustre avantage
De leur donner
Je ne vous dirai point avec quelles langueurs
Vous savez
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Je sais votre zèle, et
Madame ; et pour me voir possesseur de
Pour me rendre vos soins, je ne méritais pas
Que rien vous pût résoudre à quitter vos états,
Un voyage si long vous doit avoir lassée.
Conduisez-la, mon frère, en son appartement.
Vous, faites-
Avec le même éclat
Alors
{{scène|VI}}
Ligne 873 ⟶ 872 :
Ne regardez que vous entre la reine et moi ;
Parlez sans vous contraindre, et me daignez apprendre
Où porte votre coeur ce
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Adieu, madame, adieu. Dans le trouble où je suis,
Me taire et vous quitter,
{{scène|VII}}
Ligne 884 ⟶ 883 :
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Se taire et me quitter ! Après cette retraite,
Crois-tu
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
Oui, madame ; et ce
Que vous cacher le trouble où le met ce retour.
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Non, non, tu
Désavouer ici les vanités du prince,
Empêcher
Ne cédât ma conquête à mon premier vainqueur :
Vois la honte
Quand sa reine a paru,
A-t-il jeté les yeux sur moi
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
Pensez-vous que sa reine ait
Avant que vous quitter, lui-même il
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Oui, mais avec respect, avec cérémonie,
Avec des yeux enfin qui
Lui promettaient assez de plus doux entretiens.
Tu me diras encor que la chose est égale,
Que
Mais pour peu
Que je garde en son âme encor même crédit :
Il
Il
La plus mauvaise excuse était bonne pour moi.
Mais pour toute réponse, il se tait, et me quitte ;
Et tu ne peux souffrir que mon coeur
Tu veux, lorsque lui-même ose se déclarer,
Que je me flatte encore assez pour espérer !
Sans me flatter en vain, courons à la vengeance ;
Faisons voir ce
Et que je suis de plus fille de Corbulon.
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
Vous
Que le reste impuissant
Contre un tel empereur où prendrez-vous des bras ?
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Contre un tel empereur nous
Trouvons alors, trouvons un grand coeur, un grand homme,
Un Romain qui réponde au sang de mes aïeux ;
Et pour le révolter, laisse faire à mes yeux.
Juge, par le pouvoir de ceux de Bérénice,
Si les miens auront peine à
Si ceux-là forcent Tite à me manquer de foi,
Ceux-ci feront briser le joug
Et si de
Les miens charmeront ceux qui méritent de
Dis-le-moi, tu
Quand de mes yeux aux siens je fais comparaison ?
Est-elle plus charmante, ai-je poins de mérite ?
Suis-je moins digne
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
Madame…
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Je
Impriment leur désordre en tout ce que je dis.
Comment saurais-je aussi ce que je te dois dire,
Si je ne sais pas même à quoi mon âme aspire ?
Mon aveugle fureur
Allons penser à tout avec plus de repos.
{{Personnage|Plautine|c|Red}}
Vous pourriez hasarder un moment de visite,
Pour voir si ce retour est sans
Ou si
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ligne 971 ⟶ 970 :
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Je vous
Par de justes soupirs mérite votre aveu.
Serait-ce un crime à moins ? Serait-ce vous déplaire,
Après un empereur, de vous offrir son frère ?
Et voudriez-vous croire, en faveur de ma foi,
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Ligne 985 ⟶ 984 :
De tous les deux aimée, et douce à tous les deux,
Elle sait mieux que moi comme on change de voeux,
Et sait peut-être mal la route
Pour trouver le secret de les faire descendre,
Quelque facilité
Malgré sa flamme et vous,
Pour moi, qui
Et
Sans
Ce me doit être assez
Et si votre empereur suit les traces des autres,
Il suffit
Mais changeons de discours, et me dites, seigneur,
Par quel ordre
Est-ce pour obliger ou Domitie ou Tite ?
Et peut-il à son rang si peu se confier,
Me donne-t-il à vous alors
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Il vous respecte trop :
Et me fait la justice, en
De vouloir que je tâche à
Mais à peine il le veut,
Que Rome concevrait pour
En vain, par politique, il fait ailleurs
Il
À ces fausses clartés opposez quelque ombrage ;
Et je renonce au jour,
Pour peu que vous penchiez à le rendre jaloux.
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Peut-être ; mais, seigneur, croyez-vous Bérénice
Jusques à mendier lâchement le retour
De ce
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Madame, sur ce point je
Vous savez ce que vaut
Et si vous consentez
Vous pouvez regarder si je vaux bien un roi.
{{scène|II}}
Ligne 1 034 ⟶ 1 033 :
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Je vais me retirer, seigneur, si je vous chasse ;
Et
Pour arrêter le cours
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Je faisais à la reine une offre de service
Qui peut vous assurer le rang
Madame ; et si
Tite
Est-ce vous mal servir ?
Ligne 1 055 ⟶ 1 054 :
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Lui-même.
Est-ce vous offenser que
Et vous doit-il un coeur dont vous ne voulez plus ?
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Je ne sais si je puis vous dire
Quand vous vous préparez à prendre sa défense.
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Et moi, je ne sais pas
Mais je sais que
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ligne 1 070 ⟶ 1 069 :
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Vous
Vous le savez, madame ; et si
Vous
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
À
Il cherche une révolte, et
Vous le sauriez, ingrat, si vous saviez aimer,
Et ne vous feriez pas
De vous offrir ailleurs, et même en ma présence.
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Madame, vous voyez ce que je vous ai dit :
La preuve est convaincante, et
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Ligne 1 090 ⟶ 1 089 :
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Allez, sous quelques lois
Vivez-y,
Vous hâter un peu moins de
Attendre que
Vous renvoyât la foi que vous
Si vous vouliez passer pour véritable amant,
Il fallait espérer
Il vous
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Eh bien !
Madame, faites grâce à
À la reine, à vous-même enfin, si vous
Autant
Les scrupules
Assez et trop longtemps nous ont gênés tous quatre :
Réunissez des coeurs de qui rompt
Cette chimère en Tite, en vous
Vous trouverez au mien encor les mêmes flammes
Qui, dès que je vous vis, charmèrent nos deux âmes.
Dès ce premier moment
Dès ce premier moment je ne vous déplus pas.
Ai-je épargné depuis aucuns soins pour vous plaire ?
Est-ce un crime pour moi que
Et faut-il
Pour avoir vu le jour deux lustres après lui,
Comme si de mon choix il dépendait de naître
Dans le temps
Au nom de votre amour et de ce digne amant,
Madame, qui vous aime encor si chèrement,
Prenez quelque pitié
Faites-la partager à cette inexorable ;
Dissipez la fierté
Pour juge entre elle et moi je ne veux que son coeur.
Je vous laisse avec elle arbitre de ma vie.
Ligne 1 134 ⟶ 1 133 :
Les intérêts du prince avancent trop le mien
Pour vous oser, madame, importuner de rien ;
Et
Semblerait vous presser de me rendre son frère.
Tout ce
Après
Qui sacrifie au rang les douceurs de sa flamme,
Et quel long repentir suit ces nobles ardeurs
Qui soumettent
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Quand les choses, madame, auront changé de face,
Je reviendrai savoir ce
Et demander votre ordre avec empressement
Sur le choix ou du prince ou de quelque autre amant.
Agréez cependant un respect qui
Vous rendre mes devoirs comme à ma souveraine ;
Car je
Ne vous ait redonné bonne part en son coeur.
Vous avez sur vos rois pris ce digne avantage
Et pour vous imiter, je veux avoir le bien
Cet exemple
Et plus il est nouveau, plus
Que de quelques bontés vous voudrez
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
À vous dire le vrai, sa nouveauté
Et je recevrais
Si je
Quoi
Qui nous met
Ce que je puis répondre à vos civilités,
Et que celle des deux qui sera satisfaite
Traite
Je ne
Il peut se souvenir, dans ce grade sublime,
Prodiguai mes trésors, et mes peuples leur sang,
Et que
Ce sera moins un don
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ce sont là de grands droits ; et si
Je dois craindre une chute à
Tite y peut ajouter que je
De
Et renversé
Mais je commence à voir que je vous importune.
Adieu. Quelque autre fois nous suivrons ce discours.
Ligne 1 194 ⟶ 1 193 :
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Je suis venue ici trop tôt de quatre jours ;
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Dans quatre jours, madame, on verra qui
Ligne 1 204 ⟶ 1 203 :
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Quel caprice, Philon,
Tite, après mon départ,
{{Personnage|Philon|c|Red}}
Après votre départ il
Madame, et
Avec un compliment encor plus court
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Ainsi tout est égal :
Mais ce peu
Il marque trop pour moi son infidélité.
Vois de ses derniers mots quelle est la dureté :
"
Alors
Je ne le fais donc plus ! Voilà ce que
Il fait en liberté ce
Cet ordre de sortir, si prompt et si sévère,
Il est libre, il est maître, il veut tout ce
{{Personnage|Philon|c|Red}}
Du peu
Le trouble de vous voir auprès
Voulait pour se remettre un moment
Et quand il a rompu sitôt vos entretiens,
Je lisais dans ses yeux
Mais il vient à son tour prendre son audience,
Madame ; et vous voyez si
Songez de quelle sorte il faut le ménager.
Ligne 1 241 ⟶ 1 240 :
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Me cherchez-vous, seigneur, après
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Vous avez su mieux lire au fond de ma pensée,
Madame ; et votre coeur connaît assez le mien
Pour me justifier sans que
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Mais justifiera-t-il le don
De ma propre personne au prince votre frère ?
Et
Sans prendre encor le droit de disposer de moi ?
Pouvez-vous jusque-là me bannir de votre âme ?
Ligne 1 260 ⟶ 1 259 :
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Hélas ! Que
Mais à de tels courroux
À peine je vous vois que je vous justifie.
Vous me manquez de foi, vous me donnez, chassez.
Que de crimes ! Un mot les a tous effacés.
Faut-il, seigneur, faut-il que je ne vous accuse
Que pour dire aussitôt que
Que pour me voir forcée à répondre pour vous !
Épargnez cette honte à mon dépit jaloux ;
Sauvez-moi du désordre où ma bonté
Et du moins par pitié dites-moi quelque chose ;
Accusez-moi plutôt, seigneur, à votre tour,
Et
Vos chimères
Ne pourront-ils jamais passer pour ridicules ?
En souffrez vous encor la tyrannique loi ?
Ont-ils encor sur vous plus de pouvoir que moi ?
Du bonheur de vous voir
Que pour peu
Pourrez-vous
Dans quatre jours ! Seigneur, y voudrez-vous mes yeux ?
Vous plairez-vous à voir
Je serve de victime à ce grand hyménée ;
Que traînée avec pompe aux marches de
Vous y préparez-vous sans trouble et sans alarme ?
Et si vous concevez
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Hélas ! Madame, hélas ! Pourquoi vous ai-je vue ?
Et dans quel contre-temps êtes-vous revenue !
Ce
Votre absence et le temps
Je souffrais Domitie, et
La contrainte semblait tourner en habitude ;
Le joug que je prenais
Et
Autant
J’allais…
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Et je pourrais souffrir votre hymen à ma vue,
Si vous aviez choisi quelque objet sans éclat,
Qui ne pût être à vous que par raison
Qui de ses grands aïeux
Qui
" il
Me dirais-je, et son coeur
Mais Domitie est belle, elle a tout
Et pour vous épargner les discours superflus,
Elle est digne de vous, si vous ne
Elle a toujours charmé le prince votre frère,
Elle a gagné sur vous de ne vous plus déplaire :
Elle aura votre coeur, et
Seigneur, faites-moi grâce : épousez Sulpitie,
Ou Camille, ou Sabine, et non pas Domitie ;
Choisissez-en
Ne
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Domitie aisément souffrirait ce partage ;
Ma main satisferait
Et pour le coeur, à peine il vous sait en ces lieux,
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Vous avez un coeur fait à changer de maîtresse ;
Vous ne savez que trop
Ne
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Domitie est le choix de Rome et de mon père :
Ils crurent à propos de
De crainte que ce coeur jeune et présomptueux
Ne rendît téméraire un prince impétueux.
Si pour vous obéir je lui suis infidèle,
Rome, qui
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Quoi ? Rome ne veut pas quand vous avez voulu ?
Que faites-vous, seigneur, du pouvoir absolu ?
Que pour assujettir
Sur ses plus hauts degrés Rome vous fait la loi !
Elle affermit ou rompt le don de votre foi !
Ah ! Si
Vous en êtes
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Tel est le triste sort de ce rang souverain,
Qui ne dispense pas
Ou plutôt des Romains tel est le dur caprice
À suivre obstinément une aveugle injustice,
Qui rejetant
Accepte un empereur plus puissant que cent rois.
Cette invincible horreur qui passe
Jusques à leurs époux ; et vos yeux adorés
Verraient de notre hymen naître cent conjurés.
Encor
Si ma perte aussitôt de la vôtre
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Non, seigneur, ce
À hasarder leurs jours pour signaler leur foi.
La plus illustre ardeur de périr
Et ces vertus
Mes secours en Judée achevèrent
Il
Et
Je
Si
Vous seriez moins puissant, mais vous seriez à moi ;
Vous
Mais
Et je posséderais dans ma cour, en repos,
Au lieu
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Eh bien ! Madame, il faut renoncer à ce titre,
Qui de toute la terre en vain me fait
Allons dans vos états
Ma gloire la plus haute est celle
Allons où je
Où vos bras amoureux seront ma seule chaîne,
Où
Et soit de Rome esclave et maître qui voudra !
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Il
Ne se quitte jamais, seigneur,
Et des nouveaux Césars la tremblante fierté
Qui
Ce fut par là
Par là Vitellius mérita le trépas ;
Et vous
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ligne 1 417 ⟶ 1 416 :
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Assurer votre vie ;
Et
Mais adieu : sur ce point si vous pouvez douter,
Ce
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Non, madame ; et dût-il
Vous ne me verrez point épouser Domitie.
Ciel, si vous ne voulez
Que vous
Ligne 1 437 ⟶ 1 436 :
{{Personnage|Philon|c|Red}}
Oui, madame :
Et su
Il est peu de Romains qui penchent la balance
Vers
La plupart
Par qui votre retour
Mais à
La fière Domitie est partout la plus forte ;
La vertu de son père et son illustre sang
À son ambition assure ce haut rang.
Il est peu sur ce point de voix qui se divisent,
Madame ; et quant à vous, voici ce
" elle a bien servi Rome, il le faut avouer ;
On lui doit des honneurs, des titres sans exemples ;
Mais enfin elle est reine, elle abhorre nos temples,
Et sert un dieu jaloux qui ne peut endurer
Elle traite à nos yeux les nôtres de fantômes.
On peut lui prodiguer des villes, des royaumes :
Il est des rois pour elle ; et déjà Polémon
De ce dieu
Des nôtres pour lui plaire il dédaigne le culte :
Si ce trône et le sien ne lui suffisent pas,
Rome est prête
Et de faire éclater avec magnificence
Un juste et plein effet de sa reconnaissance. "
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Et ne
Elle
Elle ne me doit rien, je
Si
Sans lui, sans
Et quand Rome
Elle sert le courroux
Mais achevez, Philon ; ne dit-on autre chose ?
{{Personnage|Philon|c|Red}}
On parle des périls où votre amour
" de cet hymen, dit-on, les noeuds si désirés
Serviront de prétexte à mille conjurés ;
Ils pourront soulever
Il se voulut jadis cantonner contre un père ;
Il se faisait le chef de la rébellion,
Avouait Civilis, appuyait ses Bataves,
Des Gaulois belliqueux soulevait les plus braves ;
Et les deux bords du Rhin
Pour peu
Il aime Domitie, et règne dans son âme ;
Si Tite ne
Vous savez de tous deux quelle est
Jugez ce qui peut suivre une telle union.
Ligne 1 501 ⟶ 1 500 :
{{Personnage|Philon|c|Red}}
Ah ! Madame, je tremble
À vous dire
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Ligne 1 507 ⟶ 1 506 :
{{Personnage|Philon|c|Red}}
Que le sénat
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Quelle est
{{Personnage|Philon|c|Red}}
Et ce
Que du Vésuve ardent ont causés les ravages ;
Mais Domitie aura des amis, des parents,
Ligne 1 520 ⟶ 1 519 :
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Quoi que sur mes destins ils usurpent
Je ne vois pas leur maître en état
Philon, laissons-les faire : ils
Pour trouver hautement
Contre toutes leurs voix je ne veux
Et
Ce
Je ne puis jeter
Sans voir que de périls suivront cet hyménée.
Mais pour y parvenir
Je veux donner le bien que je
Je veux du moins, je veux ôter à ma rivale
Ce miracle vivant, cette âme sans égale :
Et pour tout dire enfin, je veux que Bérénice
Ait une créature en leur impératrice.
Je vois Domitian. Contre tous leurs arrêts
Il
Ligne 1 547 ⟶ 1 546 :
Auriez-vous au sénat, seigneur, assez de brigue
Pour combattre et confondre une insolente ligue ?
Mais vous perdez
Met votre Domitie aux bras
Et vous pouvez juger que
Sa conquête pour vous
Voyez si votre amour se veut laisser ravir
Cet unique secours qui pourrait le servir.
Ligne 1 562 ⟶ 1 561 :
En a déjà conçu quelque espoir qui la flatte ;
Mais je puis dire aussi que le rang que je tiens
Et que si dès
Ils rompront le grand coup qui seul nous peut déplaire.
Non que tout cet espoir ne coure grand hasard,
Si votre amant volage y prend la moindre part :
On
Leur plus fidèle ardeur osera peu de chose.
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Ah ! Prince, je mourrai de honte et de douleur,
Pour peu
Mais je
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Peut-être, ainsi que vous, ce dessein le surprend ;
Mais je crains
Ne relâche un peu trop sa puissance absolue,
Et ne laisse au sénat décider de ses voeux,
Pour se faire une excuse envers
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Quelques efforts
Je vous réponds de tout, pourvu que je le voie ;
Et je ne crois pas même au pouvoir de vos dieux
De lui faire épouser Domitie à mes yeux.
Si vous
Quant au sénat,
Je ne vous dirai point à quoi je me résous.
Voici votre inconstante. Adieu, pensez à vous.
Ligne 1 598 ⟶ 1 597 :
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Prince, si vous
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Ligne 1 606 ⟶ 1 605 :
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Vous me servirez mal, puisque vous en doutez.
Sait mieux ce
Mais puisque
À lui, qui
À vous, qui vous mettez de leur intelligence,
Et dont tous les amis vont servir un amour
Qui me rend à vos yeux la fable de la cour.
Si vous
Il
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Ligne 1 622 ⟶ 1 621 :
Votre retour vers moi serait-il si honteux ?
Suis-je indigne de vous ? Suis-je si peu de chose
Que toute votre gloire à mon amour
Ne voit-on plus en moi ce que vous estimiez ?
Et suis-je moindre enfin
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Non ; mais un autre espoir va
Quand le trône
Délivrez-en mes yeux, et prêtez-moi la main
Du moins à soutenir
De quel oeil verrez-vous
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
De
En prît
Et pour se rendre heureux, usât de son pouvoir.
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ne vous y trompez pas :
Je ne suis point à vous, je suis à qui me venge,
Et trouverai peut-être à Rome assez
Pour me venger de vous aussi bien que de lui.
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Et
Madame ? Et vous
Ah ! Que le nom de Rome est un nom précieux,
Alors
Et que pour récompense on se promet
Parlons à coeur ouvert, madame, et dites-moi
Quel fruit je dois attendre enfin
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Voulez-vous pour servir être sûr du salaire,
Seigneur ? Et
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Je
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ligne 1 669 ⟶ 1 668 :
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Les exemples des dieux
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Je ne veux donc, madame, autre exemple que vous.
De vos destins aux siens pressez-vous
Sans vouloir aucun fruit de tant de passion ?
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Peut-être en ce dessein ne suis-je intéressée
Que par
Croyez-moi généreuse, et soyez généreux :
Je sais ce que je dois à
Mais
Et qui peut immoler son intérêt au mien,
Peut se promettre tout de qui ne promet rien.
Peut-être
Je veux bien le quitter, mais non pas
Vous en dis-je trop peu pour vous
Et depuis quand
Tous mes emportements pour la grandeur suprême
Ne vous déguisent point, seigneur, que je vous aime ;
Et
Un empereur sans foi qui meurt de me trahir.
Me condamnerez-vous à voir que Bérénice
Lui pourrez-vous aider à me perdre
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Ligne 1 703 ⟶ 1 702 :
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
De tout ce
Et laissez à mon choix
Que ce soit une grâce, et non pas un devoir ;
Et
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Me faire grâce après tant
De tant de vains détours je vois trop
Et ne saurais douter du choix que vous ferez
Quand vous aurez par moi ce que vous espérez.
Épousez,
Faites
Disposez de sa main, et pour première loi,
Madame, ordonnez-lui
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ligne 1 725 ⟶ 1 724 :
Son nom seul prononcé vous a mise en alarme :
Me puis-je mieux venger, si vous me trahissez,
Que
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ligne 1 731 ⟶ 1 730 :
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Autant
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ce sera donc le vôtre encor plus que le mien.
Après cela, seigneur, je ne vous dis plus rien.
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Et moi, dût à jamais croître ce grand courroux,
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Ou Bérénice, ou moi ! La chose est donc égale,
Et vous ne
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
La douleur de vous perdre, hélas !
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Nous verrons cet amour dont vous nous menacez.
Cependant si la reine, aussi fière que belle,
Sait comme il faut répondre aux voeux
Ne me rapportez point
{{scène|IV}}
Ligne 1 764 ⟶ 1 763 :
Admire ainsi que moi de quelle jalousie
Au seul nom de la reine elle a paru saisie ;
Comme
À qui je donne un coeur dont elle ne veut pas !
{{Personnage|Albin|c|Red}}
Seigneur, telle est
Elles regardent tout comme leur propre bien,
Et ne peuvent souffrir
Un captif mal gardé leur semble une infamie :
Qui
Et sans leur faire un vol on ne peut disposer
Elles veulent
Et
Domitie a pour vous ces communs sentiments
Que les fières beautés ont pour tous leurs amants,
Et craint, si votre main se donne à Bérénice,
Quand
Feront à cette reine un empire en sa cour.
Voilà sa jalousie, et ce
Seigneur. Pour le sénat,
Il aime
Pour le stupide Claude il eut bien la bassesse
Il ne fera pas moins pour un prince adoré,
Et je
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Tu parles du sénat, et je veux parler
De
À mettre enfin
{{Personnage|Albin|c|Red}}
Tout dépendra de Tite et du secret office
Tournera
Et si sa politique à vos amis
Vous
Sondez ses sentiments, et réglez-vous sur eux :
Votre bonheur est sûr,
Que si son choix balance, ou flatte mal le vôtre,
Demandez Bérénice afin
Vous
Et
Au moindre empressement pour cette belle reine,
Il vous fera justice et reprendra sa chaîne.
Songez à pénétrer ce
Le voici.
Ligne 1 829 ⟶ 1 828 :
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Sa fierté de plus en plus éclate.
Voyez
Il veut que je la serve et ne prétende rien,
Que
Que je fasse de Rome exiler Bérénice.
Mais, seigneur, à mon tour puis-je vous demander
Ce
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Par quels ordres, grands dieux, est-elle revenue ?
Je souffrais, mais enfin je vivais sans la voir ;
J’allais…
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Seigneur ?
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Oui ; mais
Comme dépositaire, il faut que
Un monarque a souvent des lois à
Et qui veut pouvoir tout ne doit pas tout oser.
Ligne 1 857 ⟶ 1 856 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
De jeter dans mon âme un nouvel embarras.
Est-ce à lui
Et
Me croit-il en état
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Ah ! Que je vous plaindrais
{{Personnage|Tite|c|Red}}
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Ligne 1 877 ⟶ 1 876 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ah !
Vous auriez peu de peine à me persuader ;
Et pour vous rendre heureux, me rendre à Bérénice
Ligne 1 888 ⟶ 1 887 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
De tout.
Il y va
De ce
Et peut-être
Voudra que je vous perde ou que vous me perdiez :
Voilà ce qui peut suivre un si doux hyménée.
Vous voyez dans
Quand pour moi cet orgueil ose vous dédaigner,
Elle ne
Avec vous, avec moi,
Tout plairait, à ce prix, à son humeur altière ;
Tout serait digne
À mon assassin même attacherait son coeur.
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Pouvez-vous mieux choisir un frein à sa colère,
Seigneur, que de la mettre entre les mains
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Non : je ne puis la mettre en de plus sûres mains ;
Mais plus vous
De ceux
Plus leur désunion met
La suite plus barbare, et
La nature en fureur
Et cinquante ennemis sont moins haïs
Je ne réveille point des soupçons assoupis,
Et veux bien oublier le temps de Civilis :
Vous étiez encor jeune, et sans vous bien connaître,
Vous pensiez
Mais les occasions renaissent aisément :
Une femme est flatteuse, un empire est charmant,
Et comme avec plaisir on
On néglige bientôt les soins de
Croyez-moi, séparez vos intérêts des siens.
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Eh bien !
Pour votre sûreté
Mais pour
Dût le sénat, dût Rome en frémir de courroux,
Vous
Je
Quoi ?
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Se donne-t-elle à vous, et ne tient-il
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Elle a droit
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Elle
Que son amour trahi prenne la même route.
Ligne 1 948 ⟶ 1 947 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Épousez-la, mon frère, et ne
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Et si je regagnais
Si pour moi sa fierté se montrait adoucie ?
Si mes voeux, si mes soins en étaient mieux reçus,
Ligne 1 957 ⟶ 1 956 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Épousez-la sans
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Allons, et malgré lui rendons-lui Bérénice.
Albin, de nos projets son amour est complice ;
Et
Malgré
Ligne 1 972 ⟶ 1 971 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
As-tu vu Bérénice ? Aime-t-elle mon frère ?
Et se plaît-elle à voir
Me la demande-t-il de son consentement ?
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Ne la soupçonnez point
Elle
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ligne 1 983 ⟶ 1 982 :
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Elle veut vous parler,
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ligne 1 989 ⟶ 1 988 :
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Ou mettez-vous contre elle un peu mieux en défense.
Quel fruit espérez-vous de tout son entretien ?
{{Personnage|Tite|c|Red}}
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Vous ne me dites plus que Domitie est belle,
Seigneur, vous qui disiez que ses seules beautés
Vous peuvent consoler de ce que vous quittez ;
Vos feux à
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Je
Et je ne voyais pas Bérénice en ces lieux.
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Quand aux feux les plus beaux un monarque défère,
Il
Et regarde
Dès
Son grand coeur, au-dessus des plus dignes amorces,
À ses devoirs pressants laisse toutes leurs forces ;
Et son plus doux espoir
Ce que sa dignité ne lui peut accorder.
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Je sais
Et quand il
Mais de ces duretés que
Chaque mot à mon coeur coûte un soupir secret ;
Et quand à la raison
Je le dis seulement parce
Et
Il me serait honteux de ne le dire pas.
De quoi
Si par respect pour elle il doit cesser
Éteindre un feu qui plaît, ou ne le ressentir
Que pour
Cette toute-puissance est bien imaginaire,
Qui
Qui laisse au goût public régler tous ses projets,
Et prend le plus haut rang pour craindre ses sujets.
Je ne me donne point
Je laisse en liberté leurs soupirs et leurs flammes ;
Et quand
Quand je
Et par quel
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Ils perdraient tout en vous.
Vous faites le bonheur et le salut de tous,
Seigneur ; et
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ligne 2 054 ⟶ 2 053 :
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Ne vous exposez donc
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Je
Pourquoi prends-tu plaisir à les tyranniser ?
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Mais vous savez
{{Personnage|Tite|c|Red}}
En vain donc à ses voeux tout mon amour
Périr ou faire un crime est pour moi même chose.
Laissons-lui toutefois soulever des mutins ;
Hasardons sur la foi de nos heureux destins :
Ils
Tout ce
Par elle
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Seigneur…
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Oui, Flavian,
La vie est peu de chose ; et tôt ou tard,
Nous mourons à toute heure ; et dans le plus doux sort
Chaque instant de la vie est un pas vers la mort.
Ligne 2 088 ⟶ 2 087 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Dieux ! Quel comble
Ligne 2 096 ⟶ 2 095 :
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Je viens savoir de vous, seigneur, ce que je suis.
Du grand droit de prétendre au plus grand des monarques ;
Mais Bérénice est belle, et des yeux si puissants
Renversent aisément des droits si languissants.
Ce grand jour qui devait unir mon sort au vôtre,
Servira-t-il, seigneur, au triomphe
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Madame ; jusque-là laissez-moi respirer.
Et
Je ne vous réponds pas que Rome et tous vos droits
Puissent en quatre jours
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Il
À lancer sur ma tête un dernier coup de foudre,
Si vous ne craigniez point
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ligne 2 123 ⟶ 2 122 :
Quoi ? Vous ne pouvez pas ce que peut une femme ?
Que vous me rendez mal ce que vous me devez !
Et mon âme, sensible à
En étouffe un peut-être aussi fort que le vôtre.
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Peut-être auriez-vous peine à le bien étouffer,
Si votre ambition
Moi qui
Qui ne vois plus de rang digne de ma conquête,
Du trône où je me sieds puis-je aspirer à rien
Et sitôt
Elle abandonne un coeur tout entier à
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
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{{Personnage|Tite|c|Red}}
Non, madame : je veux que vous sortiez
Bérénice aime Tite, et non pas
Elle en veut à mon coeur, et non pas à
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Seigneur ; et votre reine a le goût délicat
De
Cet amour épuré que Tite seul lui donne
Renoncerait au rang pour être à la personne !
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La personne et le rang ne se séparent point.
Sous les tendres brillants de cette noble amorce
Par là de ses projets elle vient mieux à bout ;
Elle ne prétend rien, et
La bouche
Pour moi,
Tout
Je ne sais point si
Si je
Mais je sais
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Mais me le donnez-vous tout ce coeur qui
En se tournant vers moi,
Suit-il
Madame ? La suit-il sans espoir de retour ?
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Si
Le coeur se rend bientôt quand
Nous le défendons mal de qui remplit nos voeux.
Un moment dans le trône éteint tous autres feux ;
Et donner tout ce coeur, souvent ce
À
Il veut bien du dedans ignorer les ressorts :
Il
Tout le reste est pour eux une terre inconnue ;
Et sans importuner le coeur
Il a tout ce
Ne
Le coeur a quelque chose en soi de tout céleste ;
Il
Je ne veux point, seigneur, attenter sur leurs droits.
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Et moi, qui suis des dieux la plus visible image,
Je veux ce coeur comme eux, et
Mais vous
Vous ne voulez ma main que pour vous couronner.
Cependant, pour régler le sort de Bérénice,
Vous pouvez faire agir vos amis au sénat ;
Ils peuvent
{{Personnage|Domitie|c|Red}}
Suivez-le, mais tremblez
Ce grand corps tous les ans change
Il le traita depuis de traître à sa patrie,
Et réduisit ce prince indigne de son rang
À la nécessité de se percer le flanc.
Vous êtes son amour, craignez
Après
Vous avez quatre jours pour en délibérer.
Adieu. Si vous
Mais en
{{scène|III}}
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{{Personnage|Tite|c|Red}}
Où pourraient ses fureurs porter Domitian,
Et de quelle importance est pour moi
Où par tous mes désirs je la sens condamnée ?
{{Personnage|Flavian|c|Red}}
Je vous
Et surtout de la reine évitez
De toutes nos raisons va montrer la faiblesse.
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{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
De ce qui
Seigneur ; et
Pour vouloir, en faveur
Mettre au moindre péril des jours si précieux.
Quelque pouvoir sur moi que notre amour obtienne,
Je ne demande plus que pour de si beaux feux
Votre absolu pouvoir hasarde un : " je le veux. "
Cet amour le voudrait ; mais comme je suis reine,
Je sais des souverains la raison souveraine.
Si
Si mon indigne exil
Si
Tite à ce trop
Souffrez
Signale ma venue, et marque mon retour.
Voudrez-vous que je parte avec
De ne vous avoir vu que pour me voir bannie ?
Laissez-moi la douceur de languir en ces lieux,
Pour y tenir longtemps votre attente captive ;
Et si je tarde trop à mourir de douleur,
Mais laissez-
Et du moins jusque-là, seigneur, point
Pour votre ambitieuse avez-vous tant
Que vous ne le puissiez différer
Pouvez-vous refuser à ma douleur
{{Personnage|Tite|c|Red}}
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Mais, ô dieux ! Songez-vous que chaque mot me tue,
Et porte dans mon coeur de si sensibles coups,
De ceux qui
Pourquoi partir, madame, et pourquoi me le dire ?
Ah ! Si vous vous forcez
Ne
Je vous suivrais, madame ; et flatté de
Pour aller de mes feux vous demander le fruit,
Je quitterais
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Daigne me préserver le
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ligne 2 297 ⟶ 2 296 :
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
De voir tant de faiblesse en une si grande âme !
Si
Je cesserais peut-être aussi de vous aimer.
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ordonnez donc enfin ce
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Que ce soit vous, seigneur, qui le veuillez pour moi,
Et non votre sénat qui
Faites-lui souvenir, quoi
Que je suis son amie, et non pas sa sujette ;
Que
Et que tout mon amour ne
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Mais peut-être,
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Il
Seigneur :
Et dût-il vous porter à tout ce que je veux,
Je ne
Ligne 2 327 ⟶ 2 326 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Allez dire au sénat, Flavian,
Quoi
Soit
Ainsi le veut la reine ; et comme amant fidèle,
Je veux
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Il
{{Personnage|Tite|c|Red}}
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Seigneur, il vous conjure
De remplir tout
Des services rendus à vous, à tout
Et pour ne vous prier que pour une Romaine,
Et le peuple à grands cris montre sa passion
De voir un plein effet de cette adoption.
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Madame…
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Ligne 2 358 ⟶ 2 357 :
Ce que peut votre flamme accorder à la mienne.
Grâces au juste ciel, ma gloire en sûreté
Et
Je
Qui semble un peu bien prompt pour
Souvent on se dédit de tant de complaisance.
Non que vous ne puissiez en fixer
Si nous avons trop vu ses flux et ses reflux
Pour Galba, pour Othon, et pour Vitellius,
Rome, dont
Mais aussi cet amour
Ne vous peut garantir des ennemis couverts.
Un million de bras a beau garder un maître,
Un million de bras ne pare point
Il
Il
Aux zèles indiscrets tout paraît légitime,
Et la fausse vertu se fait honneur du crime.
Ligne 2 380 ⟶ 2 379 :
Sauvons-lui, vous et moi, la gloire de ses lois ;
Rendons-lui, vous et moi, cette reconnaissance
De
On nous aime : faisons
Qui
Et lui feraient peut-être avec trop de raison
Haïr votre mémoire et détester mon nom.
Ligne 2 397 ⟶ 2 396 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Quand Rome vous appelle à la grandeur
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Jamais un tendre amour
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Mais, madame, tout cède, et nos voeux
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Votre coeur est à moi,
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Malgré les voeux publics refuser
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Ligne 2 416 ⟶ 2 415 :
Ne me renvoyez pas, mais laissez-moi partir.
Ma gloire ne peut croître, et peut se démentir.
Elle passe
Plus
{{Personnage|Tite|c|Red}}
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
La raison me la fait malgré vous, malgré moi.
Si je vous en croyais, si je voulais
Nous pourrions vivre heureux, mais avec moins de gloire.
Épousez Domitie : il ne
Qui vous enrichissiez
Et je serais à vous, si
Adieu, seigneur : je pars.
Ligne 2 440 ⟶ 2 439 :
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Est-ce là donc pour moi
Madame ? Est-ce le prix de vous avoir servie ?
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ne vous alarmez point : quoi que la reine ait dit,
Domitie est à vous, si
Madame, en ce refus un tel amour éclate,
Que
Et mériterais mal ce
Si je portais ailleurs la main que je vous doi.
Tout est à vous :
Un si noble refus
Tout est à vous, madame, et ne sera
Et ce que mon amour doit à
Ne deviendra jamais le partage
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Le mien vous aurait fait déjà ces beaux serments,
Vous vous devez des fils, et des Césars à Rome,
Qui fassent à jamais revivre un si grand homme.
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Pour revivre en des fils nous
Et vous mettez ma gloire au-dessus de ces soins.
Du levant au couchant, du More
Les peuples vanteront et Bérénice et Tite ;
Et
Prince, après mon trépas soyez sûr de
Prenez-y part en frère, attendant que
Allons voir Domitie, et la fléchir pour vous.
Le premier rang dans Rome est pour elle assez doux ;
Et je vais lui jurer
Elle seule y tiendra celui
Est-ce là vous
{{Personnage|Domitian|c|Red}}
Ah !
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Daignez contribuer à faire son bonheur,
Madame, et nous aider à mettre de cette âme
Toute
{{Personnage|Bérénice|c|Red}}
Ligne 2 493 ⟶ 2 492 :
{{Personnage|Tite|c|Red}}
Ainsi pour mon hymen la fête préparée
Vous rendra cette foi
Prince ; et ce jour, pour vous si noir, si rigoureux,
{{ThéâtreFin}}
</poem>
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