« Les Malthusiens » : différence entre les versions

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Alphred (discussion | contributions)
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La théorie de Malthus, c'est la théorie de l'assassinat politique, de l'assassinat par philanthropie, par amour de Dieu. Il y a trop de monde au monde : voilà le premier article de foi de tous ceux qui, en ce moment, au nom du Peuple, règnent et gouvernent. C'est pour cela qu'ils travaillent de leur mieux à diminuer le monde. Ceux qui s'acquittent le mieux de ce devoir, qui pratiquent avec piété, courage et fraternité les maximes de Malthus, sont les bons citoyens, les hommes religieux; ceux qui protestent, sont des anarchistes, des socialistes, des athées.
 
Le crime inexpiable de la révolution de février est d'avoir été le produit de cette protestation. Aussi, on lui apprendra à vivre à cette révolution qui promettait de faire vivre torttout le monde. La tache originelle, indélébile de la République, c'est d'avoir été proclamée par le Peuple, anti-malthusien. C'est pour cela que la République est si particulièrement odieuse à ceux qui furent et qui veulent redevenir les complaisanscomplaisants et les complices des rois, ''grands'' ''mangeurs'' ''d'hommes'', disait Caton. On la monarchisera votre République, on lui fera dévorer ses enfansenfants !
 
Là est tout le secret des souffrances, des agitations et des contraditionscontradictions de notre pays.
 
Les économistes ont les premiers parmi nous, par un inconcevable blasphème, érigé en dogme de Providence la théorie de Malthus. Je ne les accuse pas plus que je ne les calomnie. Les économistes sont en cela de la meilleure foi, comme de la meilleure intention du monde. Ils ne demanderaient pas mieux que de faire le bonheur du genre humain; mais ils ne conçoivent pas comment, sans une organisation quelconque de l'homicide, l'équilibre entre la population et les subsistances pourrait exister.
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Le journalisme presque tout entier est infecté des mêmes idées. Que le ''National'', par exemple, nous dise s'il n'a pas toujours cru, s'il ne croit pas encore que le paupérisme, dans la civilisation, est éternel; que l'asservissement d'une partie de l'humanité est nécessaire à la gloire de l'autre; que ceux qui prétendent le contraire sont de dangereux rêveurs qui méritent d'être fusillés ; que telle est la raison d'état ? Car, si telle n'est pas la pensée secrète du ''National'', si le ''National'' veut sincèrement, résolument l'émancipation des travailleurs, pourquoi ces anathèmes, pourquoi cette colère contre les socialistes purs, contre ceux qui, depuis dix et vingt ans, demandent cette émancipation ?
 
Qu'ils daignent aussi, afin que le Peuple les connaisse, faire leur profession de foi économique, ces bohémiens de la littérature, aujourd'hui sbires du journalisme, calomniateurs à prix fixe, courtisans de tous tes prjvilègesprivilèges, panégyristes de tous les vices, parasites vivant aux dépens d'autres parasites, qui ne parlent tant de Dieu que pour dissimuler leur matérialisme, de la famille que pour couvrir leurs adultères, et qu'on verrait, par dégoût du mariage, caresser des guenons, s'ils ne trouvaient plus de malthusiennes.
 
''Faites'' ''des'' ''filles'', ''nous'' ''les'' ''aimons'', chantent ces infâmes, en parodiant le poète. Mais abstenez-vous de faire des garçons : au banquet de la volupté, il n'y a pas de place pour tout tele monde.
 
Le gouvernement était inspiré de Malthus, lorsqu'ayant cent mille ouvriers disponibles auxquels il donnait un salaire gratuit, il se refusait à les employer en travaux utiles; lorsqu'ensuite, après la guerre civile, il demandait pour eux une loi de transportation. Avec les dépenses des prétendus ateliers nationaux, avec les frais de guerre, de procédure, de prison, de transport, on pouvait donner aux insurgés du travail pour six mois, et changer tout notre régime économique. Mais le travail est un monopole; mais on ne voulait pas que l'industrie révolutionnaire fit concurrence à l'industrie du privilège : au chantier de la nation, il n'y a pas de place pour tout le monde.