« Principes du socialisme (Baju) » : différence entre les versions

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==I. – Des fins de l’homme.==
 
Pour qu'un système social prétende à la perfection, il doit embrasser dans ses cadres les hommehommes de tous les pays, les conduire à leurs fins présentes et préparer leurs fins futures.
 
Quelles sont donc ces fins, c'est-à-dire quel doit être le but de nos efforts ? Est-ce pour ''jouir'' ou pour ''souffrir'' que nous vivons ? Les prêtres et les philosophes officiels affirment que nous sommes nés pour les privations, pour les douleurs, et que nous devons nous résigner à notre triste sort. Nous nous permettrons d'exprimer ici une opinion différente : nous vivons pour l'entier développement de nos organes et de nos facultés intellectuelles, en un mot pour la satisfaction de tous nos besoins ; nous tendons à un état de bien-être absolu. Ce que nous devons réclamer pour l'heure présente, c'est un peu plus de bonheur, et ce que nous devons rechercher pour l'avenir, c'est le bonheur intégral.
 
En quoi consiste ce bonheur ? Est-ce dans la plénitude des jouissances matérielles ? Non, sans doute. Un égoïsme grossier serait le résultat d'une pareille conception de la vie. Chaque individu ayant en soi la mesure du plus grand bien s'isolerait de tous les autres. Il n'y aurait entre nous aucun courant de sympathie : le plaisir des sens localisé dans les organes ne se communique point. De plus, les appétits ont une limite ; ils traînent après eux la satiété et le dégoût. Une fois le ventre satisfait, la bête n'aspire plus à rien.
 
Il faut quelque chose de supérieur pour arracher les hommes à l'esclavage des sens et pour les maintenir en communion constante, un sentiment plus pur, moins égoïste, et dont l'intensité s'accroisse en raison de la culture intellectuelle : l'idéal de la perfection absolue. L'amour du Beau est inné au fond de nous ; chacun le possède à un degré quelconque. Il n'est personne qui n'ait éprouvé une émotion plus ou moins forte en face de tels spectacles grandioses de la Nature ou devant les chefs-d'oeuvreœuvre du génie, et qui n'ait essayé de la communiquer à quelqu'un de son milieu ; car c'est là le caractère essentiel de ce sentiment d'être commun ou conceptible à tous, c'est-à-dire éminemment social.
 
Un système soucieux de la fin des hommes doit donc s'efforcer de développer en eux l'idéal esthétique, qui est le mode le plus élevé du bonheur. En les conviant à des plaisirs communs qui ne connaissent ni la limite ni le dégoût, il supprime l'antagonisme des intérêts ; il leur apprend même à s'aimer les uns les autres dans l'œuvre de la Nature ; enfin il les soustrait à la matérialité des choses, les attache à la vie en leur inspirant le désir toujours nouveau de connaître le Mieux : il leur ouvre une porte sur l'Infini.