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{{TitrePoeme|Poésies diverses|George Gordon Byron|À Caroline<br /><small>1807</small>}}
 
 
 
Crois-tu donc que j’aie vu sans m’émouvoir tes beaux yeux baignés de larmes me supplier de rester ; que j’aie été sourd à tes soupirs qui en disaient plus que des paroles n’auraient pu en dire ?
 
Quelque vive que fût l’afliction qui faisait couler tes larmes, en voyant ainsi se briser nos espérances et notre amour, crois-moi, fille adorée, ce cœur saignait d’une blessure non moins profonde que la tienne.
 
Mais quand la douleur enflammait nos joues, quand tes lèvres charmantes pressaient les miennes, les pleurs qui coulaient de mes yeux étaient absorbés dans ceux que répandaient les tiens.
 
Tu ne pouvais sentir ma joue brûlante. Le torrent de tes larmes en avait éteint la flamme ; et lorsque ta langue essayait de parler, ce n’était que par des soupirs qu’elle articulait mon nom.
 
Et cependant, jeune fille, c’est en vain que nous pleurons, en vain que nous exhalons nos plaintes par des soupirs ; les souvenirs seuls doivent nous rester, et ils ne feront que redoubler nos pleurs.
 
Adieu encore, ô ma plus aimée ! Ah ! si tu le peux, étouffe tes regrets ; que ta pensée ne s’arrête pas sur nos joies passées. Tout notre espoir est dans l’oubli.
 
 
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Quand je t’entends exprimer une affection si vive, ne pense pas, ma bien-aimée, que je n’ajoute pas foi à tes paroles : tes lèvres désarmeraient le plus soupçonneux des mortels, et dans tes yeux brille un rayon qui ne saurait tromper.
 
Et pourtant mon cœur épris, tout en t’adorant, songe avec douleur que l’amour, comme la feuille, doit se faner un jour ; que la vieillesse viendra, et qu’alors, les larmes aux yeux, nous contemplerons à travers le voile des souvenirs les scènes de notre jeunesse ;
 
Qu’un temps viendra où les boucles de ta chevelure perdront leur couleur éclatante et flotteront plus rares au souffle de la brise, alors qu’il ne restera de ces tresses que quelques cheveux blancs, signe douloureux des infirmités de l’âge et du déclin de la nature.
 
C’est là, ma bien-aimée, ce qui rembrunit mes traits. Loin de moi cependant d’accuser d’injustice cette loi suprême qui soumet à la mort tout ce qui respire, et qui un jour doit me priver de toi !
 
Sceptique aimable, ne te méprends pas sur la cause de mon émotion : le doute ne peut arriver jusqu’au cœur de ton amant ; chacun de tes regards devient l’objet de son culte ; il suffit d’un sourire pour le charmer, d’une larme pour changer ses convictions.
 
Mais, ô ma douce amie ! puisque la mort doit tôt ou tard nous atteindre ; puisque nos cœurs, brûlant aujourd’hui d’une sympathie si vive, dormiront dans le sein de la terre pour ne s’éveiller qu’au jour où la trompette redoutable sonnera le réveil des morts ;
 
Eh bien ! savourons à longs flots le plaisir dont une passion telle que la nôtre est une source intarissable ; remplissons jusqu’aux bords la coupe de l’amour, et énivrons-nous de ce terrestre nectar.
 
 
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Oh ! quand viendra la tombe ensevelir à jamais ma douleur ? Quand mon âme, quittant cette argile, prendra-t-elle son vol ? Le présent est l’enfer, et le lendemain ajoute de nouvelles tortures aux souffrances de la veille.
 
Mes yeux n’ont point de larmes, mes lèvres point de malédictions ; je n’exterminerai point les ennemis qui m’ont précipité du faîte du bonheur ; elle serait vile l’âme qui, en proie à de tels tourments, exhalerait en paroles ses plaintes bruyantes.
 
Si mes yeux, au lieu de pleurs, dardaient des traits de feu, si mes lèvres vomissaient des flammes que rien ne pourrait éteindre, mes yeux lanceraient sur nos ennemis les foudres de la vengeance, ma langue avec transport donnerait l’essor à sa rage.
 
Mais maintenant à quoi nous serviraient les malédictions et les larmes ? Elles ne feraient qu’ajouter à la joie de nos tyrans ; s’ils nous voyaient gémir de notre funeste séparation, cette vue réjouirait leurs cœurs impitoyables.
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[[Catégorie:XIXe siècle]]