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garnisaire. A midi, il reparaît en cravate blanche et en habit noir : il vient d’être nommé juge de paix, percepteur, ''landsrath'' ; il n’a eu qu’à changer de costume. Il pense que, redevenu fonctionnaire civil, il doit vous présenter toutes ses politesses.
garnisaire. A midi, il reparaît en cravate blanche et en habit noir : il vient d’être nommé juge de paix, percepteur, ''landsrath'' ; il n’a eu qu’à changer de costume. Il pense que, redevenu fonctionnaire civil, il doit vous présenter toutes ses politesses.


Le chancelier de la confédération du nord, en créant le gouvernement d’Alsace, ne faisait donc que se conformer aux principes, arrêtés depuis longtemps, d’une théorie savante ; mais le gouvernement d’Alsace, à la différence de ceux qui furent institués depuis, devait rester sous la domination allemande. C’est ce qui explique pourquoi l’administration qui y fut installée ne présenta que peu de rapports avec celles des gouvernemens voisins. A Reims, à Nancy, à Versailles, les fonctionnaires n’avaient à se préoccuper que des intérêts de l’armée <ref> Voyez la ''Revue'' du 1er mai, ''les Prussiens en Lorraine''.</ref>
Le chancelier de la confédération du nord, en créant le gouvernement d’Alsace, ne faisait donc que se conformer aux principes, arrêtés depuis longtemps, d’une théorie savante ; mais le gouvernement d’Alsace, à la différence de ceux qui furent institués depuis, devait rester sous la domination allemande. C’est ce qui explique pourquoi l’administration qui y fut installée ne présenta que peu de rapports avec celles des gouvernemens voisins. A Reims, à Nancy, à Versailles, les fonctionnaires n’avaient à se préoccuper que des intérêts de l’armée <ref> Voyez la ''Revue'' du 1{{er}} mai, ''les Prussiens en Lorraine''.</ref>
; en Alsace, il fallait prendre possession du pays pour toujours, le germaniser, y établir une administration durable, travailler dès le mois d’août à faire accepter aux habitans les lois allemandes. Là est l’intérêt que présente toute étude sur ce gouvernement ; là est aussi la raison de la douceur et de la modération relatives qu’ont éprouvées, au moins à certaines heures, les Alsaciens. Un officier bavarois me disait : « Pour l’Alsace, nous avons pris des gants glacés. » On verra ce que sont les gants glacés des administrateurs prussiens. Toujours est-il certain que le sort des populations dans ce gouvernement a été beaucoup moins dur, beaucoup moins rigoureux que dans les autres départemens de l’est et autour de Paris. Les Alsaciens étaient des ''frères'' que l’Allemand le plus rigide pouvait tout au plus accuser d’un instant d’oubli dans l’amitié de la France ; il fallait les traiter comme des frères : on les traita en effet comme les Hanovriens et les Bavarois durant la campagne de 1866.
; en Alsace, il fallait prendre possession du pays pour toujours, le germaniser, y établir une administration durable, travailler dès le mois d’août à faire accepter aux habitans les lois allemandes. Là est l’intérêt que présente toute étude sur ce gouvernement ; là est aussi la raison de la douceur et de la modération relatives qu’ont éprouvées, au moins à certaines heures, les Alsaciens. Un officier bavarois me disait : « Pour l’Alsace, nous avons pris des gants glacés. » On verra ce que sont les gants glacés des administrateurs prussiens. Toujours est-il certain que le sort des populations dans ce gouvernement a été beaucoup moins dur, beaucoup moins rigoureux que dans les autres départemens de l’est et autour de Paris. Les Alsaciens étaient des ''frères'' que l’Allemand le plus rigide pouvait tout au plus accuser d’un instant d’oubli dans l’amitié de la France ; il fallait les traiter comme des frères : on les traita en effet comme les Hanovriens et les Bavarois durant la campagne de 1866.