« Mémoires de Victor Alfieri, d’Asti » : différence entre les versions
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C'est ici que s'arrêtera le récit de ma jeunesse, je ne saurais donner une date plus heureuse à la première année de mon âge viril.
== Époque quatrième - Virilité ==
'''Elle embrasse plus de trente années, pendant lesquelles je compose, je traduis et me livre à diverses études.'''
=== CHAPITRE PREMIER. ===
Mes deux premières tragédies, Philippe II etPolyniee, conçues et écrites en prose française. — Chemin faisant, un déluge de mauvaises rimes. <
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prédit que je reviendrais un jour au Galateo, et le relirais plus d'une fois. Et c'est en effet ce qui m'arriva, mais longues années après, lorsque mes épaules et mon cou se furent tout-à-fait endurcis à porter le joug grammatical. Et ce ne fut pas seulement le Galateo, mais tous nos prosateurs du quatorzième siècle que je lus en les annotant. En retirai-je grand fruit? je l'ignore. Il n'en est pas moins vrai qu'un auteur qui les aurait bien lus, qui aurait bien étudié leur manière, et qui serait venu à bout de s'approprier avec sens et adresse l'or de leurs vêtemens, en écartant la friperie de leurs idées, pourrait bien, poète, historien, philosophe, en quelque genre enfin que ce fût, donnera son style une richesse, une précision, une propriété , un coloris qui n'appartiennent encore véritablement à aucun de nos écrivains ; pourquoi î peut-être parce que le labeur est immense ; ceux qui auraient assez de talent et de capacité pour l'accomplir ne le veulent pas faire, et ceux-là l'essaient en vain, à qui le ciel a refusé ces dons.
===CHAPITRE II.===
Je reprends un maître pour expliquer Horace. Premier voyage littéraire en Toscane.
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imprimé, je me procurai une copie manuscrite du récit inséré dans les archives publiques de Florence, et dès lors ma tragédie fut conçue. Je continuais cependant à griffonner des rimes, mais toujours les plus malencontreuses du monde. Je n'avais à Florence aucun censeur, aucun ami, qui pût remplacer auprès de moi Tana ou Paciaudi ; j'eus néanmoins assez de sens et de jugement pour ne donner à personne copie de ces vers, et assez de réserve pour ne les réciter que très-rarement. Je ne me laissai pas décourager par le peu de succès de ces rimes; j'en tirai au contraire cette conclusion, qu'il ne fallait pas cesser de lire et d'apprendre par cœur ce qu'il y avait de mieux en ce genre, pour me familiariser avec les formes poétiques. Aussi, pendant tout l'été, je m'inondai de vers de Pétrarque, du Dante, du Tasse, j'y ajoutai même jusqu'à trois chants entiers de l'Arioste, convaincu au fond qu'infailliblement un jour viendrait où toutes ces formes, toutes ces phrases, toutes ces expressions sortiraient des diverses cases de mon cerveau, mêlées et assimilées à mes propres pensées, à mes propres sentimens.
===CHAPITRE III.===
Je m'obstine à me livrer aux études les plus ingrates.
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VIE D'ALFIEBI.
===CHAPITRE IV.===
Second voyage littéraire en Toscane; je le gâte par un sot luxe d'équipage. Je me lie d'amitié avec Gandellioi. Travaux accomplis ou ébauchés à Sienne.
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dignationque j'y vois briller à chaque page, et dont l'éclat n'ôte rien à une sorte de franche et véhémente logique qui me paraît y dominer le reste. Que si j'y remarquai aussi des erreurs ou des déclamations, ce sont filles d'inexpérience et non de mauvaise volonté que je voulus également y laisser. Aucune fin cachée, aucun sentiment de vengeance personnelle ne me dicta cet écrit. J'ai pu me tromper dans ma façon de sentir, ou écrire avec trop de passion. Mais peut-il y avoir excès dans la passion que l'on éprouve pour le juste et pour le vrai, surtout quand il s'agit de la faire partager aux autres ? Je me suis borné à dire ce que je pensais, moins peut-être que je ne sentais. Dans l'ardeur bouillante de cet âge, raisonner et juger n'étaient peut-être qu'une noble et généreuse manière de sentir.
===CHAPITRE V.===
Un amour digne de moi m'enchaîne enfin pour toujours.
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'''VIE B'ALFIERI. 29S'''
===CHAPITRE VI.===
'''Donation entière de mes biens à ma sœur, — Nouvel accès d'avarice.'''
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jusqu'à l'affectation et à la manière), j'ai droità une double gloire, en raison des obstacles ; si je n'y ai point réussi, l'excuse en est meilleure.
===CHAPITRE
Éludes poursuivies avec passion à Florence.
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Stuart ; je développai l'Octavie et le Timoléon ; de ces deux dernières l'une était le fruit de la lecture de Plutarque, à qui j'étais aussi revenu, l'autre était une vraie fille de Tacite que je lisais et relisais avec transport. En outre, je refis d'un bout à l'autre tous les vers du Philippe, toujours en en retranchant quelque chose. Mais cette tragédie se ressentait toujours plus que les autres de son origine bâtarde, et il y restait encore trop de formes étrangères et impures. Je versifiai la Rosemonde, et une grande partie de l'Octavie qu'il me fallut interrompre sur la fin de l'année, à cause des peines de coeur dont je me vis accablé.
Accident qui me force à retourner à Naples et à Rome, où je me fixe.
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VIE D'ALFIERI.
===CHAPITRE IX
Je reprends mes études à Rome, où je les pousse"vivement. — J'achève mes quatorze premières tragédies.
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me repentir d'avoir agi ainsi, si la chose a tourné au profit de l'art et au mien. S'il en est autrement, le ridicule de ces lectures ira se perdre dans un autre plus grand encore, celui de les avoir imprimées et représentées.
===CHAPITRE X
L'Antigone estreprésenlée a Rome. — J'imprime mes quatre premières tragédies. — Séparation bien douloureuse. — Voyage en Lombardie.
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peu importantes, à dire vrai, et qui toutes ensemble ne peuvent pas constituer ce qu'on appelle le style, mais seulement quelques-unes de ses parties. Mais ce qui constitue surtout, sinon uniquement, le vrai défaut d'un style, et ce que je ne pouvais alors bien discerner par moi-même, Parini ni Cesarotti n'ont jamais pu ou voulu me l'apprendre, ni eux, ni aucun des hommes de mérite que je visitai et que j'interrogeai avec la ferveur et l'humilité d'un novice, pendant ce voyage en Lombardie. Et après bien des années de travail et d'incertitude, il me fallut trouver moi-même en quoi je me trompais, et moi-même essayer dele corriger. En somme, au-delà des Apennins mes tragédies avaient eu plus de succès qu'en Toscane ; le style même y avait rencontré des censeurs moins acharnés et un peu plus éclairés. La même chose était arrivée à Rome et à Naples, auprès du petit nombre de ceux qui avaient daigné me lire. C'est donc un vieux privilège qui n'appartient qu'à la Toscane, que celui d'encourager ainsi les écrivains de l'Italie, lorsqu'ils n'écrivent pas en style académique.
===CHAPITRE XI
J'imprime encore six autres tragédies. — Diverses critiques adressées aux quatre premières. — Réponse â la lettre de Calsabigi.
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===CHAPITRE XII
Troisième voyage en Angleterre, uniquement pour y acheter des chevaux.
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ou huit jours de repos, je les expédiai, devant moi, sur la route de Toscane, où je me proposai de les rejoindre. Je voulais, en attendant, respirer un peu de tant de tracas, de fatigues et de puérilités, qui allaient peu* il faut en convenir, à ua poète, tragique, âgé de trente-cinq ans bien sonnés. Avec tout cela, cette distraction, ce mouvement, cette interruption complète de toutes mes études avaient été pour ma santé d'une merveilleuse ressource. J'avais retrouvé toute ma force, et me sentais rajeuni de corps, comme aussi peut-être trop rajeuni de sens et de savoir, car mes chevaux m'avaient ramené au galop à l'époque où j'étais un âne. Et la rouille s'était de nouveau si bien emparée de mon esprit, que je me croyais retombé pour toujours dans l'impuissance d'inventer et d'écrire .
===CHAPITRE XIII
Court séjour 'à Turin. — J'y assiste à la représentation de Virginie.
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nouveau, et si loin l'un de l'autre, me donnait en même temps une émotion de douleur et de plaisir. J'aurais bien pu envoyer directement en Toscane ma voiture et mes gens, et m'en allant seul àfrana étrier par la traverse, j'avais chance de la rejoindre bientôt, et du moins je l'aurais vue. Je désirais, je craignais, j'espérais, je voulais, je ne voulais plus; anxiété que seuls connaissent ceux qui vraiment ont aimé 1 Et il en est peu. Le devoir finit par l'emporter, le devoir et l'amour, non de moi, mais celui que j'avais pour elle et pour son honneur ; je continuai donc ma routeen pleurant et en blasphémant, et toujours accablé sous le poids de ma douloureuse victoire, j'arrivai à Sienne, après un voyage d'environ dix mois. Je retrouvai dans Gori un consolateur qui jamais ne m'avait été plus nécessaire pour m'apprendre à traîner encore ma misérable vie et à fatiguer l'espérance.
===CHAPITRE XIV
■Voyage en Alsace. — Je revois mon amie. — Je fais le plan de trois nouvelles tragédies. — Mort inattendue de mon cher Gori à Sienne.
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tin meilleur vînt me rendre à moi-même; car privé de tout ce qui nourrit le cœur, je ne pouvais, en vérité, me regarder comme vivant.
===CHAPITRE XV
Séjour à Pise. — J'y écris le Panégyrique de Traian, et d'autres ouvrages.
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se trouver satisfaite, car on distingua surtout mes beaux chevaux anglais, qui l'emportaient en force.en beauté, sur tous ceux qu'on ayait pu voir en pareille rencontre ; mais au milieu d'une jouissance si puérile et si trompeuse, je vis, à mon grand désespoir, que dans cette Italie morte et corrompue, il était plus facile de se faire remarquer par des chevaux que par des tragédies.
===CHAPITRE XVI
Second voyage en Alsace, où je me fixe. — Conception et développement des deux Brutus, et de l'Âbel. — Études reprises avec chaleur.
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386 VIE D'ALFIEBI.
===CHAPITRE XVII
Voyage a Paris. — Retour en 'Alsace, après avoir pris des engagemens avec Didot, pour l'impression de toutes mes tragédies, au nombre de dix-neuf. — Cruelle maladie en Alsace, où mon ami Caluso était venu passer l'été avec moi.
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398 vie d'alfieri.
===CHAPITRE XVIII
Séjour de plus de trois ans à Paris. — Impression de toutes mes tragédies. — Je fais imprimer en même temps plusieurs autres ouvrages à ''Kehl.''
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vie d'alfiem. 403
===CHAPITRE XIX
Commencement des troubles de France. — Ils me dérangent de plusieurs manières, et me transforment de poète en discoureur. — Mon opinion sur les choses présentes et futures de ce royaume.
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