« Le Corbeau (traduit par Maurice Rollinat) » : différence entre les versions

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Chez moi. Je dis alors, bâillant, d’une voix morte :
« C’est quelque visiteur – oui – qui frappe à ma porte :
::::C’est cela seul et rien de plus ! »
 
Ah ! très distinctement je m’en souviens ! c’était
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Ma tristesse pour l’ange enfui dans le mystère,
Que l’on nomme là-haut Lenore, et que sur terre
::::On ne nommera jamais plus !
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==[[Page:Rollinat - Choix de poésies, 1926.djvu/264]]==
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C’est quelqu’un attardé qui, par ce noir décembre,
Est venu frapper à la porte de ma chambre ;
::::C’est cela même et rien de plus. »
 
Pourtant, je me remis bientôt de mon émoi,
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À peine était-ce un bruit humain que l’on entende ! »
Et cela dit, j’ouvris la porte toute grande :
::::Les ténèbres et rien de plus !
 
Longuement à pleins yeux, je restai là, scrutant
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Un seul nom fut soufflé par une voix : « Lenore ! »
C’était ma propre voix ! – l’écho, plus bas encore,
::::Redit ce mot et rien de plus !
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==[[Page:Rollinat - Choix de poésies, 1926.djvu/265]]==
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Car il a quelque chose ! allons à la fenêtre
Et sachons, sans trembler, ce que cela peut être !
::::C’est la rafale et rien de plus !
 
Lors, j’ouvris la fenêtre et voilà qu’à grand bruit,
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De Pallas, sur le buste à couleur pâle, en sorte
Qu’il se jucha tout juste au-dessus de ma porte…
::::Il s’installa, puis rien de plus !
 
Et comme il induisait mon pauvre cœur amer
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Sur la tête, lui dis-je, ô rôdeur des ténèbres,
Comment t’appelle-t-on sur les rives funèbres ? »
::::L’oiseau répondit : « Jamais plus ! »
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==[[Page:Rollinat - Choix de poésies, 1926.djvu/266]]==
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Par un sombre minuit, dans sa chambre, tout juste
Au-dessus de sa porte installé sur un buste,
::::Se nommant ainsi : « Jamais plus ! »
 
Mais ce mot fut le seul que l’oiseau proféra
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Comme mes vieux espoirs que je croyais fidèles,
Vers le matin il va s’enfuir à tire-d’ailes !
::::L’oiseau dit alors : « Jamais plus ! »
 
Sa réponse jetée avec tant d’à-propos
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Jusqu’à ce que sa plainte à jamais désolée
Comme un ''De profundis'' de sa joie envolée,
::::Eût pris ce refrain : « Jamais plus ! »
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==[[Page:Rollinat - Choix de poésies, 1926.djvu/267]]==
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Ce que ce triste oiseau, sombre, augural et maigre,
Voulait me faire entendre en croassant cet aigre
::::Et lamentable : « Jamais plus ! »
 
Et j’étais là, plongé dans un rêve obsédant,
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Ce velours violet caressé par la lampe,
Et que sa tête, à ma Lenore, que sa tempe
::::Ne pressera plus, jamais plus !
 
Alors l’air me sembla lourd, parfumé par un
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Prends-le donc ce répit qu’un séraphin t’apporte,
Bois ce bon népenthès, oublie enfin la morte !
::::Le corbeau grinça : « Jamais plus ! »
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==[[Page:Rollinat - Choix de poésies, 1926.djvu/268]]==
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S’il est, s’il est sur terre un baume de Judée,
Qui puisse encor guérir mon âme corrodée ?
::::Le corbeau glapit : « Jamais plus ! »
 
Prophète de malheur, oiseau noir ou démon,
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La précieuse enfant que tout son corps adore,
La sainte enfant que les anges nomment Lenore ?
::::Le corbeau gémit : « Jamais plus ! »
 
Alors, séparons-nous ! puisqu’il en est ainsi,
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Va-t-en ! bête maudite, et que ton spectre sorte
Et soit précipité loin, bien loin de ma porte !
::::Le corbeau râla : « Jamais plus ! »
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==[[Page:Rollinat - Choix de poésies, 1926.djvu/269]]==
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Et ma pauvre âme, hors du cercle de cette ombre
Qui gît en vacillant – là – sur le plancher sombre,
::::Ne montera plus, jamais plus !
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