« Le Mois, résumé mensuel, historique et politique de tous les événements, jour par jour, heure par heure, entièrement rédigé par Alexandre Dumas » : différence entre les versions

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Que la Jamaïque
 
Il désire une guerre
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Que la Jamaïque ;
</poem>
 
L Angleterre, qui n avait pour louie station dans l'Océan atlantique équinoxial:
 
Que Sainte-Hélène , dj meurtrière mémoire.
 
L'Angleterre, aujourdlmi, comme une gigantesque araignée de» mers, a accroché si toile aux cinq parties du monde.
 
En Europe, elle possède:
L'Irlande, Malle, Heliogoluud.
 
En Asie:
 
La ville d'Aden, qui commande la mer Rouge, comme Gibraltar la Méditerranée;
 
Ceylan, la grande presqu'île de l'Inde , leNépaul,le Lahore, leSind, le lîeloutchistan et le Caboul;
 
Lesiles Sincapouo, Pinang et Sumatra.
 
C'est-à-dire cent vingt-deux mille trois cent trente-trois lieues de territoire, nourrissantcenl vingt-trois millionsdliommes.
 
En Afrique:
 
Batburst, les îles de Loss, Sierra-Leone, une portion de la côte de Guinée, Fernando-Rio , les îles de l'Ascension et de Sainte-Hélène, la colonie du Cap, le port Natal, l'île de France, Rodrigue, les Séchelles, Socotara.
 
En Amérique:
 
Le Canada, tout le contiuent septentrional depuis le banc de Terre-Neuve jusqu'à l'embouchure du fleuve Makensie, presque toutes les Antilles, la Trinité, une partie delà Guyane, les Malouines,Balise, Rual(an et les Bermudes.
 
Dans l'Océsmie:
 
La moitié do l'Australie, la terre de VanOiemen, la Nouvelle-Zélande, Norfolk, Hawai et le protectorat général de la Polynésie.
 
Elle a tout prévu, elle est prête à tout. Peut-oirc percera-1-on un jour l'isthme de Panama; Elle a Balise, sentinelle qui attend. Peut-être ouvrira-l-on l'isthme de Suez; Elle a Aden, factionnaire qui veille.
 
Le passage de la Méditerranée à la mer des Indes sera à elle.
 
Ce sera à elle le passage du golfe du Mexique au grand océan Boréal.
 
Elle aura , dans une armoire de l'Amirauté, la clef de l'Inde et la clef de l'Océanie, comme elle a déjà Celle de la Méditerranée.
 
Ce n'est pas tout.
 
Par son titre de protectrice des Lies Ioniennes , elle jette P;incre à la sortie de l'Adriatique et à l'entrée de la mer E;;ée. Elle pose un pied sur la terre des anciens Epirotes et des modernes Albanais. Quand (friande lui refusera ses paysans, l'Ecosse ses montagnards; quand les iiuidus d'hommes que tiennent les prim es allemands se fermeront pour elle, elle recrutera parmi ces peuplades guerrières. File aura une escadre à Corfou, qui, c i (pu 1ques jours, pourra arriver aux Dardanelles. Elle aura une armée à Céphalonie, qui sera en une semaine aux sommets de l'Hcmns. De là, elle balancera en Grèce l'influence de la Russie, et il lui suffira de quelques bateaux armés pour détruire le commerce de tout le littoral autrichien.
 
Voilà pour l'Angleterre,
 
Passons à la Russie.
 
La Russie, il y a cent ans,.s'étendait de Kiew à l'île Saint -Laurent, des grands monts Altaï au golfe de Tenisei; ci peutêtre avait-on le droit de croire (pie celait pour lui marquer une limite que llehriiig avait découvert le détroit auquel, en mourant, il légua son nom.
 
La Russie ne s'est point arrêtée là.
 
Elle a rompu celte vieille limite de Kiew.
 
le serpent Scandinave, qui enveloppe de ses replis les deux tiers du globe, a déroulé ses anneaux. D'une des mâchoires de sa gueule entrouverte pour dëv< rer la Prusse, il touche, à l'occident, la Vistule, et de l'autre le golfe de Bothnie ; à l'orient, il a franchi, en s'allongeant, le détroit de Behring , et ne s'est arrêté qu'eu rencontrant l'Angleterre au pied du mont Saint» Elie et des monts Ruchland. Comme une arête qui se serait dressée sur son dos, il
 
[>orte aujourd'hui toute cetie plage denteée, qui, dernière limite du monde, se découpe sur l'océan Glacial, depuis le fleuve Piasina jusqu'aux îles des Ours, et depuis le lac Piasinskoé jusqu'au cap Sacré.
 
Ainsi, depuis cent ans, la Russie a gagné:
 
Sur la Suède:
 
La Finlande, Abo, Wiburg , l'Estlionie, la Livonie, Riga, Revel et une partie de la Laponie.
 
Sur l'Allemagne:
 
La Courlande et la Samogttie.
 
Sur la Pologne:
 
La Lithnanie, la Vothinie, une partie de
 
la Gnllicie, Mohilew, Vitepsk, Polotsk,
Minsk, liyalisiock, Kaminietz, Tarnopol,
Wilna, Grodninsk, Varsovie.
Sur la Turquie:
 
Une partie de la petite Tartarie, la Crimée, la Bessarabie, le littoral de la mer Noire, le protectorat de la Servie, de la Moldavie, de la Valacltie.
 
Sur la Herse:
 
La Géorgie , Tifflis, Erivan, une partie de la Circassie. Sur l'Amérique:
 
Les îles Aleutiennes , et la partie nordouest du continent septentrional de l'archipel Saint-Lazare.
 
Sa plus grande longueur est de trois mille huit cents lieues, sa plus grande largeur de quatorze cents. •
 
Elle compte soixante-dix millions d'habitants.
 
De l'autre côté de la mer Noire, elle regarde la Turquie, qu'elle s'apprête à envahir, aussitôtque la Franceet l'Angleterre, ou même l'une ou l'antrede ces deux puissances, lui en donnera la permission.
 
Puis, si un jour elle s'adjoint la Suède, elle fermera le détroit du Sund à l'occident, le détroit des Dardanelles»l'orient,et nul ne pénétrera plus, qu'à son plaisir, dans la mer Noire et dans la Baltique, ces deux miroirs qui réfléchissent déjà, l'un Pélersbourg, l'autre Odessa.
 
Maintenant examinons l'Autriche.
 
L'Autriche, il y a cent ans, vient presque d'échapper à Marie-Thérèse; aussi, à la paix de 1748, se hàte-t-elle d'assurer l'héritage impérial à sa famille, en cédant:
 
La Silésie au roi de Prusse,
 
Une partie du Milanais au duc de Savoie;
 
Les duchés de Parme, de Plaisance et de Guasialla à don Philippe, troisième fils de Philippe V.
 
Ce qui la réduit à la Gallicie et la Ladonierie au nord;
 
A l'Autriche proprement dite, à |a Carinthie, à la Carniole, aux Étals de Venise et au Tyrol, à l'ouest;
 
A I'Esclavonie et à la Croatie au sud;
 
À la Transylvanie a l'est;
 
Et au centre à la Hongrie.
 
C'est en cet état que l'Autriche atteint le traité deCampo-Formio, traité qui la retreint encore, en donnant:
 
A la France:
 
La Belgique, Manheim , Philipsbourg, Corfou, Zante, Céphalonie, Sainte-Maure, Cerigo et l'Albanie.
 
A la république Cisalpine: La Lombardie autrichienne, les Étals de terre ferme de Venise.
 
Au duc de Modène:
Le Brisgaw.
 
Mais, au congrès de Vienne, l'Autriche reprend sa revanche , et on lui paie d'un seul coup , avec toutes ses défaites, la violation de la capitulation de Dresde.
 
On lui rend tout ce qu'elle a perdu au traité de Campo-Formio, moins les PaysBas.
 
Elle ressaisit tous les territoires auxquels elle a renoncé par les traités de Lunéville, de Prcsbourg et de Vienne ; elle réunit de nouveau tous les Etats vénitiens sur les deux rives de l'Adriatique; elle retrouve Raguse, les vallées de la Valteline, de Bormio et deChiavenna.; le royaume d'Italie, et celle partie des Étals du saint-père située sur la riye gauche du Pô.
 
Ainsi refaite, l'Autriche se trouve au grand complet, et n'aura à regretter que Panne, qui doit revenir au duc de Lucques à la mort de Marie-Louise.
 
Sa population est de trente-trois millions cinq cent mille individus, et son territoire de douze mille deux cent soixante et une lieues carrées.
 
Éludions la Prusse à son tour : elle aussi, comme la Russie, a grandi à vue d'œil; elle aussi couve une immense ambition; elle aussi est destinée à apporter dans la balance une épée plus militaire que guerrière, l'épée du grand Frédéric.
 
La Prusse est un royaume de fondation toute moderne. Au moment où Frédéric Ier, reconnu par l'empereur, se couronne roi, • elle renferme seulement la margraviat héréditaire de Nuremberg, le margraviat de Brandebourg, cette portion des Marches que les chevaliers Tculoniqucs avaient arrachée à la Pologne, Clèves, Juliers , la Poméranie, les duchés et principautés de Magdebourg, Halberstadt, Minden et Camin.
 
C'est celte réunion de provinces, s'appelant Électoral de Brandebourg, qui forme le royaume de Frédéric Ier en 1701.
 
Voyons ce qu'il deviendra sous son petitfils, Frédéric II, qu'on appellera le grand Frédéric.
 
Huit ans après que Frédéric II esl monté sur le trôue, c'est-à-dire à ctui ans de nous, la Prusse comprend:
 
La Prusse orientale,
 
La Prusse occidentale,
 
La Poméranie,
 
La marche de Brandebourg,
 
Le cercle de la Haute-Saxe,
 
La Silésie.
 
Elle compte alors treize millions d'habitants, répartis sur douze mille lieues carrées.
 
En 1792, au moment où elle nous attaque, elle esl bornée au nord par la Baltique, le Mecklembourg et le Hanovre ; à l'ouest, par la Basse-Saxe et la Franconie; au sud par la Bohême, et a l'est par la Pologne.
 
En 1807, elle manque de disparaître de la surface du monde: elle a oublié que deux ans auparavant, par le traité de Presbourg, elle a reçu de la France l'Électoral de Hanovre. Elle vient de signer contre Napoléon une alliance offensive avec la Russie , l'Angleterre et la Suède.
 
Le 1er octobre, Napoléon passe le Rhin, le 14 du même mois il livre la bataille d'Iéna . le 26 il prend, à Postdani, l'épéc du grand Frédéric et son cordon de l'Aigle noir: le 27 il entre à Berlin.
 
A lasuitede celte campagne de 27 jours, le traité de Tilsilt sera signé entre la France cl la Prusse, qui devra sa conservation à l'intervention de l'empereur Alexandre.
 
La France rendra donc à la Prusse une portion du duché de Magdebourg, la marche de Priegnitz , la marche de Brandebourg, le duché de Poméranie, la basse et la nouvelle Silésie,et le comté de Glatzj mais l'électeur de Saxe , dont Napoléon vient de taire un roi, recevra , sous le litre degrar.d-duché de Varsovie, les anciennes provinces prussiennes prises à la Pologne.
 
La Prusse reconnaîtra:
 
Les rois de Naples cl de Hollande;
 
Et de plus,
 
On formera, pour le prince Jérôme Napoléon, le royaume de Westphalie avec des provinces cédées par la Prusse à la gauche de l'Elbe ; eh outre, la ville de Danlzirk, avec un rayon de deux lieues, sera rétablie dans son indépendance.
 
Aussi, en 1815 , la Prusse reprend-elle largement sa revanche.
 
Il lui manque onze millions d'âmes pour
 
se mettre au niveau des grandes puissances. Elle les trouve sur les deux rives du Rhin, et sur celle portion de la Saxe que l'on nomme les deux Lusaccs. La Pologne seule lui rendra 810,000 habitants; elle prend de la Westphalie et de la Franconie tout ce qui n'est pns à la convenance de l'Autriche, et qui peut être enlevé, sans exciter de dangereuses réclamations, aux petits souverains cl aux seigneurs féodaux de l'ancien empire germanique.
 
Ses bornes arrêtées aujourd'hui sont donc:
 
Au nord, la Baltique;
A l'ouest, les Pays-Bas el la Fiance;
Au sud , la Saxe el l'Autriche;
A l'est, la Pologne.
 
Sa surface esl de quinze mille lieues carrées, sa population de quinze millions d'habitants.
 
L'Espagne, sans être d'une sérieuse importance dansla politique moderne, mérite cependant d'être comptée au nombre des grandes puissances européennes, plutôt par ce qu'elle a été que par ce qu'elle est.
 
L'Espagne , qui sous Pelasge était réduite aux Asluries, qui sous Ferdinand chassait les Maures ; qui, au commencement du XVIe siècle, par les découvertes successives de l'Amérique, du Pérou, du Mexique et de la roule de l'Inde, possédait un royaume sur lequel ne se couchait pas le soleil; l'Espagne qui, à partir de l'acceptation du testament de Charles 11 , penche à son déclin ; l'Espagne qui a successivement perdu son influence dans l lnde et sa puissance en Amérique; l'Espagne, qui refuse de signer au congrès de Vienne, parce que les actes renferment des stipulations contraires aux prétentions qu'elle a sur les duchés de Parme, de Plaisance et de Guaslalla; l'Espagne, qui présente toujours sur le continent européen une superficie de deux cent soixanlequinze lieues du nord au sud, et de cent cinquante lieues de l'est à l'ouest, mais qui ne compte que treize millions d'habitants sur celte surface, égale à celle de la France : l'Espagne se déchire en changements de ministères, en révoltes partielles, en guerres civiles, en élévations subites, en exils inattendus.
 
Elle n'aura probablement aucune influence sur les événements à venir.
 
Mais il n'en sera pas de même de la Sardaigne, avec ses forteresses sur les Alpes, - 5
 
sa Savoie qui descend jusqu'en France, son Piémont qui s'avance en Italie , son tli! héréditaire qui semble attaquer la Corse à l'abordage.
 
Sa royauté, comme celle de la Prusse, est de création moderne j elle remonte à 1720. C'est Vit lor-Amédéô qui échange sa couronne de duc île Savoie contre celle de roi de Sardaigne. Sa politique est de marier ses filles tantôt à l'Autriche, tantôt à la France, et d'augmenter son territoire des concessions que lui font tour à 'tour ces deux puissances. A la révolution française, Victor-Amédée III prend parti contre la République, qui lui enlève la Savoie et le comté de Nice, et occupe le Piémont en 1802. Tons les étals de Charles-Emmanuel IV, à l'exception delà Sardaigne, qui lui donne un asile, sont réunis h la France, et forment cinq départements. Le royaume continental de Victor-Amédée n'existe pi us.
 
En 1814, le traité de Paris le reconstitue : il se trouve tel qu'il était en 1792, à l'exception d'une partie de la Savoie, que laFranceconserve. Mais, en 1815, elle reprend ses anciennes limites et acquiert, en ouire, le territoire de l'ancienne république de Gènes et la suzeraineté de la principauté de Monaco.
 
Sa révolution de 1820, comprimée par l'Autriche, a amené l'abdication de ViclorEmmanuel, au profit de Charles-Félix, qui un urt en 1831 et laisse la couronne au prince de Carïgnan, qui prend le titre de Charles-Albert.
 
Ses étals de terre ferme et l'île de Sardaigne, réunis, présentent seulement une population de quatre millions cent cinqnautc-sepi mil)le habitants. Mais ne nous arrêtons pas au chiffre des hommes, ne nous arrêtons pas à la superficie du terrain. Le roi Charles-Albert règne au pays des avalanches; un jour il roulera sur l'Italie et Dieu, sait où il s'arrêtera.
 
D'ailleurs, nn grand événement vient d'arriver en Italie. Grégoire XVI est mort, et le sacré-collége a nommé à sa place un ancien lieutenant que nous avons pu connaître tous, en 1814, à la caserne du quai d'Orsay; cpii, en 1815, a élé incorporé dans l'armée autrichienne, comme officier de hussards, qu'un chagrin d'amour a fait prêtre, qui est devenu cardinal, et que le conclave a nommé pape, croyant purement et simplement élire un honnête homme.
 
Or, l'honnête homme s'est trouvé, par
 
bonheur, être en même temps un grand homme, ce qu'ignorait certainement l'Autriche, qui ne l'eût point laissé nommer;» dans le lieutenant Mastaï l'Italie a trouvé l'étoffe d'un nouveau Grégoire Vil, qais'appellera Pie IX.
 
Son premier acte est un acte d'amnistie complète.
 
Son premier décret introduit les laïques à la place du clergé dans tous les fonctions publiques.
 
Il donne les palais des moines oisifs aux administrations, aux écoles, aux soldats.
 
11 prend ses ministres dans les prisons, ses conseillers dans le peuple.
 
Aussi chaque jour crie-t-on sous ses fenêtres:
 
« Saint-Père , prenez garde au chocolat! »
 
On sait que c'est dans leur chocolat qu'on empoisonne d'ordinaire les papes trop libéraux.
 
Achevons le tableau européen que nous venons de tracer , par un coup d'oeil sur la France. Puis nous dirons quelques mots des petits princes d'Allemagne et d'Italie.
 
La Fiance, il y a cent ans, avait la suprématie continentale et coloniale ;-o1te possédait toute une ligue de forteresses bâties par Vauban, qui sont les clefs des Pays-lias et qui s'étendent de Dunkerquc à Philisbourg; depuis trois ans elle avait repris Minorque, ses armées occupaient la Corse, et elle venaild'acquérir par le irai Us de 17Û8 une influence protectrice sur Gênes, Modène, Parme, Plaisance et Guastalla.
 
Comme puissance coloniale, elle lient presque toutes les Antilles. Les colonies d'Acadie, du Canada et de la Louisiane, prennent de jour en jour plus d'étendue. EileaQuébec, Montréal, Mobile et la Nouvelle-Orléans, ce qui ne l'empêche pas de fonder chaque jour de nouvelles villes. Les forts de Fontenac, de Saint-Charles, de Saint-Pierre et de Maurepas, s'élèvent sur les lacs du Canada. Le fort La Reine domine la rivière des Assiniboines ; elle tient sur le lac Onipeg les forts Dauphin Ét Bourbon; en Afrique, le Sénégal efGorée lui appartiennent; elle colonisé Madagascar, et elle a pour relais de l'Inde, où elle domine, l'Ile-de-France, de Bourbon, de Saillie-Marie cl de Rodrigue.
 
Aujourd'hui, tout au contraire des deux autres puissances qui se sont agrandies dans une proportion effrayante, elle se trouve réduite, comme l'Espagne, à sa plus simple expression.
 
En Amérique, elle a perdu par le traité de 1763:
 
L'Acadie, le Canada, le cap Breton, les rives du Saint-Laurent, la Louisiane : —
 
Suinze cents lieues de terrain effacées
'un seul trait de plume;
A différentes époques, la plupart des
Antilles, la Dominique, Saint-Vincent, la
Grenade, Sainte-Lucie, Tabago, Saint-
Eustache, Saint-Domingue.
En Afrique:
 
Madagascar, l'Ile-de-France, l'île Rodrigue. En Asie:
 
Toutes ses colonies de l'Inde, sauf quelques points insignifiants.
 
En Europe, sur le continent:
 
'fouie sa ligne de forteresses du nord.
 
Dans la Méditerranée:
 
Minorque, et son influence sur l'Italie septentrionale.
 
Il est vrai que la Corse a été réunie à elle en 1768, Avignon et Mulhouse en 1790.
 
II est vrai qu'en 1830 elle a conquis Alger.
 
Il est vrai qu'elle a fait en trois jours une révolution qui a chassé une dynastie de près de trois siècles.
 
Il est vrai qu'elle est la partie pensante de l'Europe, la tète; mieux que la tête encore, le cerveau du monde.
 
Il est vraj qu'elle est comme la vapeur: plus on la comprime, plus elle est prête d'éclater.
 
En face de la Russie et de l'Angleterre, la France n'est qu'un atome.
 
'Stromboli aussi n'est qu'un point, mais il renferme un volcan.
 
On l'appelle le phare de la Méditerranée.
 
La France, comme Stromboli, est tour à tour phare et volcan.
 
Voilà donc où en est l'Europe à la suite du congrès de Vienne, sauf quelques changements arrivés dans de petits états.
 
Le royaume de Grèce s'est créé, sous le proteclorat de la France, de l'Angleterre et de la Russie.
 
Le royaume de Belgique est sorti de la révolution de 1830, sous l'influence de l'Angleterre.
 
Le roi de Bavière a donné une constitution à son peuple, le 28 mai 1818;
 
Le roi de Wurtemberg, le 25 septembre 1819;
 
Le roi de Portugal, le 29 avril 1826;
 
Le roi de Saxe, le 4 septembre 1851;
 
Et le roi de Hanovre, le 20 septembre 1833.
 
EnOn, le roi de Prusse a suivi leur exemple, dans le courant de l'année 1847.
 
Quant à tous ces petits princes de la confédération germanique, chacun a fuit plus ou moins de concessions ù son peuple; car tous sentent qu'un malaise universel résulte de la hâte qu'a mise le congrès de Vienne à remanier l'Europe , et qu'un jour viendra où toute celle Allemagne, qui n'est que faufilée, ou rompra son lien tout à fait, ou le resserrera de manière à ce qu'on ne voie pas même les coutures.
 
Maintenant, les princes remuants au 1er février 1848 sont:
 
En Angleterre, la reine Victoria; elle I est née le 24 mai 1819. Montée sur le trône le 20 juin 1837, elle a épousé le prince Albert, le 10 février 1840.
 
C'est le modèle des reines constitutionnelles: elle ne s'occupe qu'à donner des héritiers et des héritières à la couronne; elle a cinq enfants et est prêle d'accoucher.
 
Ceux qurrègnenl en son nom sont, tantôt sir Robert Peel, et tantôt sir John Russel 1.
 
Elle nous boude, ou plutôt son cabinet nous boude, depuis les mariages- espagnols.
 
En Russie,
 
Nicolas Paulowich ; il esi né le 6 juillet 1796; il est monté sur le Irône le 1" décembre 1825; il avait épousé, le 13 juillet 1817, la. fille de Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse.
 
C'est le représentant de l'absolutisme en Europe ; il a les qualités et les défauts des princes absolus. Il aime l'art, protège les artistes , mais craint la naissance de toute liberté.
 
C'est le czar Pierre au rebours.
 
Il hait, non pas la France, mais la dynastie qui règne en France depuis 1830.
 
Nos relations avec lui sont froides, quelquefois hostiles.
 
C'est le plus beau et le plus brave soldat de son royaume. Il désire une guerre