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cratie et de Taristocratie permettent à M. Benda de conclure :
cratie et de Taristocratie permettent à M. Benda de conclure :
"Toutes ces passions reviennent à une seule : éprouver un état des sens ou du cœur par la spéculation philosophique, refuser tout état d’esprit.... Si l’on appelle démocratie une société en quête du seul sentir, qu’elle cherche aux voies les plus étranges, le bergsonisme est rigoureusement la philosophie d’une démocratie."
" Toutes ces passions reviennent à une seule : éprouver un état
des sens ou du cœur par la spéculation philosophique, refuser

tout état d'esprit Si l'on appelle démocratie une société en

quête du seul sentir, qu'elle cherche aux voies les plus étranges,
le bergsonisme est rigoureusement la philosophie d'une démo-
cratie. "

Ce " rigoureusement " est admirable et concluant. Les
définitions proposées pourraient être inverties : il serait aussi
facile de démontrer que la démocratie a sa source dans une
philosophie purement rationaliste, et c'est même la conception
la plus généralement acceptée. M. Benda sacrifie trop aisément
à ce " figarisme philosophique " qu'il reproche si vivement à
Georges Sorel, escomptant une polémique à laquelle l'apôtre
syndicaliste ne s'est pas laissé entraîner.

Faut-il voir dans cette Philosophie Pathétique une manifesta-
tion du mouvement récent qu'a provoqué la philosophie berg-
sonienne et dont Charles Péguy a exprimé le mobile secret
en cette belle formule : " Ce qu^on ne pardonne pas a Bergson^
c'est d^ avoir brisé nos fers ? " Même pas. En lisant des phrases
comme celles-ci : " Bien que cette volonté d'une communion
pâmée avec l'essence des choses ait existé de tout temps chez
les sociétés élégantes, je veux dire chez ces groupes de personnes
oisives et bien nourries qui viennent satisfaire aux produits de
l'imagination un pléthorique besoin de sentir... " — le lecteur
se demande si l'auteur ne se moque pas de lui, mais il souftfH
de voir M. Benda lui croire tant de naïveté ; il compare instinc^^^
tivcment ce petit livre à l'acte de ces pauvres hères qui vont
dans les musées esquisser un geste contre une œuvre de maître
afin d'attirer sur leur dénuement l'attention publique.


Ce "rigoureusement" est admirable et concluant. Les définitions proposées pourraient être inverties : il serait aussi facile de démontrer que la démocratie a sa source dans une philosophie purement rationaliste, et c’est même la conception la plus généralement acceptée. M. Benda sacrifie trop aisément à ce "figarisme philosophique" qu’il reproche si vivement à Georges Sorel, escomptant une polémique à laquelle l’apôtre syndicaliste ne s’est pas laissé entraîner. Faut-il voir dans cette ''Philosophie Pathétique'' une manifestation du mouvement récent qu’a provoqué la philosophie bergsonienne et dont Charles Péguy a exprimé le mobile secret en cette belle formule : ''"Ce qu’on ne pardonne pas à Bergson,
c’est d’avoir brisé nos fers ?" '' Même pas. En lisant des phrases comme celles-ci : "Bien que cette volonté d’une communion pâmée avec l’essence des choses ait existé de tout temps chez les sociétés élégantes, je veux dire chez ces groupes de personnes oisives et bien nourries qui viennent satisfaire aux produits de l’imagination un pléthorique besoin de sentir..." — le lecteur se demande si l’auteur ne se moque pas de lui, mais il sourit
de voir M. Benda lui croire tant de naïveté ; il compare instinctivement ce petit livre à l’acte de ces pauvres hères qui vont dans les musées esquisser un geste contre une œuvre de maître afin d’attirer sur leur dénuement l’attention publique.
E. D.
E. D.

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