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Version du 13 mars 2012 à 11:15
A présent il veut partir. Marceline lui donne un gâteau, moi deux sous.
Le lendemain, pour la première fois, je m’ennuie ; j’attends; j’attends quoi? je me sens désœuvré, inquiet. Enfin je n’y tiens plus :
— Bachir ne vient donc pas, ce matin, Marceline?
— Si tu veux, je vais le chercher.
Elle me laisse, descend ; au bout d’un instant rentre seule. Qu’a tait de moi la maladie ? Je suis triste à pleurer de la voir revenir sans Bachir.
— Il était trop tard, me dit-elle ; les enfants ont quitté l’école et se sont dispersés partout. Il y en a de charmants, sais-tu. Je crois que maintenant tous me connaissent.
— Ah moins, tâche qu’il soit là demain.
Le lendemain Bachir revint. Il s’assit comme l'avant-veille, sortit son couteau, voulut tailler un bois trop dur, et fit si bien qu’il s’enfonça la lame dans le pouce. J’eus un frisson d’horreur ; il en rit, montra la coupure brillante