« Épaves (Maupassant) » : différence entre les versions

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Mais un matelot, qui m'avait reconnu, m'aborda. Après m'avoir parlé de la pêche qui n'allait pas fort, le hareng devenant rare dans les parages, et des Terre-Neuviens revenus, et de la quantité de morue rapportée il me montra d'un coup d'oeil les promeneurs, puis ajouta : "Vous savez M. Rivoil va épouser la dernière des demoiselles Bautané." Il allait seul, en effet, côte à côte avec elle, à quelques pas derrière le tas de la famille.
 
Et j'eus un serrement de coeurcœur en songeant à ces épaves de la vie, à ces tristes êtres perdus, à ce mariage d'arrière-saison après le dernier espoir envolé, à ce grand homme en toc accepté comme rossignol par cette pauvre fille, qui, sans lui, aurait été bientôt à la femme ce qu'est le poisson salé au poisson frais.
 
Et, chaque année, des unions pareilles ont lieu après la saison finie, dans les villes de bains abandonnées.
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Car, de toutes les épaves, celles-là sont les plus ballottées. A tous les coins du monde, il en échoue, il en traîne dans toutes les villes où le monde a passé.
 
Elles riaient, de leur rire grave, parlaient fort, de leurs voix d'hommes sérieux, et je me demandais quel singulier plaisir ces grandes filles, qu'on rencontre partout, sur les plages désertes, dans les bois profonds, dans les villes bruyantes et dans les vastes musées pleins de chefs-d'oeuvreœuvre, peuvent ressentir à contempler sans cesse des tableaux, des monuments de longues allées mélancoliques et des flots moutonnant sous la lune sans jamais rien comprendre à tout cela.