« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Balustrade » : différence entre les versions

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{| width=100% border="0"
| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>< [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Bain de Mortier|Bain de Mortier]]</center>
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donnons ici (2) la balustrade de la galerie sud, dont le dessin produit un
grand effet.
</div>
 
[[Image:Balustrade.eglise.Vezelay.png|center]]
 
[[Image:Balustrade.eglise.Vezelay.2.png|center]]
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Mais on ne tarda pas, lorsque l'architecture prit des formes plus légères,
à évider les balustrades; un reste des traditions romanes fit que l'on
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et faciles à tailler, les balustrades sont légères et très-ajourées; là où la
pierre est tendre, au contraire, les vides sont moins larges, les pleins plus
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Rouen.png|center]]
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<br>
épais. Leur dimension est également soumise aux dimensions des matériaux,
car on renonça bientôt aux balustrades composées de plusieurs
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de la cathédrale de Paris; elle appartient aux premières années du
XIII<sup>e</sup> siècle (1215 à 1225) comme toute la partie inférieure de cette façade (4).
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.png|center]]
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Avant la restauration du portail, cette balustrade n'existait plus qu'au
droit des deux contreforts extrêmes, ainsi qu'on peut s'en assurer<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]]; elle
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Rouen une balustrade du commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, de même
construite par morceaux superposés (5). Ici les colonnettes reposent directement
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Rouen.2.png|center]]
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<br>
sur le larmier de la corniche formant passage, et laissent entre elles
les eaux s'écouler naturellement sans chenal. Ce n'est guère que vers
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Il était nécessaire en effet de charger beaucoup ces points d'appui isolés
pour les maintenir dans leur aplomb. Quand les balustrades furent prises
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Chartres.png|center]]
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<br>
dans un seul morceau de pierre, au contraire, on donna de la force, du
pied à leur partie inférieure, et de la légèreté à leur partie supérieure,
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prolonge le glacis du larmier de la corniche; un ajour en quatre-feuilles
donne une décoration continue qui n'indique plus des points d'appuis
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.2.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
séparés, mais qui laisse bien voir que cette décoration est découpée dans
un seul morceau de pierre; un appui saillant, ménagé dans l'épaisseur de
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inférieur nécessaire à la solidité. Cet empattement, pour éviter les dérangements,
est posé en feuillure dans l'assise du larmier (8). Il ne faudrait pas
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.3.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
cependant considérer les principes que nous posons ici comme absolus; si
les architectes du XIII<sup>e</sup> siècle étaient soumis aux règles de la logique, ils
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l'œil, retrouvant des formes complètes dans l'une comme dans l'autre, ne
sera pas choqué. Les divisions verticales permettent même des différences
</div>
 
[[Image:Schema.balustrade.medievale.png|center]]
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notables dans l'écartement des axes, sans que ces différences soient appréciables
en exécution; leur dessin est plus facile à comprendre dans des espaces
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de Paris, exécutés vers 1230, est divisée par travées inégales de largeur,
et c'est conformément à ce principe qu'elle a été tracée (10). De distance en
</div>
 
[[Image:Balustrade.XIIIe.siecle.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
distance, au droit des arcs-boutants et des gargouilles, un pilastre surmonté
d'un gros fleuron sépare ces travées, sert en même temps de renfort à la
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empattement destiné à donner de la force à ce pied et à faciliter la
taille (11). On voit ici en A la pénétration des montants sur le profil formant
</div>
 
[[Image:Balustrade.XIIIe.siecle.2.png|center]]
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<br>
traverse inférieure, et en B la naissance des trilobes sur ces montants. Si
les formes sont nettement accusées, si les lignes courbes sont franchement
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et multipliées par la combinaison de
ses trilobes, par des ajours délicats
</div>
 
[[Image:Balustrade.XIIIe.siecle.3.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
percés entre eux; il fera cette balustrade haute pour relier les gâbles aux
pinacles (12), et pour empêcher que le grand comble ne paraisse écraser
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en la complétant, à celui des pinacles en les reliant (13). Mais nous sommes
au milieu du XIII<sup>e</sup> siècle; et si la balustrade du porche de la Sainte-Chapelle
</div>
 
[[Image:Balustrade.XIIIe.siecle.4.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
est un dernier souvenir des primitives claires-voies construites au
moyen de points d'appui isolés supportant une arcature, elle restera,
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qu'elles occupent. La balustrade supérieure du chœur de la cathédrale de
Beauvais en est un exemple (14); l'alternance des quatre-feuilles posés en
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Beauvais.png|center]]
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<br>
carré et en diagonale est heureuse; mais cette balustrade est beaucoup trop
maigre pour sa place, les ajours en sont trop grands, et, de loin, elle ne
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retrouvons cette combinaison de balustrades, amaigrie encore, au-dessus
des chapelles de l'église de Saint-Ouen de Rouen (15). Les défauts sont
</div>
 
[[Image:Balustrade.eglise.Saint.Ouen.Rouen.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
encore plus choquants ici, malgré que cette balustrade, en elle-même, et
comme taille de pierre, soit un chef-d'œuvre de perfection; mais, étant
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charge supérieure, ne vinssent à se déverser en dehors. Le constructeur
imagina de se servir de la balustrade pour maintenir ce dévers (16); et
</div>
 
[[Image:Balustrade.eglise.Saint.Urbain.Troyes.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
voici comment il s'y prit. Il faut dire d'abord qu'entre chaque travée
s'élève un contre-fort avec pinacle bien relié à la masse de la construction;
Ligne 401 ⟶ 415 :
ceux-ci en les étrésillonnant avec les balustrades, ainsi que l'indique le
plan (16 bis). Soit B le pinacle rendu fixe par sa base portant chéneau
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.4.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
fortement engagée dans la construction, et C C les têtes des gâbles; les
demi-travées de balustrades B C étant d'un seul morceau chacune, et
Ligne 441 ⟶ 456 :
pas détruire les masses; témoin la balustrade qui couronne le passage
réservé au-dessus de la porte sud de Notre-Dame de Paris (17), élevée en
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.5.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
1257. Il est impossible de grouper plus d'ornements et de moulures sur
une balustrade, et cependant on remarque qu'ici Jean de Chelles, l'auteur
Ligne 464 ⟶ 480 :
crénelée ne manque pas d'originalité ,mais il a le défaut de n'être nullement en harmonie avec l'édifice; nous
ne le donnons d'ailleurs que comme une exception (18). Les merlons de
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Troyes.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
cette balustrade crénelée sont alternativement pleins et à jour; les appuis
des créneaux sont tous à jour. Derrière chaque merlon plein est un
Ligne 498 ⟶ 515 :
sur un fond. C'est ainsi qu'est taillée la balustrade qui surmonte les
deux chapelles du transept de l'église Saint-Bénigne de Dijon (18 bis). Le
</div>
 
[[Image:Balustrade.eglise.Saint.Benigne.Dijon.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
cloître de l'église cathédrale de Béziers, dont la construction date des
premières années du XIV<sup>e</sup> siècle, est couronné d'une balustrade composée
Ligne 506 ⟶ 524 :
motivé par la nature grossière de la pierre du pays, qui est un calcaire
alpin poreux, tenant mal les arêtes. Seulement ici (18 ter) l'appui forme recouvrement,
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Beziers.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
il est rapporté sur le corps de la balustrade. L'assise d'appui,
taillée dans une pierre d'un grain plus serré, protége les dalles de champ,
Ligne 549 ⟶ 568 :
plus menus détails de l'architecture. Le simple bizeau qui, au XIII<sup>e</sup> siècle,
était seul destiné à produire des jeux d'ombre et de lumière dans les
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Carcassonne.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
balustrades, parut trop simple, lorsque tous les membres de l'architecture
se subdivisèrent à l'infini; on le doubla par un temps d'arrêt, et les balustrades
Ligne 564 ⟶ 584 :
rend parfaitement notre pensée, est une suite de triangles équilatéraux
curvilignes.
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Carcassonne.2.png|center]]
<div class=prose>
 
Si nous examinons la coupe sur A B de cette balustrade, nous
voyons que le bizeau C est divisé par un arrêt résultant d'une petite coupe
Ligne 581 ⟶ 601 :
ombres larges. Dès lors on renonça aux bizeaux coupés suivant un angle
de 45 degrés dans le profil des balustrades, et l'on voulut avoir des plans
</div>
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Carcassonne.3.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
plus vivement accusés. Soit (21) fig. A: si le rayon lumineux B C tombe
sur le bizeau E F, lui étant parallèle, il le frisera et ne produira qu'une
Ligne 602 ⟶ 623 :
glissement de la lumière, donnaient toujours des demi-teintes, et ils les
remplaçaient par des profils légèrement concaves (22) qui donnent plus
</div>
 
[[Image:Balustrade.XIVe.siecle.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
d'ombre et découpent plus vivement les plans. Mais alors ils amaigrissaient
tellement les dalles à jour, qu'elles n'offraient plus de solidité; pour
Ligne 620 ⟶ 642 :
on dérobait une partie de ces surfaces aux
yeux (23).
</div>
 
[[Image:Balustrade.XIVe.siecle.2.png|center]]
<div class=prose>
 
On nous pardonnera la longueur d'une
théorie qu'il nous a paru nécessaire d'exposer,
Ligne 673 ⟶ 695 :
panneaux, les montants verticaux étaient parfois saillants en forme de
petits contre-forts, ainsi que l'indiquent les fig. 25 et 26.
</div>
 
[[Image:Balustrade.XVe.siecle.png|center]]
 
Ligne 679 ⟶ 701 :
 
[[Image:Balustrade.XVe.siecle.3.png|center]]
<div class=prose>
 
Ce fut aussi pendant le XV<sup>e</sup> siècle que l'on eut l'idée de sculpter dans les
ajours des balustrades, des attributs, des pièces principales d'armoiries<span id="note6"></span>[[#footnote6|<sup>6</sup>]].
Ligne 699 ⟶ 721 :
au château de Josselin en Bretagne, sur les balustrades duquel on lit la
devise: A PLUS (27)<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]].
</div>
 
[[Image:Balustrade.chateau.Josselin.png|center]]
<div class=prose>
 
Dans l'architecture civile de la fin du XV<sup>e</sup> siècle et du commencement du
XVI<sup>e</sup>, on fit souvent aussi des balustrades aveugles qui n'étaient, sous les
Ligne 710 ⟶ 732 :
de trouver une grande variété dans la composition d'une même balustrade
de la fin du XV<sup>e</sup> siècle et du commencement du XVI<sup>e</sup>.
</div>
 
[[Image:Balustrade.hotel.Tremoille.Paris.png|center]]
<div class=prose>
 
Lorsque le goût de l'architecture romaine antique eut effacé, vers le
milieu du XVI<sup>e</sup> siècle, les derniers vestiges des formes adoptées par le
Ligne 778 ⟶ 800 :
parfaitement aux balustrades de bois; c'était le cas de l'employer
et les architectes ne s'en firent pas faute (voy. MENUISERIE).
</div>
 
[[Image:Balustrade.eglise.Flavigny.png|center]]