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la garde prussienne, la route de Carignan, par les bavarois, la route de Mézières, par les wurtembergeois. Les français n’ont pas songé à barricader le viaduc du chemin de fer, trois bataillons allemands l’ont occupé dans la nuit ; deux maisons isolées sur la route de Balan pouvaient être le pivot d’une longue résistance, les allemands y sont ; le parc de Monvillers à Bazeilles, touffu et profond, pouvait empêcher la jonction des saxons maîtres de la Moncelle et des bavarois maîtres de Bazeilles, on y a été devancé ; on y trouve les bavarois coupant les haies avec leurs serpes. L’armée allemande se meut tout d’une pièce dans une unité absolue, le prince de Saxe est sur la colline de Mairy d’où il domine toute l’action ; le commandement oscille dans l’armée française. Au commencement de la bataille, à cinq heures trois quarts, Mac-Mahon est blessé d’un éclat d’obus ; à sept heures, Ducrot le remplace ; à dix heures, Wimpffen. remplace Ducrot. D’instant en instant, le mur de feu se rapproche, le roulement de foudre est continu, sinistre pulvérisation de quatre-vingt mille hommes, jamais rien de semblable ne s’est vu, jamais armée ne s’est abîmée sous un pareil écroulement de mitraille. A une heure, tout est perdu. Les régiments pêle-mêle se réfugient dans Sedan. Mais Sedan commence à brûler ; le Dijonval brûle, les ambulances brûlent ; il n’y a plus de possible qu’une trouée. Wimpffen, brave et ferme, la propose à l’empereur. Le 3e zouaves, éperdu, a donné l’exemple ; coupé du reste de l’armée, il s’est frayé un passage et a gagné la Belgique. Fuite des lions.

Tout à coup, au-dessus du désastre, au-dessus du monceau énorme des morts et des mourants, au-dessus de tout cet héroïsme infortuné, apparaît la honte. Le drapeau blanc est arboré.

Il y avait là Turenne et Vauban, tous deux présents, l’un par sa statue, l’autre par sa citadelle.

La statue et la citadelle assistèrent à la capitulation épouvantable. Ces deux vierges, l’une de bronze, l’autre de granit, se sentirent prostituées. O face auguste de la patrie ! O rougeur éternelle !