« Napoléon le Petit/4/III » : différence entre les versions

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{{chapitre|[[Napoléon le Petit]]|[[Auteur:Victor Hugo|Victor Hugo]]|Livre quatrième - Les Autres Crimes|Ce qu’eût été 1852}}
 
 
==__MATCH__:[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome I.djvu/117]]==
 
{{c|Livre quatrième - Les Autres Crimes
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Cette politique de résistance est une politique funeste. Cette lutte de l’homme contre Dieu est nécessairement vaine ; mais, nulle comme résultat, elle est féconde en catastrophes. Ce qui doit être sera ; il faut que ce qui doit couler coule, que ce qui doit tomber tombe, que ce qui doit naître naisse, que ce qui doit croître croisse ; mais faites obstacle à ces lois naturelles, le trouble survient, le désordre commence. Chose triste, c’est ce désordre qu’on avait appelé l’ordre.
Liez une veine, vous avez la maladie ; entravez un fleuve, vous avez l’inondation ; barrez l’avenir, vous avez les révolutions.
Obstinez-vous à conserver au milieu de vous, comme s’il était vivant, le passé qui est mort, vous produisez je ne sais quel choléra moral ; la corruption se répand, elle est dans l’air, on la respire ; des classes entières de la société,
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome I.djvu/118]]==
les fonctionnaires, par exemple, tombent en pourriture. Gardez les cadavres dans vos maisons, la peste éclatera.
Fatalement, cette politique aveugle ceux qui la pratiquent. Ces hommes qui se qualifient hommes d’État en sont à ne pas comprendre qu’ils ont fait eux-mêmes, de leurs mains et à grand’peine et à la sueur de leur front, ces événements terribles dont ils se lamentent, et que ces catastrophes qui croulent sur eux ont été construites par eux. Que dirait-on d’un paysan qui ferait un barrage d’un bord à l’autre d’une rivière devant sa cabane, et qui, quand la rivière, devenue torrent, déborderait, quand elle renverserait son mur, quand elle emporterait son toit, s’écrierait : méchante rivière ! Les hommes d’État du passé, ces grands constructeurs de digues en travers des courants, passent leur temps à s’écrier : méchant peuple !
Otez Polignac et les ordonnances de juillet, c’est-à-dire le barrage, et Chartes X serait mort aux Tuileries. Réformez en 1847 la loi électorale, c’est-à-dire encore ôtez le barrage, Louis-Philippe serait mort sur le trône. Est-ce à dire que la République ne serait pas venue ? Cela, non. La République, répétons-le, c’est l’avenir ; elle serait venue, mais pas à pas, progrès à progrès, conquête à conquête, comme un fleuve qui coule et non comme un déluge qui envahit ; elle serait venue à son heure, quand tout aurait été prêt pour la recevoir ; elle serait venue, non pas certes plus viable, car dès à présent elle est indestructible, mais plus tranquille, sans réaction possible, sans princes la guettant, sans coup d’État derrière elle.
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Ce sont là des choses qu’un enfant comprendrait et que les « hommes d’État » ne comprennent pas.
Maintenant répondons à la question que nous posions tout à l’heure : – Sans le 2 décembre, que se serait-il passé en 1852 ?
Supprimez la loi du 31 mai, ôtez au peuple son barrage, ôtez à Bonaparte son levier, son arme, son prétexte, laissez tranquille le suffrage universel,
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome I.djvu/119]]==
ôtez la poutre de dessus les rails, savez-vous ce que vous auriez eu en 1852 ?
Rien.
Des élections.