« Le Livre de la jungle (trad. Fabulet et Humières, ill. Becque)/Service de la Reine » : différence entre les versions

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— Sortez, vite ! Ils viennent ! Ma tente est par terre !
 
Je savais qui ce « ils » voulait dire ; aussi j’enfilai mes bottes, mon caoutchouc, et me précipitai dehors dans le gâchis. La petite Vixen, mon fox-terrier, sortit par l’autre côté ; puis, on entendit gronder, grogner, gargouiller, et je vis
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la tente s’affaler, tandis que le mât se cassait net, et se mettre à danser comme un fantôme en démence. Un chameau s’était empêtré dedans, et, tout furieux et mouillé que je fusse, je ne pus m’empêcher de rire. Puis je continuai de courir, car je ne savais pas combien de chameaux pouvaient s’être échappés ; et, peu de temps après, hors de vue du camp, je pataugeais à travers la boue. À la fin, je trébuchai sur la culasse d’un canon, et j’aperçus que je me trouvais non loin des lignes de l’artillerie, là où on dételait les canons pour la nuit. Ne me souciant pas de barboter plus longtemps dans la brume et dans le noir, je mis mon caoutchouc sur la bouche d’un canon, construisis une sorte de wigwam à l’aide de deux ou trois refouloirs trouvés là par hasard, et m’étendis le long de l’affût d’un autre canon, inquiet d’où Vixen était passée, et d’où je pouvais bien me trouver moi-même.
 
Au moment où je me préparais à dormir, j’entendis un cliquetis de harnais et un grognement, tandis qu’un mulet passait devant moi en secouant ses oreilles mouillées. Il appartenait à une batterie de canons à vis, car je distinguais un bruit de courroies, d’anneaux, de chaînes et de toutes sortes de ferrailles sur sa selle matelassée. Les canons à vis sont de tout petits canons faits de deux parties que l’on visse ensemble quand arrive le moment de s’en servir. On les hisse sur les montagnes, partout où peut passer un mulet, et ils rendent de grands services pour combattre en terrain rocailleux.
 
Derrière le mulet, venait un chameau, dont les gros pieds mous s’écrasaient et glissaient dans la boue, et qui balançait
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le cou comme une poule égarée. Heureusement, j’entendais assez le langage des bêtes — non pas des bêtes sauvages, mais celui des bêtes de camp, naturellement — que m’avaient appris des indigènes, pour savoir ce qu’il disait. Ce devait être le même qui s’était étalé dans ma tente, car il interpella le mulet :
 
— Que faire ? Où aller ? Je me suis battu avec une chose blanche qui flottait, et elle a pris un bâton et m’a frappé au cou.
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— Continuons-nous à courir ?
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— Ah ! c’est vous, dit le Mulet, vous et vos collègues, qui avez ainsi bouleversé le camp ? On vous rossera en conséquence ce matin, mais autant vous donner un acompte.
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— Des bœufs ! dit-il. Des bœufs de batterie. Ma parole, vous et les vôtres avez réveillé le camp pour de bon ! Il faut un joli boucan pour faire lever un bœuf de batterie.
=== no match ===
 
 
J’entendis une chaîne traîner au ras du sol, et un attelage de ces grands bœufs blancs taciturnes qui traînent les lourds canons de siège, quand les éléphants ne veulent plus avancer sous le feu, arriva en s’épaulant ; sur leurs talons, marchant presque sur la chaîne, suivait un autre mulet de batterie, qui appelait avec affolement « Billy ».