« Contre les Galiléens » : différence entre les versions

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Considérons si ce que dit ici Platon doit être traité de songe et de vision. Ce Philosophe nomme des Dieux que nous pouvons voir, le Soleil, la Lune, les Astres et les Cieux : mais toutes ces choses ne sont que les simulacres d’Êtres immortels, que nous ne saurions apercevoir. Lorsque nous considérons le soleil, nous regardons l’image d’une chose intelligible et que nous ne pourrons découvrir : il en est de même quand nous jetons les yeux sur la lune ou sur quelque autre astre. Tous ces corps matériels ne sont que les simulacres des Êtres, que nous ne pouvons concevoir que par l’esprit. Platon a donc parfaitement connu tous ces Dieux invisibles, qui existent par le Dieu et dans le Dieu suprême, et qui ont été faits et engendrés par lui ; le Créateur du Ciel, de la Terre, et de la Mer, étant aussi celui des Astres, qui nous représentent les Dieux invisibles, dont ils font les simulacres.
 
Remarquons avec quelle sagesse s’explique Platon dans la création des Êtres mortels. Il manque, dit-il, trois genres d’Êtres mortels ; celui des hommes, des bêtes et des planterplantes, (car ces trois espèces font séparées par leurs différentes essences.) Si quelqu’un de ces genres d’Êtres est créé par moi, il faut qu’il soit absolument et nécessairement immortel. Or si le monde, que nous apercevons, et les Dieux ne jouissent de l’immortalité que parce qu’ils ont été créés par le Dieu suprême, de qui tout ce qui est immortel doit avoir reçu l’Être et la naissance ; ils s’enfuit que l’âme raisonnable est immortelle par cette même raison. Mais le Dieu suprême a cédé aux Dieux subalternes le pouvoir de créer, ce qu’il y a de mortel dans le genre des hommes : ces Dieux, ayant reçu de leur Père et de leur Créateur cette puissance, ont produit sur la terre les différents genres d’animaux, puisqu’il eut fallu, si le Dieu suprême eut été également le créateur de tous les Êtres, qu’il n’y eût eu aucune différence entre le Ciel, les hommes, les bêtes féroces, les poissons. Mais puisqu’il y a un intervalle immense entre les Êtres immortels et les mortels, les premiers ne pouvant être ni améliorés ni détériorés, les seconds étant fournis, au contraire, aux changement en bien et en mal ; il fallait nécessairement que la cause, qui a produit les uns, fût différente de celle qui a créé les autres.
 
Il n’est pas nécessaire que j’aie recours aux Grecs et aux Hébreux, pour prouver qu’il y a une différence immense entre les Dieux créés par l’Être suprême, et les êtres mortels produits par ces Dieux créés. Quel est, par exemple, l’homme qui ne sente en lui-même la divinité du Ciel, et qui n’élève ses mains vers lui, lorsqu’il prie et qu’il adore l’Être suprême ou les autres Dieux ? Ce n’est pas sans cause, que ce sentiment de religion en faveur du soleil et des autres astres est établi dans l’esprit des hommes. Ils se sont aperçus qu’il n’arrivait jamais aucun changement dans les choses célestes ; qu’elles n’étaient sujettes ni à l’augmentation ni à la diminution ; qu’elles allaient toujours d’un mouvement égal, et qu’elles conservaient les mêmes règles. (Les lois du cours de la lune, du lever, du coucher du soleil, ayant toujours lieu dans les temps marqués.) De cet ordre admirable les hommes ont conclu avec raison, que le Soleil était un Dieu ou la demeure d’un Dieu. Car une chose, qui est par sa nature à l’abri du changement, ne peut être sujette à la mort : et ce qui n’est point sujet à la mort, doit être exempt de toute imperfection. Nous voyons qu’un Être qui est immortel et immuable ne peut être porté et mû dans l’Univers, que par une âme divine et parfaite qui est dans lui, ou par un mouvement qu’il reçoit de l’Être suprême, ainsi qu’est celui que je crois qu’à l’âme des hommes.