« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Château » : différence entre les versions

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grandes qualités politiques. Parmi les vassaux de la couronne de France
coalisés contre le roi enfant, un des plus puissants était Enguerrand III,
sire de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], seigneur de Saint-Gobain, d'Assis, de Marle, de la Fère, de
Folembray, etc. Son esprit indomptable, son caractère indépendant étaient
excités par d'immenses richesses; un instant ce vassal pensa pouvoir
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projets ambitieux furent déjoués par la politique adroite de la reine
Blanche, qui sut enlever à la coalition féodale un de ses plus puissants
appuis, le comte de Champagne. Le sire de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] fut bientôt obligé de
prêter serment de fidélité entre les mains du roi, qui ne voulut pas se
souvenir de ses projets. C'est à l'époque des rêves ambitieux d'Enguerrand III qu'il faut faire remonter la construction du château magnifique
dont nous voyons encore les ruines gigantesques. Le château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]]
dut être élevé très-rapidement, ainsi que l'enceinte de la ville qui l'avoisine,
de 1225 à 1230. Le caractère de la sculpture, les profils, ainsi que la
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ni plus récente<span id="note49"></span>[[#footnote49|<sup>49</sup>]].
 
Le château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] n'est plus une enceinte flanquée enveloppant des
bâtiments disposés au hasard; c'est un édifice vaste, conçu d'ensemble et
élevé d'un seul jet, sous une volonté puissante et au moyen de ressources
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<div class=prose>
Bâti à l'extrémité d'un plateau de forme très-irrégulière, le château de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] domine des escarpements assez roides qui s'élèvent de cinquante
mètres environ au-dessus d'une riche vallée, terminée au nord-ouest par
la ville de Noyon et au nord-nord-est par celle de Chauny; il couvre une
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chemise reste intacte.
 
De toutes les défenses du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], le donjon est de beaucoup
la plus forte et la mieux traitée. Cette belle construction mérite une étude
particulière, que nous développons à l'article [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 5, Donjon|Donjon]].
 
Les tours et donjon du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] sont garnis, dans leur partie
supérieure, de corbeaux saillants en pierre destinés à recevoir des hourds
en bois (voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Hourd|Hourd]]). À la fin du XIV<sup>e</sup> siècle, la grand'salle et les bâtiments
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de capituler. Le cardinal Mazarin fit immédiatement démanteler les
fortifications. Le sieur Métezeau, fils de l'ingénieur qui construisit la
digue de la Rochelle, fut celui que le cardinal envoya à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] pour
consommer cette œuvre de destruction. Au moyen de la mine, il fit sauter
la partie antérieure de la chemise du donjon et la plupart de celles des
autres tours, incendia les bâtiments du château et le rendit inhabitable.
Depuis lors, les habitants de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], jusqu'à ces derniers temps, ne cessèrent
de prendre dans l'enceinte du château les pierres dont ils avaient
besoin pour la construction de leurs maisons, et cette longue destruction
compléta l'œuvre de Mazarin. Cependant, malgré ces causes de ruine, la
masse du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] est encore debout et est restée une des plus
imposantes merveilles de l'époque féodale<span id="note52"></span>[[#footnote52|<sup>52</sup>]]. Si on eût laissé au temps
seul la tâche de dégrader la résidence seigneuriale des sires de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]],
nous verrions encore aujourd'hui ces énormes constructions dans toute
leur splendeur primitive, car les matériaux, d'une excellente qualité,
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Autant qu'on peut le reconnaître dans la situation actuelle, le château
de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] est traversé dans ses fondations par de nombreux et vastes
souterrains, qui semblent avoir été systématiquement disposés pour établir
des communications cachées entre tous les points de la défense intérieure
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décombres<span id="note54"></span>[[#footnote54|<sup>54</sup>]].
 
Nous donnons (17) le plan du premier étage du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]]. On
voit en A les logis placés au-dessus de la porte d'entrée, en B le donjon
avec sa chemise. On trouvera, à l'article [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 5, Donjon|Donjon]], la description de cette
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féodales, de rudes qu'elles étaient, devinrent au contraire, vers la fin du
XIV<sup>e</sup> siècle, élégantes et raffinées, ce donjon dut paraître fort triste, sombre
et incommode; les seigneurs de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] bâtirent alors ces élégantes
constructions ouvertes sur la campagne, en les fortifiant suivant la méthode
de cette époque. Le donjon et sa chemise, les quatre tours d'angle, la
partie inférieure des courtines, les soubassements de la grand'salle, le
rez-de-chaussée de l'entrée et la chapelle, ainsi que toute l'enceinte de la
basse-cour, appartiennent à la construction primitive du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]]
sous Enguerrand III.
</div>
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les ressources qu'ils présentaient, et qu'elle mît quelque soin de se garder.
Une vue cavalière (18), prise du côté de la basse-cour, fera comprendre
les dispositions intérieures et extérieures du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]]<span id="note55"></span>[[#footnote55|<sup>55</sup>]].
</div>
[[Image:Chateau.Coucy.png|center]]
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s'entourer d'un pareil nombre de gens d'armes, et pour leur fournir des
munitions et des vivres pendant un siége d'un an, pouvait défier toutes les
armées de son siècle. Or, le sire de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] n'était pas le seul vassal du roi de
France dont la puissance fut à redouter. Les rudes travaux du règne de
Philippe-Auguste avaient non-seulement donné un vif éclat à la couronne
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dans son organisation par le pouvoir royal, n'était plus en situation d'inspirer
des craintes sérieuses à la monarchie, ni assez riche et indépendante
pour élever des forteresses comme celle de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]]. D'ailleurs, à cette
époque, aucun seigneur ne pouvait construire ni même augmenter et
fortifier de nouveau un château, sans en avoir préalablement obtenu la
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pourvues d'habitations. Ces caractères bien tranchés sont faciles à
saisir; ils ont une grande importance au point de vue architectonique, et
le château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], tel qu'il devait exister avant les reconstructions de la
fin du XIV<sup>e</sup> siècle, sert de transition entre les châteaux de la première et
de la seconde catégorie; ce n'est plus l'enceinte contenant des habitations
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d'offrir à leurs sujets émigrés ainsi qu'à ceux qui menaçaient d'abandonner
leurs domaines les avantages qu'ils trouvaient dans les villes. C'est
ainsi qu'Enguerrand VII, sire de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], en rentrant en France après avoir
été envoyé en Angleterre comme otage de la rançon du roi Jean, se vit
contraint d'accorder à vingt-deux des bourgs et villages qui relevaient de
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dicte terre en est grandement moins valable; et pour icelle servitude
détruire et mettre au néant, ont ou temps passé nos devanciers seigneurs
de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], et par espécial nostre très-chéer et amé père, dont
Diex ait l'âme, esté requis de par les habitans pour le temps en ladicte
terre, en offrant par iceulz certaine revenue perpétuelle... Et depuis
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Si les dispositions défensives du château de Pierrefonds n'ont pas la
grandeur majestueuse de celles du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], elles ne laissent pas
d'être combinées avec un art, un soin et une recherche dans les détails,
qui prouvent à quel degré de perfection étaient arrivées les constructions
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<span id="footnote49">[[#note49|49]] : Il est entendu que nous ne parlons pas ici des reconstructions entreprises et terminées à la fin du XIV<sup>e</sup> siècle.
 
<span id="footnote50">[[#note50|50]] : Voyez, pour l'assiette du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], à l'article [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Architecture militaire|Architecture Militaire]], fig.20.
 
<span id="footnote51">[[#note51|51]] : Cette porte pouvait aussi être défendue, mais beaucoup plus faiblement, contre la baille, dans le cas où celle-ci eût été prise avant la ville.
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ordres pour que ces restes puissent être conservés et pour que des fouilles soient
entreprises. Ces travaux, commencés sous la surveillance de la Commission des
monuments historiques, sauveront d'une ruine totale le château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], et permettront
de retrouver des dispositions anciennes d'un grand intérêt pour l'histoire de
l'art de la fortification au moyen âge.
 
<span id="footnote53">[[#note53|53]] : Les peintures, en grand nombre, que l'on trouve encore dans les intérieurs des
tours du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], sont d'un grand intérêt, et nous aurons occasion d'en
parler dans l'article [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 7, Peinture |Peinture ]].
 
<span id="footnote54">[[#note54|54]] : Nous espérons bientôt reconnaître et dégager l'ensemble des souterrains de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] et pouvoir dire le dernier mot sur cette partie si peu connue de l'art de la
fortification au XIII<sup>e</sup> siècle.
 
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du donjon et de la tour de droite, une portion de hourds posés.
 
<span id="footnote56">[[#note56|56]] : Cette vue de l'intérieur de la cour du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] est supposée prise à
côté de la chapelle regardant l'entrée. À droite, on voit se dresser le donjon avec sa
poterne et son pont à bascule; au troisième plan est la porte principale et la chemise;
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<span id="footnote68">[[#note68|68]] : Il y a encore ici exagération de la part de Guillaume de Lorris; le donjon du
Louvre n'avait que vingt mètres de diamètre environ sur trente mètres de haut; le
donjon de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] est bien autrement important, son diamètre étant de trente-un
mètres et sa hauteur de soixante-cinq environ; cependant le donjon de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] devait
être élevé lorsque notre poëte écrivait son roman. Il est certain que ce donjon ne fut
bâti qu'après celui de Philippe-Auguste. L'orgueilleux châtelain de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], faisant
dresser à la hâte les murs de son château, dans l'espoir de mettre la couronne de
France sur sa tête, voulut-il faire plus et mieux que le suzerain auquel il prétendait
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<span id="footnote98">[[#note98|98]] : On faisait une distinction entre les <i>bailles</i> et les <i>lices</i>, les premières étaient,
comme nous l'avons vu au château d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Arques|Arques]], une encloserie extérieure, une basse-cour,
comme encore au château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]]; les lices étaient les espaces laissés entre
deux enceintes à peu près parallèles, entre les murs du château et les palissades extérieures.
 
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pouvoir épouser une femme de condition libre ou une serve d'un autre seigneur.
 
<span id="footnote113">[[#note113|113]] : <i>Hist. de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy-le-Château]]</i>, par Melleville; Laon, 1848.
 
<span id="footnote114">[[#note114|114]] : <i>Le Quadrilogue invectif</i>, édit. de 1617, p. 447.