« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Construction -- Développement » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
mAucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 26 :
les voûtes; quant aux cloisons, elles ne portent rien, elles ne sont qu'une
fermeture. À l'extérieur, la construction ne consiste qu'en des contre-forts.
 
[[Image:Abside.Notre.Dame.Dijon.png|center]]
 
La fig. 75 donne une vue perspective de cette abside; étant dépourvue
de bas-côtés, les contre-forts contre-buttent directement la voûte
Ligne 36 ⟶ 39 :
des corniches ou bandeaux. Ce n'est évidemment là qu'une enveloppe
solide, un abri. Entrons maintenant dans l'église de Notre-Dame de
 
[Illustration: Fig. 75.]
 
Dijon. Autant l'extérieur est simple, solide, couvert, abrité, autant l'intérieur présente des dispositions légères, élégantes. Ce monument était et
est encore bâti dans un quartier populeux, entouré de rues étroites;
l'architecte a pensé qu'il devait tout sacrifier à l'effet intérieur.
[[Image:Interieur.abside.Notre.Dame.Dijon.png|center]]
 
On reconnaît d'ailleurs qu'il a dû être limité dans ses dépenses, éviter les frais
inutiles. Il ne prodigue pas les matériaux, il n'a pas voulu poser une
Ligne 85 ⟶ 88 :
courte que celle du bas, car le monument s'élève et les mouvements qui
se produiraient auraient plus de gravité; F seconde assise de liaison du
[Illustration: Fig. 76.]
 
dedans avec le dehors; G sommiers; H simples fermetures qui n'ont rien
 
[Illustration: Fig. 77.]
 
à porter et ne servent qu'à clore l'édifice; I buttée là seulement où la
poussée de l'arc agit. Rien de trop, mais tout ce qui est nécessaire,
Ligne 108 ⟶ 105 :
largeur de ce collatéral, alors les piles verticales doivent avoir plus
d'assiette, car elles portent réellement le poids des voûtes.
 
[[Image:Coupe.abside.Notre.Dame.Dijon.png|center]]
 
La nef de la même église de Notre-Dame de Dijon est voûtée suivant la
Ligne 127 ⟶ 126 :
général présenté, examinons maintenant avec soin la structure de cette
nef.
[[Image:Nef.Notre.Dame.Dijon.png|center]]
 
Nous l'avons dit déjà, l'architecte de l'église de Notre-Dame de Dijon
Ligne 138 ⟶ 139 :
chaperon en B, et il aurait avancé le devant du contre-fort en C de
manière à ce que la ligne oblique des poussées ne dépassât pas le point G.
 
[[Image:Arc.boutant.Notre.Dame.Dijon.png|center]]
 
Mais il ne peut sortir de la limite I: la largeur réservée à la voie publique
ne le lui permet pas; d'un autre côté, il ne peut, à l'intérieur, dépasser
[Illustration: Fig. 78.]
 
le point K, qui est à l'aplomb de la pile engagée intérieure L, sous peine
 
[Illustration: Fig. 79.]
 
d'avoir un porte-à-faux et de briser l'arc doubleau M, dont il est important
de conserver la courbure; car si un poids trop considérable agit sur les
Ligne 166 ⟶ 164 :
plus que l'arc-boutant qui agit lui-même sur la pile K, d'autant qu'il est
 
[[Image:Arc.boutant.Notre.Dame.Dijon.2.png|center]]
[Illustration: Fig. 79 bis.]
 
chargé en A. Si donc cet arc devait se déformer, ce serait suivant le tracé
Ligne 199 ⟶ 197 :
linteau est juste posé au niveau de l'action de la poussée de la grande
voûte.
 
[[Image:Detail.Notre.Dame.Dijon.png|center]]
 
Disséquons cette construction pièce à pièce (80). Nous voyons en A la
Ligne 219 :
en délit des formerets. En N le sommier des grandes voûtes dont le lit
supérieur est horizontal, et qui porte les naissances des deux arcs ogives
 
[Illustration: Fig. 80.]
 
et de l'arc doubleau. En O le second sommier portant les deux arcs ogives
et l'arc doubleau, le lit supérieur de celui-ci étant déjà normal à la courbe,
Ligne 240 ⟶ 237 :
de ce linteau, l'intervalle entre la pile S et la voûte est plein (voy. la vue
intérieure, fig. 78).
[[Image:Chapiteau.Notre.Dame.Dijon.png|center]]
 
Si nous examinons la coupe fig. 79 bis, nous voyons que le contre-fort
Ligne 269 ⟶ 268 :
verticalement les voûtes contre-buttées; le contre-fort L ne porte presque
rien, car la tête de l'arc-boutant ne le charge pas (voy. fig. 79 bis), il ne
[Illustration: Fig. 81.]
 
fait qu'équilibrer la bâtisse. Donc les pierres KIH, étant chargées à la
queue en K'I'H', ne peuvent basculer; donc le contre-fort est soutenu.
Ligne 329 ⟶ 325 :
donnant ainsi une grande puissance de résistance et d'assiette
aux naissances des voûtes hautes, évitant des culées énormes pour contre-butter
[Illustration: Fig. 82.]
 
[Illustration: Fig. 82 bis.]
 
[Illustration: Fig. 82 ter.]
 
les arcs-boutants, et détruisant par son équilibre et sa pression
sur deux points distants l'effet de poussée des voûtes des bas-côtés.
[[Image:Etude.colonne.fonte.png|center]]
 
En vérité, tout ceci peut paraître compliqué, subtil, cherché; mais on
Ligne 416 ⟶ 407 :
romanes du plan qu'on ne voulait pas changer, ont été résolues de la
manière la plus ingénieuse.
[[Image:Detail.plan.cathedrale.Saint.Etienne.Auxerre.png|center]]
 
Nous donnons (83) la moitié du plan de la chapelle absidale placée sous
Ligne 435 ⟶ 428 :
Châlons-sur-Marne
s'était posé, mais sur une échelle beaucoup plus grande et avec des points
[Illustration: Fig. 83.]
 
d'appui incomparablement plus grêles. Plaçons-nous un instant dans le
bas-côté, et regardons le sommet de la colonne S, dont le diamètre, ainsi
Ligne 450 ⟶ 440 :
de la chapelle), d'un diamètre plus grand, s'éloigne plutôt de la verticale,
 
[[Image:Colonne.cathedrale.Saint.Etienne.Auxerre.png|center]]
[Illustration: Fig. 84.]
 
et se compose, à partir du lit B, de claveaux indépendants. Les colonnettes
 
[Illustration: Fig. 85.]
 
F des arcs doubleaux d'entrée de la chapelle sont monolithes et étayent
ces sommiers, les roidissent et s'appuient fermement sur deux faces du
Ligne 480 ⟶ 467 :
comme base, exactement égaux sous clef pour fermer les triangles des
voûtes au meme niveau.
 
[[Image:Plan.depart.voute.cathedrale.Saint.Etienne.Auxerre.png|center]]
 
Si les voûtes de la chapelle de la Vierge et du collatéral de la cathédrale
Ligne 490 ⟶ 479 :
et il a pris un moyen terme entre le système champenois et le
système bourguignon.
 
[[Image:Plan.abside.eglise.Rieux.png|center]]
 
Le système champenois consiste bien à isoler le formeret du mur, mais
Ligne 525 ⟶ 516 :
de vingt ans au moins à l'abside de Rieux; elle est développée dans la
cathédrale de Reims, dans les voûtes des chapelles et du grand vaisseau
(voy. <sc>CATHÉDRALE</sc>, fig. 14, <sc>CHAPELLE</sc>, fig. 36).
 
[[Image:Interieur.abside.eglise.Rieux.png|center]]
[Illustration: Fig. 86.]
 
Revenons maintenant à la cathédrale d'Auxerre; examinons le parti
 
[Illustration: Fig. 87.]
 
que son architecte a su tirer des deux méthodes bourguignonne et
champenoise.
 
[[Image:Choeur.cathedrale.Auxerre.png|center]]
[Illustration: Fig. 88.]
 
Voici (88) une vue de l'intérieur du haut chœur; nous avons
Ligne 573 ⟶ 561 :
bien abrités par les saillies du chaperon.
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Auxerre.png|center]]
[Illustration: Fig. 89.]
 
Laissons un instant les provinces
Ligne 753 ⟶ 741 :
suffisante pour résister à la pression des parties supérieures, et, autant
 
[[Image:Construction.tour.gothique.png|center]]
[Illustration: Fig. 90.]
 
[Illustration: Fig. 90 bis.]
 
pour diminuer cette pression que pour ne pas empiler des matériaux
Ligne 816 ⟶ 802 :
intérieur, puisqu'il est moins chargé, remplit l'office de l'étayement
que nous avons indiqué dans la fig. 90 bis.
[[Image:Construction.tour.gothique.2.png|center]]
 
Aujourd'hui que nous n'élevons plus de ces constructions colossales et
composées de parties très-diverses, nous ne soupçonnons guère les effets
[Illustration: Fig. 91.]
 
[Illustration: Fig. 91 bis.]
 
qui se manifestent dans des circonstances pareilles, et nous sommes fort
étonnés quand nous les voyons se produire en causant les plus sérieux
Ligne 922 ⟶ 905 :
oubli des principes les plus simples chez des artistes procédant toujours
par le raisonnement.
 
[[Image:Plan.collateraux.cathedrale.Paris.png|center]]
 
Cependant, voici qui nous prouve qu'il ne faut jamais se presser de
Ligne 968 ⟶ 953 :
vient peser sur la culée de ces arcs-boutants. Donc il était raisonnable de
donner aux piliers destinés à porter les piles sur lesquelles reposaient les
 
[Illustration: Fig. 92.]
 
arcs-boutants, ou tout au moins des arcs-boutants plus puissants que les
autres, une plus grande résistance. Mais l'architecte eût-il donné un
Ligne 996 ⟶ 978 :
(voy. fig. 92).
 
[[Image:Colonne.cathedrale.Paris.png|center]]
[Illustration: Fig. 93.]
 
La méthode consistant à employer les
Ligne 1 013 ⟶ 995 :
certaines pierres d'une excellente
qualité.
 
[[Image:Chapiteau.cathedrale.Amiens.png|center]]
 
Voyons d'autres applications mieux raisonnées encore de ces principes.
Ligne 1 021 ⟶ 1 005 :
du sanctuaire de Notre-Dame d'Amiens. Ces piles donnent en plan une
grosse colonne cylindrique ayant 1<sup>m</sup>,20 de diamètre, cantonnée de quatre
 
[Illustration: Fig. 94.]
 
colonnes, dont trois d'un diamètre de 0,45 c. et une d'un diamètre de
0,35 c. Ces quatre co1onnes ne sont engagées que d'un quart dans le
cylindre central. Les tailloirs des chapiteaux sont tracés pour recevoir
exactement les arcs des voûtes, ainsi qu'il apparaît dans la fig. 94, et les
profils de ces arcs sont eux-mêmes taillés en raison de leurs fonctions.
 
[[Image:Coupe.colonne.cathedrale.Amiens.png|center]]
[Illustration: Fig. 95.]
 
profils de ces arcs sont eux-mêmes taillés en raison de leurs fonctions.
Les archivoltes A sont composées d'un double rang de claveaux; elles
portent le mur. Les arcs doubleaux B des bas-côtés, qui ne soutiennent