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dans des contrées du monde sauvages et nouvelles
dans des contrées du monde sauvages et intactes et, avant tout, pour devenir maître de moi-même; changer de lieu de résidence, tant qu'il restera pour moi une menace quelconque d'esclavage; ne pas éviter l'aventure et la guerre et, pour les pires hasards, me tenir prêt à la mort : pourvu que cette inconvenante servilité ne se prolonge pas, pourvu que cesse cette tendance à s'aigrir, à devenir venimeux, conspirateur! » Voici l'état d'esprit qu'il conviendrait d'avoir : les travailleurs en Europe devraient dorénavant se considérer comme une véritable impossibilité en tant que classe, et non pas comme quelque chose de durement conditionné et d'improprement organisé; ils devraient susciter un âge de grand essaimage hors de la ruche européenne, tel que l'on n'en a pas encore vu jusqu'ici, et protester par cet acte de liberté d'établissement, un acte de grand style, contre la machine, le capital et l'alternative qui les menace maintenant : devoir être soit l'esclave de l'État, soit l'esclave d'un parti révolutionnaire. Que l'Europe s'allège du quart de ses habitants! Ce sera là un allègement pour elle et pour eux. Ce n'est que dans les entreprises lointaines des colons, qui émigreront en essaims, que l'on reconnaîtra combien de bon sens et d'équité, combien de saine méfiance la mère Europe a inculqué à ses fils, - à ces fils qui ne pouvaient plus supporter de vivre à côté d'elle, la vieille femme hébétée, et qui couraient le danger de devenir moroses, irritables et jouisseurs tout comme elle. En dehors de l'Europe ce seraient les vertus de l'Europe qui voyageraient avec ces travailleurs et ce
et, avant tout, pour devenir maître de moi-même ;
changer de lieu de résidence, tant qu’il restera pour
moi une menace quelconque d’esclavage ; ne pas
éviter l’aventure et la guerre et, pour les pires
hasards, me tenir prêt à la mort : pourvu que cette
inconvenante servilité ne se prolonge pas, pourvu
que cesse cette tendance à s’aigrir, à devenir
venimeux, conspirateur ! » Voici quel serait le véritable
sentiment : les travailleurs en Europe devraient
dorénavant se considérer comme une véritable
impossibilité ''en tant que classe'', et non pas comme
quelque chose de durement conditionné et
d’improprement organisé ; ils devraient susciter un âge de
grand essaimage hors de la ruche européenne, tel
que l’on n’en a pas encore vu jusqu’ici, et protester
par cet acte de liberté d’établissement, un acte de
grand style, contre la machine, le capital et
l’alternative qui les menace maintenant : ''devoir'' être
soit l’esclave de l’État, soit l’esclave d’un parti
révolutionnaire. Que l’Europe s’allège du quart de
ses habitants ! Ce sera là un allègement pour elle
et pour eux. Ce n’est que dans les entreprises
lointaines des colons, qui émigreront en essaims, que
l’on reconnaîtra combien de bon sens et d’équité,
combien de saine méfiance la mère Europe a
incorporé à ses fils, — à ces fils qui ne pouvaient plus
supporter de vivre à côté d’elle, la vieille femme
hébétée, et qui couraient le danger de devenir
moroses, irritables et jouisseurs tout comme elle.
En dehors de l’Europe ce seraient les vertus de
l’Europe qui voyageraient avec ces travailleurs et ce