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on pouvait, — par exemple avec la légèreté d’Horace. D’autres cherchèrent d’autres consolations contre la fatigue qui frisait le désespoir, contre la conscience mortelle que dès lors tous mouvements de la pensée et du coeur seraient sans espoir, que partout guettait la grosse araignée qui boirait impitoyablement tout le sang qui pouvait encore couler. — Cette haine muette du spectateur fatigué, longue d’un siècle, cette haine contre Rome partout où dominait Rome, finit par se décharger dans le christianisme qui résuma Rome, le « monde » et le « péché », dans un seul sentiment; on se vengea de Rome en imaginant la fin du monde prochaine et soudaine, on se vengea de Rome en introduisant de nouveau un avenir — Rome avait su tout transformer en histoire de son passé et de son présent — un avenir avec lequel Rome ne supporterait pas la comparaison; on se vengea de Rome en rêvant du Jugement dernier, — et le juif crucifié, symbole du salut, apparaissait comme la plus profonde dérision, en face des superbes préteurs des provinces romaines, car dès lors ils apparurent comme les symboles de la perdition et du « monde » mûr pour sa chute. |
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d’Horace. D’autres cherchèrent d’autres consolations |
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{{sc|L’« outre-tombe »}}. — Le christianisme trouva la conception des peines infernales dans tout l’Empire romain : les nombreux cultes mystiques avaient couvé cette idée avec une complaisance toute particulière, comme si c’était là l’oeuf le plus fécond de |
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conscience mortelle que dès lors tous mouvements |
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de la pensée et du cœur seraient sans espoir, que |
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partout guettait la grosse araignée qui boirait |
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— Cette haine muette du spectateur fatigué, longue |
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