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{{sc|Tout esprit finit par devenir réellement visible}}. — Le christianisme s’est assimilé tout l’esprit d’un nombre incalculable d’individus qui avaient besoin d’assujettissement, de tous ces subtils ou grossiers enthousiastes de l’humiliation et de la dévotion. Il s’est ainsi débarrassé de lourdeur campagnarde — à quoi l’on pense par exemple vivement en voyant la première image de l’apôtre Pierre — pour devenir une religion très spirituelle, avec un visage marqué de mille rides, de faux-fuyants et d’arrière-pensées ; il a donné de l’esprit à l’humanité européenne, et rie s’est pas contenté de la rendre astucieuse au point de vue théologique. Dans cet esprit, allié à la puissance et très souvent à la profonde conviction et à la loyauté de l’abnégation, il a façonné les individualités les plus subtiles qu’il y ait jamais eu dans la société humaine : les figures du plus haut clergé catholique, surtout lorsque celles-ci tiraient leur origine d’une famille noble et apportaient, dès l’origine, la grâce innée des gestes, la force dominatrice du regard, de belles mains et des pieds fins. Là le visage humain atteint cette spiritualisation que produit le flot continuel de deux espèces de bonheur (le sentiment de puissance et le sentiment de soumission), une fois qu’un style de vie très concerté a dompté l’animal dans l’homme ; là une activité qui consiste à bénir, à pardonner les {{tiret|pé|chés}} |
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visible}}. — Le christianisme s’est assimilé tout |
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l’esprit d’un nombre incalculable d’individus qui |
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avaient besoin d’assujettissement, de tous ces |
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de la dévotion. Il s’est ainsi débarrassé de |
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lourdeur campagnarde — à quoi l’on pense par |
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exemple vivement en voyant la première image de |
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l’apôtre Paul — pour devenir une religion très |
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à l’humanité en Europe, et ne s’est pas contenté |
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