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{{tiret2|le|quel}} Hegel aida naguère à la victoire de l’esprit allemand sur l’Europe — « la contradiction est le moteur du monde, toutes choses se contredisent elles-mêmes » — : car nous sommes, jusqu’en logique, des pessimistes.
{{tiret2|le|quel}} Hegel aida naguère à la victoire de l’esprit
allemand sur l’Europe — « la contradiction est le
moteur du monde, toutes choses se contredisent
elles-mêmes » — : car nous sommes, jusque dans
la logique, des pessimistes.


== 4. ==
== 4. ==


Mais ce ne sont pas les jugements ''logiques'' qui
Mais ce ne sont pas les jugements ''logiques'' qui sont les plus inférieurs et les plus fondamentaux, vers quoi puisse descendre la bravoure de notre suspicion : la confiance en la raison qui est inséparable de la validité de ces jugements, en tant que confiance, est un phénomène ''moral''... Peut-être le pessimiste allemand a-t-il encore à faire son dernier pas ? Peut-être lui faudra-t-il, encore une fois, d’une façon terrible, mettre l’un en face de l’autre son ''credo'' et son ''absurdum ?'' Et si ce livre, jusque dans la morale, jusque par-delà la confiance en la morale, est un livre pessimiste, — ne serait-il pas, par cela même, un livre allemand ? Car il représente en effet une contradiction et ne craint pas cette contradiction : on s’y dédit de la confiance en la morale — pourquoi donc ? ''Par moralité !'' Ou bien comment devons-nous appeler ce qui se passe dans ce livre, ce qui se passe ''en nous ?'' — car nous préférerions à notre goût des expressions plus modestes. Mais il n’y a aucun doute, à nous aussi parle un « tu dois », nous aussi nous obéissons à une loi sévère au-dessus de nous, — et c’est là la dernière morale qui se rende encore intelligible pour nous, la dernière morale que, nous aussi, nous
sont les plus inférieurs et les plus fondamentaux, vers
quoi puisse descendre la bravoure de notre
suspicion : la confiance en la raison qui est inséparable
de la validité de ces jugements, en tant que confiance,
est un phénomène ''moral''... Peut-être le pessimiste
allemand a-t-il encore à faire son dernier pas ?
Peut-être lui faudra-t-il, encore une fois, d’une façon
terrible, mettre l’un en face de l’autre son ''credo'' et
son ''absurdum ?'' Et si ce livre, jusque dans la
morale, jusque par-delà la confiance en la morale, est
un livre pessimiste, — ne serait-il pas, par cela
même, un livre allemand ? Car il représente en effet
une contradiction et ne craint pas cette
contradiction : on s’y dédit de la confiance en la morale —
pourquoi donc ? ''Par moralité !'' Ou bien comment
devons-nous appeler ce qui se passe dans ce
livre, ce qui se passe ''en nous ?'' — car nous
préférerions à notre goût des expressions plus
modestes. Mais il n’y a aucun doute, à nous aussi parle un
« tu dois », nous aussi nous obéissons à une
loi sévère au-dessus de nous, — et c’est là la
dernière morale qui se rende encore intelligible
pour nous, la dernière morale que, nous aussi, nous